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27 de septembre de 2021 Twitter Faceboock

Et si 2022 avait le visage de nos luttes ?
Présidentielle 2022 : Anasse Kazib peut-il avoir les 500 parrainages ?
Paul Morao

Depuis cet été, Anasse Kazib et les militants de Révolution Permanente partent à la chasse aux parrainages. Ils racontent ce défi, son enjeu, ses obstacles et appellent à les soutenir.

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« Salut les amis, on est avec Léo depuis la Picardie, Daniela dans l’Eure, Raphaël en Haute-Garonne et Arthur dans les Alpes-Haute Provence ». Sur Instagram, le rendez-vous est devenu un rituel pour Anasse Kazib. Chaque dimanche, le candidat à la Présidentielle 2022 organise sur sa page un live avec les militants qui dans toute la France partent à la recherche de parrainages. Pendant une demi-heure, chaque équipe revient sur sa journée, les maires rencontrés, et brasse la longue liste de défis constituée par cette épreuve.

La candidature de Anasse Kazib face à l’épreuve des 500 parraianges

Car si le cheminot révolutionnaire veut être « sur la ligne de départ » il doit affronter un obstacle anti-démocratique de taille : les fameux parrainages d’élus. En 1962, l’élection au suffrage universel direct du Président de la République est mise en place par De Gaulle. La loi dispose alors que les candidats doivent disposer du parrainage de 100 élus. Dès 1976, pour limiter drastiquement le nombre de candidats, ce seuil passe à 500 dans 30 départements différents et la liste des élus ayant accordé leur parrainage est rendue publique. Une offensive anti-démocratique approfondie en 2016 avec l’obligation pour les élus d’envoyer eux-mêmes leur parrainage au Conseil Constitutionnel, compliquant encore un peu plus le travail des candidats.

Un système qui favorise les pressions sur les 35.000 élus locaux. Léo, militant à Révolution Permanente raconte : « En tant que militants révolutionnaires on cible des maires de petites communes de moins de 500 habitants. Au-delà, les élus sont souvent encartés. Mais même pour ces maires, il y a une très forte pression à ne pas parrainer, et surtout à ne pas parrainer un candidat révolutionnaire. Parmi les motifs avancés, la crainte d’afficher une affinité politique dans des villages où la fonction de maire se veut déconnectée de ces enjeux et le plus rassembleuse possible. » Une pression redoublée dans les villages où la mairie est disputée.

A la crainte de cliver s’ajoutent par ailleurs les pressions politiques. Arthur, chercheur de parrainages dans l’Aisne, raconte : « J’ai rencontré un maire instituteur, syndicaliste, qui apprécie la candidature d’Anasse mais qui nous a expliqué : ‘’moi je veux réparer la départementale qui passe devant ma commune, si je parraine un autre candidat que Xavier Bertrand le conseiller régional et le conseiller départemental qui sont dans sa poche ne vont peut-être pas me financer’’. »

Par-delà ces difficultés, les militants et soutiens d’Anasse Kazib s’étonnent d’un accueil souvent favorable, très loin des clichés entretenus par les médias et la classe politique. « Avant de partir on avait forcément quelques craintes car il y a cette idée d’une ruralité fondamentalement raciste, d’une « France périphérique » qui détesterait les banlieues et les Arabes. On se demandait donc comment réagiraient les maires à un candidat issu de l’immigration maghrébine. Au final, les refus au nom du racisme sont clairement marginaux et on partage souvent avec les maires des problématiques communes : nécessité d’investir dans la santé et l’éducation, faiblesse des salaires, etc… » raconte ainsi Yassine, conducteur de bus à la RATP. Un constat sur lequel était d’ailleurs revenu Anasse Kazib sur le plateau de TPMP face à un maire pro-Zemmour.

Si de nombreux maires peuvent avoir de la sympathie pour Anasse Kazib, connu pour ses passages médiatiques face au ministre des Transports pendant la réforme des retraites ou aux Grandes gueules de RMC, aller les rencontrer implique cependant un effort très important en termes de temps et d’argent. Pas simple pour une équipe militante constituée d’étudiants salariés souvent précaires et d’ouvriers. « Ca force le respect aux maires quand tu dis au maire que t’étais au travail du 6h à 11h et que tu viens les voir l’après-midi. Ils sont souvent sensibles au fait de voir notre détermination à faire un tel travail en plus de notre boulot, de notre travail syndical et de nos études » pointe Raphaël, étudiant et salarié à Chronodrive.

Une campagne pour porter une autre voix dans la Présidentielle

Face à ces obstacles, qu’est-ce qui fait courir ces militants de toute la France ? « On a envie de mettre les deux pieds dans la présidentielle pour pouvoir imposer un autre débat. Le débat sur la vie de ceux qui font tourner le pays au quotidien, les millions de travailleurs qui ne sont jamais représenté dans la Présidentielle » synthétise Daniela Cobet, enseignante. « S’il est candidat Anasse va porter la voix de nos luttes. On l’a vu dans les prides, les manifs féministes, les manifs écolos, dans le mouvement des Gilets jaunes ou encore au cœur de la lutte contre la réforme des retraites. Et c’est tout ça qu’on a envie qu’il mette sur la table. » raconte de son côté Rozenn au journaliste de Quotidien venu suivre une tournée.

En ce sens, la présidentielle est loin d’être une fin en soi pour les militants qui jonglent entre les luttes qu’ils suivent et mènent au quotidien et la recherche de parrainages. « Hier j’étais sur le piquet de grève des travailleurs de Transdev à Saint-Gratien, aujourd’hui je suis en recherche de parrainages » explique ainsi Augustin. « Nous avons suivi cette semaine une grève des travailleuses et travailleurs du nettoyage de Jussieu » complète Lili, son binôme. A Metz, Christian est quant à lui en train d’organiser une grève pour des augmentations de salaire au sein de son entreprise après avoir passé deux semaines cet été à chercher des parrainages et en avoir rapporté deux.

Une campagne à l’identité lutte de classe affirmée qui séduit largement puisqu’à ce jour ce sont plus de 300 personnes qui se sont inscrites sur le site www.anassekazib2022.fr pour contribuer. De même, en juin dernier, une cinquantaine de personnalités ont signé une tribune « Anasse Kazib doit pouvoir se présenter à la présidentielle 2022 ! ». Parmi les signataires, Assa Traoré, Jean-Marc Rouillan, Aude Lancelin, Youcef Brakni, Audrey Vernon, Taha Bouhafs, Thierry Defresne (CGT Total), Matthieu Longatte, Kaoutar Harchi et beaucoup d’autres.

Une aide décisive pour espérer aller au bout. Alors, si Anasse Kazib annonçait début septembre avoir passé le seuil des 50 signatures, peut-il obtenir ses 500 parrainages ? Le cheminot et l’ensemble des militants et sympathisants de Révolution Permanente qui l’entourent sont lucides. « Pour que cette campagne puisse exister, pour que notre programme puisse être sur la ligne de départ, on a besoin de vous toutes et tous » s’adressait-il ainsi au public de son discours de lancement de campagne à la Fête de l’Humanité. « Ca peut être communiquer et parler, ça peut être chercher des parrainages à nos côtés. C’est une montagne, on a besoin de votre force, on a aussi besoin d’argent pour faire face à cette épreuve. Ils ont leurs médias, leur justice, leur police, nous on a que notre force de conviction, que notre détermination, la solidarité et la fraternité » a-t-il conclu. Oui, Anasse Kazib peut avoir les 500 signatures, mais pas sans vous.

 
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