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27 de mai de 2022 Twitter Faceboock

Colombie
Elections en Colombie : entre polarisation politique et espoirs dans le centre-gauche de Petro
Augustin Tagèl

Dans un pays marqué par 200 ans de gouvernement de droite et par une violence politique extrême, la probable élection de Gustavo Francisco Petro Urrego, candidat de centre-gauche pourrait constituer un tournant historique pour le pays. En réalité Petro, cherche à capitaliser sur les révoltes qui ont éclaté en 2021 tout en offrant des gages au régime colombien.

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John Vizcaino, AFP

Les images des meetings de Gustavo Petro sont choquantes, mais révélatrices. Le candidat aux élections présidentielles y apparaît systématiquement escorté d’une soixantaine de gardes du corps, et, lorsqu’il prend la parole, c’est encadré de plusieurs boucliers pare-balles. L’expression d’une polarisation politique extrême dans le pays et plus particulièrement de l’agressivité de la droite et de ses accointances notables avec les trafiquants et autres groupes d’extrême droite.

Le candidat de centre-gauche Gustavo Petro est ainsi une cible toute désignée, dans un pays où aucune alternance de gauche institutionnelle n’a encore pu parvenir aux commandes depuis plus de 200 ans. Celui qui promet plus de justice sociale, moins de violences policières et une meilleure prise en compte des intérêts des communautés indigènes, se trouve amené aux portes de la présidence par un fort mouvement social de fond à travers la Colombie.

C’est en 2021 que les plus vastes et radicales révoltes éclatent, à l’annonce par le gouvernement d’Ivan Duque d’une nouvelle réforme fiscale comprenant de nouveau prélèvement sur les bas salaires des augmentations du prix des carburants ainsi qu’une nouvelle TVA sur les services de base. Le mouvement s’étend et les manifestations, soutenues par près de 73 % des habitants, ont lieu dans 7 villes sur 10. Malgré une répression féroce de la part du gouvernement, qui déploie, en plus de son habituelle police anti-émeute ultra violente, des forces militaires et des blindés qui ouvrent le feu sur la foule le mouvement ne faiblit pas malgré un bilan final de plus d’une cinquantaine de morts et de centaines de blessés et obtient le retrait de la réforme et la démission du ministre des Finances Alberto Carrasquilla qui la soutenait.

Les élections présidentielles se profilent donc dans un contexte social particulièrement tendu, dans lequel la droite et l’extrême droite (si on écarte le candidat d’extrême droite Rodolfo Hernandez) s’allient sur le nom de leur candidat commun, Frederico Gutiérrez, pour tenter de faire barrage à Gustavo Petro, qui cherche à incarner les attentes d’une large partie de la population colombienne.

Pourtant, alors que les révoltes se poursuivaient pour demander plus que le simple retrait du projet et la démission du ministre, Petro avait tenté d’apaiser la situation, considérant que les manifestations auraient dû s’arrêter à ces premières victoires et que la responsabilité des morts de la répression était partagée entre la police et les manifestants eux même, qui préféraient descendre dans la rue que rester chez eux. Encourageant le dialogue social, il s’est toujours tenu aux côtés des direction syndicales bureaucratiques, qui appelaient à la négociation alors que la police tirait sur les manifestants.

De même aujourd’hui, Gustavo Petro multiplie les gages envers la bourgeoisie colombienne, en signant par exemple sous serment un document dans lequel il s’engage à ne procéder à aucune expropriation ni nationalisation au cours de son mandat. Alors que le pays, comme beaucoup en Amérique latine et centrale, est dans le viseur des politiques d’austérité du FMI, le candidat a annoncé qu’il s’était d’ores et déjà engagé auprès de l’institution internationale à réduire le déficit public s’il était élu, c’est-à-dire à appliquer les restrictions budgétaires et la casse du service public que prône le FMI.

En somme, la candidature de Petro représente un futur gouvernement de centre-gauche qui pourrait bien jouer un rôle de contention social après les récentes explosions, en ce qu’il n’affiche aucunement un visage de radicalité à même d’apporter la justice sociale à laquelle aspire le peuple colombien. Si Petro capitalise sur les révoltes historiques qui ont éclaté en 2021 dans le pays, son élection pourrait bien constituer un fait historique dans un pays incarnant la réaction dans le sous-continent, mais aussi une tentative de pacification d’une colère sociale profonde, comme le montre les gages qu’il a offert au régime colombien et au FMI.

 
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