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2 de août de 2022 Twitter Faceboock

Islamophobie
Expulsion de l’imam Hassan Iquioussen : pas de vacances pour l’offensive islamophobe du gouvernement
Mahdi Adi

La préfecture du Nord a notifié un arrêté d’expulsion à l’encontre de l’imam Hassan Iquioussen. Une décision téléguidée par Gérald Darmanin, qui instrumentalise la lutte légitime contre l’antisémitisme et le sexisme pour relancer l’offensive islamophobe et xénophobe du gouvernement.

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Une procédure d’expulsion d’un imam « avec l’appui sans réserve » de Gérald Darmanin

Avec Gérald Darmanin, pas de vacances pour l’offensive islamophobe et xénophobe. Ce vendredi, quelques semaines après l’annonce de l’expulsion d’un étranger par Darmanin en personne, un arrêté d’expulsion a été édité à l’encontre de l’imam Hassan Iquioussen rapporte son avocate Lucie Simon. Une décision prise suite à l’avis favorable rendu le 22 juillet dernier par la commission départementale d’expulsion. Le préfet du Nord en personne avait participé à la réunion de la commission afin de plaider devant les magistrats en faveur de l’expulsion de Hassan Iquioussen, « avec l’appui sans réserve du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin » relate Le Point.

Aussi, avant même que l’arrêté d’expulsion ne soit notifié, ce dernier s’est félicité de la décision sur Twitter.

Prédicateur connus sur les réseaux sociaux avec 172.000 abonnés sur YouTube et 42.000 sur Facebook, Hassan Iquioussen est réputé proche de l’ex-Union des Organisations Islamiques de France (UOIF, devenue Musulmans de France) qui l’a « très souvent invité » à ses congrès, selon La Croix. Né en France et de nationalité marocaine, père de cinq enfants et grand-père de quinze petits-enfants, la préfecture du Nord d’où il est originaire refuse donc de renouveler son titre de séjour de dix ans.

Une instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme et le sexisme à des fins islamophobes

L’arrêté ministériel d’expulsion (AME) consulté par Libération lui reproche un « discours prosélyte émaillé de propos incitant à la haine et à la discrimination et porteur d’une vision de l’islam contraire aux valeurs de la République française », ainsi que d’« inciter à une forme de séparatisme ». Pour justifier l’expulsion, l’État met notamment en avant des propos antisémites et misogynes tenus par l’imam en 2004, 2005 et 2014 rapporte Le Point. Ceux-ci décrivaient les juifs comme des « ingrats », « avares », vivant « entre eux dans des ghettos », et expliquaient entre autres que la femme « doit tout faire pour essayer de plaire à son mari » et accepter qu’il « tombe en martyr ».

Ces positions sont évidemment réactionnaires. Pour autant, leur instrumentalisation par le gouvernement au service d’une décision d’expulsion raciste est nette. Pour Darmanin - connu autant pour les passages antisémites de son ouvrage sur « le séparatisme islamiste » que pour les accusations de viol qui le visent - il s’agit en effet de relancer l’offensive contre les musulmans, en mettant en scène une « tolérance zéro » à leur égard, et en soulignant plus largement la volonté de l’Etat de réprimer quiconque tient des positions qu’il juge inacceptable, dans la continuité des dissolutions d’organisations musulmanes et de l’antiracisme des derniers mois et de la loi séaparatisme.

La décision d’expulsion survient par ailleurs alors que le gouvernement prépare pour la rentrée une loi visant à faciliter l’expulsion des étrangers en cas de « délits graves ». Dans un contexte d’instabilité politique pour Macron, qui a perdu sa majorité absolue à l’Assemblée, le gouvernement entend s’attirer les faveurs de la droite et du Rassemblement National, en agitant des mesures xénophobes, qui visent à attiser la haine contre les étrangers.

Face au racisme et au patriarcat : lutter contre le sexisme, l’antisémitisme et l’offensive islamophobe du gouvernement

Les luttes contre l’antisémitisme et le sexisme sont fondamentales, mais celles-ci ne sauraient être menées au travers de telles mesures racistes et, plus généralement, aux côtés d’un gouvernement qui nourrit quotidiennement le racisme et le sexisme. A ce titre, la rhétorique hypocrite employée par l’Etat ne fait que renforcer le racisme d’État et l’oppression patriarcale : en stigmatisant encore davantage les personnes musulmanes ou supposées comme telles, accusées d’être les principales responsables de l’oppression patriarcale et d’un « nouvel antisémitisme », et en éludant par la même occasion la responsabilité centrale de l’État français et des classes dominantes dans le maintien et le renforcement de ces oppressions.

Par ailleurs, cette expulsion s’inscrit dans une longue liste de mesures d’exception visant les musulmans et les étrangers qui participent systématiquement à légitimer des pratiques orientées in fine contre l’ensemble des opposants aux politiques du gouvernement. En ce sens, plusieurs militants et personnalités qui ont dénoncé la décision d’expulser l’imam Hassan Iquioussen ont d’ailleurs été prises à partie violemment sur les réseaux sociaux par le Secrétariat Général du Comité Interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (SG-CIPDR). Celui-ci a attaqué dans une série de tweets la journaliste Feïza Ben Mohamed ou encore Marwan Muhammad, ex-président du Comité Contre l’Islamophobie en France (CCIF) dissout par Gérald Darmanin, en les qualifiant d’« islamistes ». Des accusations racistes, qui visent à disqualifier les voix dissonantes, et ont permis de justifier ces dernières années la dissolution d’organisations musulmanes et de l’antiracisme.

A rebours du discours hypocrite du gouvernement, l’ensemble des organisations se revendiquant de la gauche sociale et politique doivent donc refuser de tomber dans le piège tendu par Gérald Darmanin. S’il faut lutter contre le patriarcat, l’antisémitisme, l’islamophobie et toutes les formes de racisme, c’est en toute indépendance de l’Etat et contre l’ensemble de ses lois et mesures racistes. A ce titre, il faut revendiquer l’abrogation de la loi séparatisme, de toutes les mesures islamophobes qui induisent un traitement spécifique contre les personnes musulmanes ou présumées musulmanes, mais aussi se préparer à lutter contre la loi xénophobe de Darmanin à la rentrée, condition sine qua non pour s’opposer au renforcement autoritaire du gouvernement et du racisme d’État.

 
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