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La Izquierda Diario
12 de mars de 2021 Twitter Faceboock

Edito
AstraZeneca : Une polémique due à l’irrationalité capitaliste. Levée immédiate des brevets !
Julian Vadis

La polémique autour du vaccin AstraZeneca ne cesse d’enfler, alors que plusieurs pays ont suspendu ou retardé l’administration de ce produit, tandis que d’autres, dont la France, poursuivent les vaccinations. En fond, c’est bien l’irrationalité capitaliste qui est responsable de cette situation chaotique : une transparence totale et la levée des brevets est ainsi indispensable.

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Crédits photo : JUSTIN TALLIS / AFP

Après la Norvège, le Danemark et l’Islande ce jeudi, la Bulgarie et la Thaïlande ont respectivement suspendu et retarder la vaccination à l’AstraZeneca ce vendredi. Un principe de précaution, alors que la polémique enfle autour des effets secondaires de ce vaccin, notamment sur de potentiels problèmes de coagulation sanguine.

Ces cinq pays s’ajoute donc à une liste qui s’allonge, après que l’Autriche, l’Estonie, la Lituanie, le Luxembourg, la Lettonie, la Roumanie et l’Italie aient suspendu des vaccins issus du lot ABV 5300, pour des raisons similaires. Selon l’Agence européenne des médicaments, ce lot a également été distribué à Chypre, en Espagne, en France, en Grèce, en Irlande, à Malte, aux Pays-Bas, en Pologne et en Suède. Une information contradictoire avec les propos d’Olivier Véran, qui a assuré que ce lot n’était pas utilisé en France.

Dans le même temps, le comité d’évaluation des risques en pharmacovigilance de l’Agence européenne des médicaments a recommandé une mise à jour des informations sur le produit pour inclure l’anaphylaxie et l’hypersensibilité, deux réactions allergiques ayant des effets secondaires « avec une fréquence inconnue ».

Cependant, cette ligne de « principe de précaution » ne fait pas l’unanimité, et c’est plutôt une discordance des discours des Etats et organismes qui prévaut. Ainsi, l’OMS a déclaré, ce vendredi, qu’il « n’y a pas de raison de ne pas utiliser » le vaccin AstraZeneca. Une série de pays, dont la France, ont également annoncé la poursuite de la vaccination par le biais de ce produit, estimant, comme l’a expliqué Olivier Véran, que « le bénéfice apporté par la vaccination est jugé supérieur au risque à ce stade » lors de sa conférence de presse de ce jeudi.

« Vent de panique » et « rassurisme » : les deux écueils des États capitalistes traduisent l’irrationalité des politiques sanitaires

Le fait objectif, c’est que les doutes autour du vaccin AstraZeneca sont réels et ne peuvent être balayé d’un revers de la main sans qu’il n’y ai, à cette heure, de preuve sérieuse d’un danger majeur sur la santé. De ce point de vue, ce sont deux écueils, qui répondent plus à des logiques politiques que sanitaires, qui expliquent les prises de positions diverses qui s’expriment selon les différents États.

En ce sens, les prises de décisions radicales de suspension ou ajournement temporaire de l’administration des doses d’AstraZeneca témoigne plus d’un « vent de panique » que du strict « principe de précaution ». Alors que la gestion autoritaire de la crise sanitaire a été une norme mondiale, les gouvernements de ces États entendent avant tout se préserver de toute polémique à venir, et ainsi s’afficher comme responsable. Une posture qui masque mal le fait qu’en tout état de cause, de nombreuses doses de ce vaccin ont été commandés, y compris dans ces pays, sans que des études écartent tous les doutes.

A contrario, dans le camp des « rassuristes », le problème se pose à l’exact opposé. Le cas de la France, qui a choisi d’éviter à tout prix de reconfiner en axant sur une stratégie du tout vaccin dont l’AstraZeneca est une pierre angulaire, est particulièrement illustratif.

Comme l’explique fort justement un article du Figaro, « il faut bien mesurer le poids du vaccin AstraZeneca dans la stratégie française. Avec 44 millions de doses (soit 22 millions de personnes vaccinables), le sérum du laboratoire anglo-suédois est la troisième plus grosse précommande de notre pays au début de l’année, tout près du Pfizer (49 millions de doses, 24,5 millions de vaccinables) et du Sanofi-GSK (45 millions de doses, mais qui ne sera pas disponible avant longtemps). Si la France n’a prévu que 24 millions de doses du Moderna et 30 millions de doses du Johnson & Johnson, ceux-ci ont l’avantage de ne nécessiter qu’une seule injection. AstraZeneca pourrait théoriquement permettre - au terme des livraisons - de vacciner un tiers de la population française. Au 10 mars, 919.080 Français avaient reçu au moins une dose, selon les données de Santé Publique France. Ainsi on comprend que suspendre ce vaccin obligerait à ralentir fortement les opérations de vaccination. Et en l’état actuel des tensions de la chaîne logistique, il ne pourrait être dans l’instant remplacé par un autre vaccin. Cela impliquerait donc de laisser partiellement l’épidémie de Covid-19 progresser. Des cas qui auraient pu être évités ne le seraient pas. Il faut donc calculer le bénéfice-risque ».

C’est ainsi que l’on peut comprendre aussi la possibilité envisagée par le gouvernement concernant la situation en Île-de-France, ou des centaines de malades actuellement en réanimation pourraient être transférés dans d’autres régions pour éviter un confinement de ce qui est le poumon économique et politique de l’hexagone.

Chacun de ces deux écueils sont tout autant de sous-produit de l’irrationalité de la politique sanitaire globale des capitalistes. En effet, les différents scénario plausible ayant ouvert la voie aux doutes sur la question du vaccin AstraZeneca touche, entre autre, à la course de vitesse entre les laboratoires pour fournir les premiers vaccins, et donc à la course aux profits en résultant. L’autre piste, notamment concernant le fameux lot suspendu dans divers pays, concernerait les processus de production eux même, avec des possibilités d’une qualité inférieure, la aussi conséquence de la course de vitesse entre les différentes firmes pharmaceutiques. C’est ce qui explique tout autant le « vent de panique » que les discours « rassuristes » et ce alors que, pour l’heure, aucune donnée scientifique concrète ne permet d’affirmer ou d’infirmer les doutes qui entoure ce vaccin.

Pour une transparence totale et la levée des brevets !

La polémique actuelle sur le vaccin AstraZeneca se fonde donc avant tout sur la gestion capitaliste erratique de la crise sanitaire qui sévit depuis maintenant plus d’un an. Une politique mettant au centre les intérêts privés et les questions économiques, qui s’est exprimé sous diverses formes tout autour du globe, et qui a eu pour pendant une répression massive des populations.

Le vaccin AstraZeneca, qui avait déjà mauvaise presse, sortira nécessairement un peu plus écorgné de la polémique actuelle, ce qui pourrait être dramatique si, en définitive, il s’avère que les doutes sont levé dans les semaines à venir.

De ce point de vue, il est indispensable d’exiger une transparence totale, tant sur les procédés scientifiques, médicaux que productif sur la question des vaccins dans leur ensemble, et ce par le biais de commission indépendante de l’État, géré par les travailleurs de la santé et du pharmaceutique, pour permettre une gestion collective et non repressive des stratégies sanitaires.

Une mesure qui nécessite la levée des brevets, mesure permettant de sortir de la logique de concurrence et de course aux profits à laquelle se livre les grands groupes pharmaceutiques, et qui ont conduit non seulement aux doutes actuels, mais également à des épisodes de pénuries de vaccin. Pour ce faire, il est clair qu’il s’agit de revendiquer l’expropriation et la mise sous contrôle des travailleurs de l’ensemble de la branche, pour une politique sanitaire permettant la mise en commun des savoirs sur les vaccins. Des mesures qui ne peuvent être arraché que par la lutte, et qui sont diamétralement opposé à la logique capitaliste irrationnelle qui est aujourd’hui responsable des morts du Covid, de la précarité qui se généralise et de l’ensemble d’une situation situation mondiale catastrophique.

 
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