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La Izquierda Diario
25 de juillet de 2022 Twitter Faceboock

Ristourne de 20 centimes
Enfumage Total ! Une remise à la pompe temporaire pour continuer à profiter de la crise
Gaëtan Gracia, CGT Ateliers de Haute-Garonne

Vendredi, TotalEnergies annonçait une remise à la pompe de 20cts/L en septembre et octobre, puis 10cts/L pour novembre et décembre. Une ristourne visant à éviter toute taxe sur les super-profits, mais aussi à gagner des parts de marché sur ses concurrents, qui démontre que les patrons peuvent faire baisser les prix quand ils le veulent bien…

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« Nous avons mis la pression sur le groupe Total ». C’est en substance ce qu’a revendiqué partout le ministre de l’économie Bruno Le Maire suite à l’annonce par les dirigeants de Total, en accord avec le gouvernement, d’une remise de 20cts par litre sur l’ensemble de leurs 3.300 stations (sur 11.000 environ en France) vendredi dernier.

Face à la menace d’une « taxe sur les super-profits », le ministre a précisé n’aimer ni le premier terme (car « notre pays est le champion des taxes ») ni le second (car « nos petits patrons ne font pas de super-profits »). Un moyen de légitimer a posteriori la politique du gouvernement visant à préserver les profits des grandes entreprises.

L’annonce de Total survient en effet en réaction directe aux propositions récentes portées à l’Assemblée d’une taxe sur les super-profits qui visait, entre autres, la multinationale pétro-chimique française. Une mesure retoquée par l’Assemblée nationale à quelques voix près, alors que les entreprises du CAC40 ont fait leur bénéfice record en 2021, tout comme Total, avec 15 milliards en 2021, et potentiellement 22 milliards en 2022.

La multinationale profite en effet ces derniers mois des problèmes d’approvisionnement et de la guerre en Ukraine pour augmenter ses prix et ses marges, comme la plupart des grands groupes et oligopoles pouvant se le permettre. Ainsi, Total affichait jusqu’à récemment des prix au-dessus des 2€/L, malgré la remise de 18cts du gouvernement.

Dans ce cadre, difficile pour la multinationale de n’accorder aucune concession. Celle qui a été annoncée ce lundi vise ainsi d’abord à calmer la colère montante autour des prix des carburants et à éviter toute mesure contraignante. Plus cyniquement, elle permet à Total de profiter de la crise pour disputer des parts de marché à ses concurrents, dont une grande partie est constituée d’hypermarchés et supermarchés ayant moins de marge de manœuvre sur leurs prix. En bonus, le géant pétrolier s’offre une campagne de pub gratuite via le gouvernement !

Pour les travailleurs et classes populaires, la remise en question est cependant totalement minimale. Ainsi, selon Olivier Marleix, président du groupe LR à l’Assemblée, la ristourne coûterait à Total autour de 600 millions d’euros. Une goutte d’eau en comparaison des profits de 22 milliards prévus en 2022. En outre, cette remise partielle est temporaire, ne commencera qu’en septembre, et ne durera que deux mois avant d’être réduite de moitié pour les deux mois suivants : pas de quoi réduire en profondeur le coût porté aux budgets ouvriers.

En revanche, la décision a un intérêt pédagogique. En effet, si Total peut baisser ses prix cela montre que ceux-ci ne sont pas purement le résultat de phénomènes extérieurs comme la guerre ou le Covid, contrairement à ce que disent la plupart des éditorialistes et des politiciens. En effet, de nombreux grands groupes surfent sur la conjoncture pour augmenter leurs prix autant que possible, ce qui serait responsable de toute partie de l’inflation.

Face à ce constat, il faut des revendications radicales pour en finir avec la hausse des prix, la crise et les multinationales qui en profitent. Pour baisser réellement les prix, le seul moyen est de les contrôler nous-mêmes : les salariés de Total et les usagers doivent donc pouvoir faire toute la transparence sur la comptabilité du groupe et décider de la production, la distribution et des prix. Surtout, pour en finir avec ces entreprises stratégiques qui prospèrent sur la crise, il faut poser la perspective d’aller encore plus loin, en exigeant la nationalisation sous contrôle ouvrier, sans indemnités ni rachat, les grands groupes de l’énergie et de l’agroalimentaire.

Un enjeu central contre l’inflation, mais aussi pour faire face à la crise écologique.

 
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