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La Izquierda Diario
21 de janvier de 2021 Twitter Faceboock

Seule la lutte paie
Retraite, chômage... Castex veut relancer le « dialogue social » mais il n’y a rien à négocier !
Anna Ky

Les grands chantiers de réformes antisociales devraient reprendre à l’aune du dialogue social réactivé par le premier ministre ce jeudi. En pleine crise sanitaire et économique, il faut refuser toute négociation sur le dos de nos acquis sociaux.

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Crédit photo : AFP

Jeudi 21 janvier, le gouvernement relançait le processus de concertation avec les « partenaires sociaux » : organisations patronales et syndicales sont reçues dans les prochains jours pour évoquer tour à tour les mesures mises en place au cours de la crise sanitaire et économique (chômage partiel, télétravail, dérogations au couvre-feu...) et les grands chantiers de la Macronie qui s’approche de la fin de son mandat présidentiel. En autres points à l’ordre du jour, les réformes de l’assurance-chômage et du système de retraite.
 
La confédération des PME, reçue ce jeudi, affirme avoir rencontré un premier ministre à l’écoute quand il s’agit d’offrir un soutien financier au patronat et assouplir la législation encadrant le travail le dimanche en période de couvre-feu. Concernant l’assurance-chômage, la CPME défend sa ligne sur son site, à l’issue de ces négociations : « le bonus-malus, la dégressivité, le calcul du salaire journalier de référence et les modalités d’ouverture et de rechargement des droits. La question de la gouvernance de l’assurance-chômage, et donc de l’Unédic pourrait être mise sur la table. »
 
Laurent Berger, patron de la CFDT sera quant-à-lui reçu ce vendredi, tandis que d’autres rendez-vous seront programmés la semaine prochaine. FO devrait être reçu le 29 janvier et la CGT le 2 février, selon Ouest France. L’objectif de ces concertations : organiser la troisième « conférence du dialogue social » depuis que Jean Castex a été nommé premier ministre. 
 
Pour le gouvernement, l’enjeu est de taille. En effet, si la crise est venue bousculer considérablement le calendrier des réformes, les chantiers en cours sont potentiellement explosifs : la grève massive, notamment dans les transports, avait déjà fait vaciller la macronie sur sa réforme des retraites avant le premier confinement, repoussée à une date ultérieure et non fixée. D’autre part, la très contestée réforme de l’assurance-chômage a été annoncée pour avril 2021. Pour le gouvernement, cette nouvelle année marque la dernière année pleine au gouvernement, avant les présidentielles de 2022. En ce sens, l’objectif est d’avancer sur ces réformes anti-sociales dans un contexte où l’immense majorité de la population, les travailleurs et la jeunesse, ont déjà vu leurs conditions de vie et de travail fortement dégradées par les conséquences de la gestion désastreuse de la crise. C’est donc à un exercice d’équilibriste que se livre le premier ministre, en donnant une apparence de dialogue et d’ouverture avec les organisations qu’il reçoit, pour mieux faire passer les attaques antisociales voulues par le gouvernement.
 
Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, l’a d’ailleurs affirmé clairement : « Oui, il faut une réforme des retraites expliquait-il sur la chaîne Première mercredi. Dès que les difficultés économiques seront derrière nous, qu’on aura commencé à retrouver de la croissance, le moment sera venu de régler un certain nombre de difficultés structurelles du modèle français, dont les retraites ».
 
Le gouvernement profite donc de la passivité des directions syndicales dans la période pour essayer de faire avancer son rouleau-compresseur de réformes contre les plus précaires. En effet, les organisations sensées représenter les intérêts des travailleurs restent l’arme au pied dans un contexte où les travailleurs et la jeunesse ont tout à gagner à se mobiliser autour d’un plan de bataille commun contre Macron et sa gestion désastreuse de la crise et à refuser toute négociation. 
 
C’est pourtant la voie du dialogue avec le gouvernement, bien plus que celle de lutte d’ensemble contre les réformes, que semblent privilégier Philippe Martinez et Yves Veyrier. Le numéro un de la CGT a véhiculé un grand nombre d’illusions sur les possibilités ouverte par ce semblant de dialogue social : « il était temps, puisqu’on parle beaucoup de concertation. Il ne faut pas que ce soit que des mots » a-t-il déclaré sur Sud Radio ce jeudi, à propos de sa rencontre avec Jean Castex planifiée le 2 février.

Les directions syndicales s’apprêtent donc à aller négocier le passage de réformes qui ont été pourtant combattue sur le terrain pendant des mois par les travailleurs. Aider le gouvernement à préparer le passage de réformes antisociales en pleine période de crise, ne sert pourtant que son propre agenda politique et celui des grandes entreprises.

Par ailleurs, on l’a bien vu sur le terrain de la bataille contre les licenciements et suppressions de postes : les négociations individuelles ne permettent pas d’assurer le rapport de force pour empêcher le désastre social. Face à un gouvernement qui sert les intérêts des entreprises en leur offrant des milliards sans aucune contreparties, il faut imposer le retrait des attaques par la lutte. Comme le font les travailleurs de Grandpuits par exemple, mais aussi les travailleurs qui ont répondu à l’appel de la CGT TUI, contre les licenciements. Une date à laquelle se sont ralliés plusieurs syndicats CGT et qui réunit notamment les grévistes de la raffinerie Grandpuits, les ouvriers de l’industrie automobile de SKF ou encore ceux du géant pharmaceutique Sanofi. Mais la confédération a refusé d’appeler à cette date en dépit de la volonté clairement exprimée à la base de riposter collectivement. 

Cette date du 23 janvier, contre les licenciements, pourrait être un point de départ pour une riposte d’ensemble face aux attaques du gouvernement, il n’y a rien à négocier à Matignon ! C’est ce qu’exprimait Adrien Cornet, délégué CGT à Grandpuits, à propos de l’appel du 23 contre les licenciements : « actuellement il y a 700 plans sociaux en France, les travailleurs doivent prendre conscience qu’ils ont le rapport de forces parce qu’ils ont l’outil de travail entre les mains et le meilleur outil c’est la grève ! Ce matin il y avait des piquets à Avallon chez SKF, à Lattes chez Schneider Electric, et tous ces secteurs en lutte doivent s’unir. C’est pour ça qu’on a répondu à l’appel des TUI, et qu’il faut construire une coordination des boîtes en lutte ! ».

 
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