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12 de avril de 2022 Twitter Faceboock

Ni peste, ni choléra !
2e tour. Marine Le Pen surfe sur la haine anti-Macron pour vendre son projet libéral et raciste
Lorélia Fréjo

A nouveau finaliste du second tour, Marine Le Pen joue à fond la carte sociale pour capitaliser sur le dégagisme anti-Macron et l’inquiétude des classes populaires face aux réformes anti-sociales et la hausse du coût de la vie. Une hypocrisie qui cache mal un programme toujours aussi raciste et ultra-libéral.

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Crédits photo : EMMANUEL DUNAND / AFP

Depuis la fin du premier tour des élections Présidentielles, le Rassemblement National, arrivé en seconde position derrière Macron (23,1% des voix) décide de jouer la candidate du peuple en opposition au président sortant qui incarne l’élite déconnectée et les attaques anti-sociales de ces cinq dernières années. Un pari entamé dès le début de la campagne et pour l’instant réussi, puisque, comme le rapporte une enquête sociologique des votes réalisée par Ipsos et Sopria Steria, Marine Le Pen a remporté 30% des voix des électeurs qui « bouclent tout juste leur fin de mois » et devance Macron chez « les employés (17% / 36%) et les ouvriers (18% / 36%) ».

Marine Le Pen joue l’Anti-Macron pour le second tour pour mieux donner des gages à la bourgeoisie

Le Rassemblement National compte poursuivre cette dynamique et cherche à s’attirer les faveurs des électeurs Mélenchon et des abstentionnistes. Dans son discours de victoire, Marine Le Pen a ainsi appelé « tous ceux qui n’ont pas voté pour Emmanuel Macron » à la rejoindre. Sur France Inter, Jordan Bardella, numéro 2 du RN poursuit dans les même sens « les 70% des Français qui ont voté contre Emmanuel Macron, savent que s’il est réélu ça va être cinq années supplémentaires de casse social, de saignées fiscales, d’impuissance sur le régalien, la violence partout dans le pays et l’immigration ».

Miser sur la détestation d’Emmanuel Macron et l’effritement du front républicain tout en profitant de la dédiabolisation permise également par la campagne d’Eric Zemmour est donc la stratégie de la candidate du Rassemblement National. Dans une interview à l’Opinion, Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise de l’Ifop.Sipa Press, explique : « le réflexe du front républicain n’est plus automatique et toute une partie de cet électorat, travaillé par l’anti-macronisme, aura du mal à voter pour le Président sortant ». Selon lui, « près de 40 % » de cet électorat anti-macron, envisage « de s’abstenir et un quart de voter Le Pen ».

Après avoir expliqué qu’Eric Zemmour ne serait pas premier ministre et exclu Marion Maréchal Le Pen de son gouvernement, ce mardi le RN a dévoilé sa nouvelle affiche de campagne. Image lissée et souriante, Marine Le Pen y pose sur un bureau, avec le slogan « pour tous les Français ». Pendant ce temps là, la candidate était en déplacement dans l’Yonne pour conquérir les électeurs Mélenchon et du monde rural. « Il y a un autre nuage noir qui arrive sur la tête des Français. Celui de l’inflation des prix de l’alimentation » a t-elle déclaré. La candidate d’extrême droite a ensuite proposé « d’envisager la mise en œuvre d’un panier de 100 produits alimentaires et d’hygiène avec une TVA à zéro ».

Ce mardi midi, Marine Le Pen a martelé, en conférence de presse à Vernon, vouloir « redonner du pouvoir au peuple souverain ». Pour la candidate du Rassemblement National, « la fracture démocratique sera l’un des grands échecs du quinquennat Macron ». Pour lancer la bataille pour le second tour, elle a défendu une « révolution référendaire », par l’intermédiaire de la mise en place du RIC (Référendum d’Initiative Populaire) et de la proportionnelle. Une manière de draguer les secteurs gilets jaunes, après 5 ans de luttes sociales intense, qui ne cache pas la réalité de son programme.

En effet, Marine Le Pen a avant tout expliqué, à plusieurs reprises, que le RIC, - référendum qui ne pourra être proposé qu’avec autorisation du gouvernement, et s’il ne remet pas en cause la Constitution - « constitue un puissant outil de pacification du débat politique et contribue au développement d’une culture démocratique » qui aurait, selon elle, permis d’éviter les Gilets jaunes et les « manifestations violentes de la réforme des retraites. Dans le même sens, la candidate du RN a assuré vouloir redonner du pouvoir aux corps intermédiaires, « beaucoup plus légitimes que les représentants de la finance » selon elle pour mener à bien son programme libéral.

De plus, alors qu’elle revendiquait la « proportionnelle intégrale » en 2017, pour permettre que « chaque français soit représenté », elle a reculé et défend maintenant un système de proportionnelle pour « les deux tiers des députés », car « elle pacifie l’expression politique qui peut se tenir dans un cadre institutionnel au sein de l’Assemblée, plutôt que de manière anarchique et incontrôlée dans la rue » sans pour autant "paralyser" les institutions. C’est d’ailleurs pour défendre les mêmes objectifs, que Marine Le Pen a expliqué vouloir renforcer les liens entre la figure présidentielle et les corps intermédiaires.

Derrière le vernis social et démocratique, un projet raciste et réactionnaire

Pour espérer être élue, la Présidente du RN avance un discours de surface social et anti-Macron tout en s’attelant à donner des gages à la bourgeoisie sur sa capacité à gouverner, et à canaliser la colère. Loin de la radicalité et du changement promue, ce qu’elle propose se rapproche de certaines requêtes de la majorité actuelle. Macron s’est par exemple dit ouvert à un mandat par septennat, comme le propose Marine Le Pen, et avait dans son programme en 2017 l’ambition de renforcer les parts de proportionnelle dans le scrutin. Par ailleurs, elle promet de poursuivre les mesures liberticides de dissolution d’association et continue de porter un projet d’attaques réactionnaires.

La conférence de presse n’a d’ailleurs pas manqué de revenir sur les principales mesures racistes du programme défendu par Marine Le Pen. Pour la candidate « féministe », le RIC aura un intérêt s’il permet de discuter de « débats de société » comme « la PMA pour toutes ou la GPA ». Gouverner par référendum lui permettra aussi de proposer des changements de Constitution racistes, comme y inscrire la « maîtrise » de l’immigration ou « la préférence nationale ».

Enfin, la candidate a également confirmé l’interdiction du voile, comme « marqueur de l’idéologie islamiste », instrumentalisant « le choix des femmes » pour servir son agenda réactionnaire. Comparant l’interdiction du foulard dans l’espace public à l’interdiction de la cigarette ou l’obligation du port du masque, Marine Le Pen a assuré qu’elle prévoyait d’infliger des contraventions à toute femme qui oserait pratiquer sa religion dans l’espace public. Elle promet également d’interdire l’abattage rituel, sous la couverture de « la souffrance animale ». Rien de plus clair que le fond de son programme islamophobe pour briser le mythe de la dédiabolisation.

En dernière instance, ce vernis social cherche surtout à donner des gages à la bourgeoisie et masque mal le projet de Marine Le Pen, ni son programme économique libéral, ni son programme réactionnaire et raciste. Si la haine anti-Macron est légitime, la candidate du Rassemblement National ne représente en aucun cas une alternative souhaitable pour les classes populaires. Aussi, face à un quinquennat qui s’annonce d’autant plus anti-social et réactionnaire que le dernier – peu importe le candidat vainqueur – il est nécessaire de refuser le chantage Macron-Le Pen et de construire une riposte dans la rue à toutes les attaques à venir, qu’elles se fassent sur le terrain social, sécuritaire ou raciste.

 
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