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La Izquierda Diario
17 de mars de 2022 Twitter Faceboock

Présidentielles
RSA conditionné, retraite à 65 ans, course à l’armement : Macron dévoile son programme de guerre sociale
Julien Anchaing

Départ à la retraite à 65 ans, conditionnalité du RSA à un mi-temps, nouveau corps répressif dans les quartiers et course à l’armement : Macron a dévoilé lors d’une conférence de presse ce jeudi un programme anti-social, sécuritaire et autoritaire qui déclare la guerre aux classes populaires.

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Macron a confirmé ce jeudi en conférence de presse des mesures qui étaient déjà annoncées largement : départ à la retraite à 65 ans, conditionnalité du RSA, renforcement de l’appareil répressif contre l’immigration, réforme institutionnelle, augmentation des budgets de l’armée et de la police et bien sûr attaques contre l’éducation nationale et la santé.

Pour son prochain quinquennat, le président-candidat ne daigne même plus revendiquer l’hypocrite « ni de droite ni de gauche » et promet d’ores et déjà cinq années d’attaques contre le monde du travail et les classes populaires pour satisfaire son électorat patronal et réactionnaire.

Un programme ouvertement anti-social

S’il est réélu, Macron a annoncé que les bénéficiaires du RSA seront contraints de « consacrer 15 à 20 heures par semaine pour une activité permettant d’aller vers l’insertion professionnelle, soit de formation en insertion, soit d’emploi »

Avec ça, la réforme de Pôle Emploi dans la continuité de celle de l’Assurance Chômage confirme sa volonté de construire une véritable machine de guerre contre les plus précaires.

Lire aussi : « 15h à 20h d’activité / semaine » pour toucher le RSA : Macron déclare la guerre aux pauvres

Une relance de la réforme des retraites

Bien que Macron ait déjà annoncé vouloir relancer la réforme des retraites pour son potentiel prochain quinquennat, il a précisé plusieurs des éléments de l’attaque. « Nous sommes dans une société qui vieillit (...), il est donc normal, surtout compte tenu de la nature des comptes publics, que nous travaillions plu » a-t-il expliqué, revendiquant par là que les travailleurs continuent de travailler jusqu’à l’épuisement, voire le décès pour les plus exploités et les plus cassés par les années de labeur.

Dans ce sens, il a ensuite rappelé son intention de s’en prendre aux régimes spéciaux et d’assurer la mise en place d’un régime universel nivelé par le bas tout en assurant des aménagements pour les carrières longues, signant par là même la fin définitive des retraites à 60 ans.

En finir avec les services publics : s’en prendre à la Santé et l’Éducation

Après cinq années de quinquennat et deux ans de pandémie où les hôpitaux et l’Éducation nationale ont été frappées de plein fouet par la gestion pro-patronale de la crise par le gouvernement, le président-candidat a annoncé vouloir aller plus loin en désignant « deux immenses chantiers » : l’école et la santé.

Avec un discours doucereux de dialogue social, évoquant par exemple une « une large concertation » pour un « travail collectif au niveau local avec toutes les parties prenantes », Macron a annoncé la mise en place de « nouvelles missions » pour les enseignants. Une jolie façon d’expliquer que serait donné un pouvoir supplémentaire aux directeurs d’établissements pour faciliter le recrutement selon leurs propres critères. Entre quelques mesures comme le renforcement du sport et des mathématiques à l’école – qui avaient largement souffert de la réforme de l’enseignement menée par Jean-Michel Blanquer – Macron ouvre donc clairement la porte à la précarisation de leurs conditions de recrutement.

En ce qui concerne la santé, Macron a revendiqué son bilan qui comporte la suppression de 11 700 lits d’hôpitaux de 2017 à 2019 et la suspension des soignants pour défaut de passe sanitaire alors que les hospitaliers sont structurellement en sous-effectif. Pas de quoi faire rougir le président candidat qui a expliqué souhaiter des « renforts massifs dans les déserts médicaux ».

Un programme réactionnaire et autoritaire : plus de flics, plus d’armée, moins d’immigrés

Dans son allocution, Emmanuel Macron a aussi préparé le terrain à un grand virage à droite dans sa politique régalienne. Déjà connu pour en avoir fini avec le désinvestissement militaire et avoir porté le budget des armées à plus de 40 milliards d’euros, Macron continue dans cette lignée en annonçant d’office plus de flics et plus de fric pour l’armée.

En rappelant notamment l’importance de préparer la France à des conflits de grande ampleur, Macron veut se lancer à son tour dans la course à l’armement pour la placer comme une puissance impérialiste essentielle dans le contexte de la guerre d’Ukraine. En effet, alors que l’Allemagne annonçait récemment, avec l’Espagne, un plan massif d’investissement dans le budget militaire, Macron a rappelé son intention de porter à plus de 50 milliards le budget des armées en France. « Il nous faut intensifier nos investissements pour pouvoir affronter une guerre de haute intensité qui peut revenir sur notre continent. Nous en avons les moyens ». C’est dans ce cadre qu’il a notamment annoncé son objectif de doubler le nombre de réservistes au sein de l’armée et de renforcer l’opération idéologique sur la jeunesse par le biais d’une généralisation du programme du Service National Universel mis en place durant son quinquennat. Une porte ouverte au retour du service militaire, et surtout, une volonté pour Macron de replacer la France dans le centre des négociations militaires et de ne pas prendre du retard sur l’énorme vague de militarisation qui traverse aujourd’hui l’Europe.

Derrière son projet d’indépendance nationale, agricole et énergétique, c’est surtout l’illusion de pouvoir remettre au centre l’impérialisme français plusieurs fois humilié depuis le début du quinquennat Macron, et ce notamment au Sahel et plus récemment en Ukraine. On sait maintenant où vont les milliards qu’il souhaite retirer à l’éducation, à la santé et aux retraités : dans un recrutement important pour l’armée mais aussi pour la police (notamment à travers la formation de nouvelles forces de répression au caractère ouvertement militaire, les FAR).

Lire aussi : "Force d’Action Républicaine" : Macron promet une nouvelle police pour réprimer les quartiers populaires

Pour accompagner son projet réactionnaire, Emmanuel Macron a en effet aussi annoncé des attaques centrales contre les migrants. C’est bien le quinquennat de la répression, de l’augmentation des renvois forcés de près de 32 % au cours de ces 5 dernières années, ou encore de la mort tragique de migrants aux frontières comme au large de Calais en 2021 dont Macron s’est revendiqué. Les attaques aux titres de séjour et au droit à l’asile, déjà profondément malmenés par son quinquennat et ceux de ses prédécesseurs, montrent clairement que Macron n’a plus aucune volonté de se positionner comme un candidat centriste comme en 2017. Cette fois-ci, il assume ouvertement un projet réactionnaire et autoritaire.

Lire aussi : Plus d’expulsions, moins de visas : Macron promet de durcir la chasse aux migrants en 2022

Face à ce quinquennat anti-social et autoritaire, se préparer à la riposte

Un ensemble de mesures réactionnaires donc et qui doivent nous appeler à une riposte de fond. Parce que Macron l’a dit : face à un quinquennat traversé par la pandémie et les mouvements sociaux, il n’a pas pu appliquer l’ensemble de son plan. La préparation de sa réélection passe par un projet bien plus ouvertement autoritaire et austéritaire qui va jusqu’à vexer Pécresse qui s’est sentie « plagiée » par le candidat de LREM. 

La situation de crise en Ukraine et l’inflation grimpante ont particulièrement impacté les classes populaires récemment. L’augmentation importante des prix (et donc la baisse des salaires) et la multiplication de phénomènes de grèves dans les entreprises pour de meilleurs revenus nous montrent pourtant la voie à suivre. Macron a bien pour objectif de lâcher toute illusion sur ses projets « progressistes » : la jeunesse, les travailleurs, les femmes et les quartiers populaires sont ses principales cibles pour mener à bien ce que lui réclame la bourgeoisie et une partie de sa majorité. La mobilisation récente du 17 montre la voie, notamment par la présence de secteurs en lutte comme Thalès ou Castorama. Mais seul un véritable plan de bataille contre les projets du président-candidat et de l’ensemble de la classe politique nous permettrons de répondre et de faire reculer ces attaques. Car Emmanuel Macron l’a lui-même dit : le mouvement social et les gilets jaunes ont été des freins clairs à ses projets. Plus que des freins, il s’agit de construire une réponse d’ensemble contre des attaques que Macron est déterminé à faire passer dès 2022 après en avoir été empêché lors du premier quinquennat.

 
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