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La Izquierda Diario
15 de mars de 2022 Twitter Faceboock

Accueil de tous les réfugiés !
Fake news et appels à un « tri » raciste : l’offensive contre les réfugiés d’Ukraine racisés continue
Antoine Weil

Ces derniers jours, la présence parmi les réfugiés d’Ukraine de personnes originaires d’Afrique et d’Asie suscite les pires sorties racistes à droite et à l’extrême-droite, de Pécresse à Marion Maréchal, d’autant qu’elles s’appuient sur des fake news xénophobes.

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Lundi, Marion Maréchal déclarait sur RTL à propos des vagues de réfugiés ukrainiens fuyant la guerre : « L’ouverture de ce couloir migratoire incite des personnes qui souhaitent rentrer dans l’espace Schengen et qui sont originaires d’Afrique à s’insérer dans ce dispositif ». Depuis, cette analyse pourtant infondée, a été reprise et amplifiée par tout le spectre politique réactionnaire des Républicains jusqu’à « Reconquête ».

Interrogé lundi soir sur TF1 lors du simulacre de débat présidentiel au sujet de l’accueil des réfugiés ukrainiens, Valérie Pécresse a estimé que, parmi les personnes fuyant la guerre en Ukraine, il ne faudrait accueillir que ceux disposant de la nationalité ukrainienne. Une déclaration scandaleuse, excluant de l’accueil tous les étrangers qui résident en Ukraine et cherchent asile pour échapper au conflit, hiérarchisant ainsi les réfugiés de guerre sur un critère purement xénophobe.

Quelques jours plus tôt, c’est Valérie Boyer, sénatrice Les Républicains et soutien de Valérie Pécresse, qui dans un tweet a relayé les mêmes chiffres que Marion Maréchal selon lesquels 30% des réfugiés venus d’Ukraine ne seraient pas ukrainiens, avant de détailler une liste de nationalités supposées des personnes fuyant la guerre en Ukraine en déplorant la présence d’algériens, d’ivoiriens, ou de pakistanais.

Il faut rappeler que ces annonces sont issus d’un article du Figaro, qui ne donne évidemment aucune source. Un article paru dans Le Monde explique ainsi que, contrairement à ce qu’avance le Figaro, d’après les statistiques du ministère de l’intérieur datées du 12 mars, 97,5 % des 10 000 personnes contrôlées en provenance d’Ukraine étaient bien Ukrainiens.

En plus de propager une fake news totale, Les Républicains s’en servent pour encourager un tri raciste entre bons et mauvais réfugiés selon leur nationalité... comme si les balles, les bombardements, les coupures d’eau et d’électricité que subissent les civils en Ukraine ne touchaient pas tous les résidents quelle que soit leur nationalité !

Une revendication xénophobe, qui s’inscrit pourtant dans la continuité du tri qui s’est déjà opéré aux frontières européennes depuis le début de la guerre. En témoignent de nombreuses vidéos de personnes noires ou arabes qui se sont vues refusées d’être prises en charge pour quitter le pays, ou qui, une fois arrivée en Pologne ou en Allemagne, se voyaient traité différemment des ukrainiens blancs.

Le discours des ces élus de droite et d’extrême droite sur les migrants en Ukraine est appuyé par une autre fake news raciste, selon laquelle une partie des réfugiés non-ukrainiens ou non-blancs ne viendraient pas d’Ukraine, mais profiteraient de l’opportunité d’un accueil plus favorable pour les Ukrainiens. David Lisnard, maire LR de Cannes, a déclaré sur Twitter : « Comme je l’ai constaté sur place (Ukraine et Pologne), plus on s’éloigne de la frontière, plus les réfugiés sont infiltrés par des non-Ukrainiens (qui n’ont pas le statut de réfugié) via des passeurs.  », complété par Nicolas Bay, soutien d’Eric Zemmour qui a lui estimé qu’« Il y a ceux qui viennent pour des raisons économiques, qui viennent plomber nos comptes publics et nos comptes sociaux et les Ukrainiens à l’égard desquels on a un devoir de solidarité européenne bien sûr », parce qu’ils «  font partie de notre civilisation  » (Le Monde).

Une tentative de ramener le débat sur le terrain du racisme décomplexé

En effet, la guerre en Ukraine a mis en difficulté Zemmour et Le Pen, non seulement à cause de leur liens et de leurs position vis-à-vis de Poutine avant la guerre, mais également du fait du décalage du débat hors de leur terrain de prédilection, et autour duquel ils avaient fait campagne, à savoir les thématiques sécuritaires et l’opposition à l’immigration.

Le lendemain des bombardements, Éric Zemmour avait exprimé son refus d’accueillir les ukrainiens, avant de devoir faire volte-face devant les réactions indignées, ce qui lui a fait perdre quelques points dans les sondages.

Dans cette séquence défavorable, où les arguments anti-migrants sont moins audibles, la fake news quant à la présence de réfugiés non-ukrainiens et la distinction entre « migrants économiques » et « réfugiés de guerre » leur sert à reprendre l’offensive et à justifier leurs positionnements politiques inhumains auprès de leur électorat.

En plus d’opérer une distinction raciste entre les migrants, cette position menace l’accueil de tous les réfugiés ukrainiens. Agiter la présence de « mauvais migrants » aux frontières de l’Europe conduit à exiger davantage de contrôles, de freins administratifs, ou autres barrières limitant l’accueil, d’autant que la fuite vers les pays frontaliers de l’Ukraine se fait déjà dans des conditions très difficiles malgré le conflit.

Ces campagnes xénophobes sont le symptôme d’une démagogie en faveur de l’immigration ukrainienne qui ne va pas durer longtemps et laissera progressivement la place aux discours réactionnaires et racistes habituels. Dans ce contexte, il est essentiel de dénoncer le tri raciste aux frontières auquel appelle Valérie Pécresse, Marion Maréchal ou Eric Zemmour, et de lutter pour l’accueil de tous les réfugiés, venant d’Ukraine comme de partout dans le monde.

 
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