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La Izquierda Diario
29 de septembre de 2022 Twitter Faceboock

Guerre en Ukraine
Après les référendums en Ukraine, la Russie va vers l’annexion de territoires
Julien Anchaing

Hier soir, les autorités pro-russes des régions du Donestk, Luhansk, Zaporija et Kherson ont annoncé la victoire du « oui » suite à des simulacres de référendum organisé par la Russie. Dans une impasse stratégique, Poutine est poussé à l’escalade.

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Crédit photo : AFP

Comme on pouvait s’y attendre, les résultats des référendums des régions du Donetsk, Luhansk, Zaporija et Kherson sont ridicules et concluent, avec des scores allant de 87 à 98%, à la victoire du « oui » pour le rattachement à la Russie. Les régions de Donetsk et de Luhanks avaient déjà été revendiquées par Poutine comme des républiques indépendantes avant le lancement de la guerre le 24 février dernier.

Si la tenue de ces référendums était une manœuvre agitée et préparée par l’armée russe depuis des mois, celle-ci a été mise en application et accélérée au début de la contre-offensive de l’armée ukrainienne et confirmée le 20 septembre dernier. Ces référendums devraient aboutir à l’annonce de l’annexion définitive (du moins selon la Fédération de Russie) des territoires occupés d’ici vendredi. Cette manœuvre avait déjà été utilisée (dans des conditions largement différentes) en Crimée en 2014.

Sur les médias russes comme Channel One on parlait à la suite de l’annonce des résultats d’une « ambiance festive [qui] se fait sentir non seulement dans les bureaux de vote, mais aussi dans les rues de Louhansk. La ville est décorée de drapeaux russes. Certains habitants ont accroché eux-mêmes les drapeaux sur leurs balcons ». Les autorités pro-russes placées par le Kremlin et l’occupation russe des régions depuis le début de la guerre ont revendiqué des résultats « historiques » qui ne sauraient « réveiller le moindre doute ».

Ce simulacre de référendum a eu lieu dans des conditions troubles alors même que plusieurs témoignages parlent d’une élection organisée par des soldats armés chargés de passer les urnes parmi la population civile. Il cache en réalité le fait que l’armée Russe n’a pas été accueillie comme une « armée de libération », comme le Kremlin l’espérait, dans ces régions, et cela malgré l’importance des minorités russophones qui y sont présentes, ainsi que l’incapacité de la Russie à contrôler intégralement ces territoires d’un point de vue militaire.

L’annexion servirait l’escalade pour le Kremlin en lui offrant la possibilité d’utiliser des armes nucléaires pour « défendre » ce qu’elle reconnaîtrait désormais comme son territoire. A la suite des derniers reculs russes le président Poutine avait notamment annoncé un ordre de mobilisation partielle de près de 300 000 réservistes tout en réitérant (pour la 7ème fois depuis le début du conflit) la menace de l’utilisation d’armes nucléaires. Des tentatives de démonstrations de forces qui cachent en réalité de profondes faiblesses et contradictions pour le Kremlin.

Avec la volonté de revendiquer une victoire partielle, le Kremlin cherche à minimiser les revers qu’il a connu sur le territoire ukrainien depuis le début de la guerre, de sa première offensive sur Kiev à son tournant vers l’Est et le Sud du pays. La participation active de l’OTAN au conflit, à travers des livraisons d’armes, des financements, renseignements et formations militaires, a largement participé à l’escalade militaire avant de mettre un frein aux avancées des troupes russes puis de participer à leur recul début septembre sur des milliers de kilomètres jusqu’à l’oblast de Kharkiv et la ville de Izium. Celui-ci n’a fait que confirmer un problème structurel pour la Russie en Ukraine,c’est-à-dire son incapacité à dépasser le match-nul stratégique du pays dans la guerre qu’il mène depuis février dernier. Devant cette impasse stratégique l’isolement croissant du pays à échelle internationale ainsi que la montée de l’opposition nationaliste au gouvernement ont poussé le Kremlin à prendre des mesures radicales et extrêmement risquées comme la décision de mobilisation partielle qui a abouti à la multiplication de mouvements anti-guerres dans la capitale.

De son côté l’Ukraine a annoncé qu’elle ne reconnaîtrait pas les référendums. A la suite de l’annonce des résultats les grandes puissances occidentales ont cyniquement et sans surprise rappelé qu’elles ne reconnaitraient pas non plus leur légitimité. Cependant, et plus préoccupant pour Poutine, son partenaire chinois a aussi participé aux dénonciations de l’attitude de la Russie par la voie de son ambassadeur à l’ONU Zang Jhu qui a affirmé que « La Chine a pris note des dernières évolutions de la situation en Ukraine », « Notre position [est] claire et constante ; c’est-à-dire que la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les pays doivent être respectées ». Une ligne de démarcation claire pour la Chine qui cherche à trouver une position d’équilibre entre la défense de son partenaire commercial et géopolitique tout en évitant de partager les risques et les conséquences potentielles d’une escalade qui pourrait coûter très cher à la Russie.

Comme nous le rappelions déjà le 20 septembre dernier, pour la classe ouvrière et les classes populaires de Russie et d’Ukraine, mais aussi de tout le continent, le tournant qu’ est en train de prendre la guerre est très grave et marque un tournant géopolitique mondial historique. Les menaces d’utilisations de l’arme nucléaire, même si tactiques, sont un danger mortel. Plus que jamais le mouvement ouvrier dans doit adopter une position de classe, indépendante de la Russie et de la politique réactionnaires de Zelensky et de l’OTAN.

 
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