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La Izquierda Diario
2 de décembre de 2022 Twitter Faceboock

Répression du mouvement écolo
6 mois ferme pour avoir bloqué une route : le Royaume-Uni intensifie la répression contre Just Stop Oil
Arno Gutri

Au Royaume-Uni, un militant de l’organisation Just Stop Oil a été condamné à six mois de prison ferme pour avoir participé à une action de désobéissance civile. Cette décision de justice inédite s’inscrit dans une offensive contre le mouvement écologiste et inaugure une nouvelle loi taillée sur mesure contre la désobéissance civile.

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Pour avoir bloqué la circulation du M-25, l’axe routier le plus emprunté du Royaume-Uni, en s’accrochant à un péage, Jan Goodey a été condamné à six mois de prison ferme. Le militant écologiste appartient à Just Stop Oil, une organisation britannique qui s’oppose à toute nouvelle extraction de combustible fossile et dénonce « l’inaction climatique » du gouvernement à travers des actions de désobéissance civile. Selon l’organisation, environ 700 militants ont été arrêté depuis le mois d’octobre et 30 d’entre eux sont encore détenus.

Un exemple pour dissuader la contestation

La condamnation de Jan Goodey marque un tournant dans la répression du mouvement écologiste au Royaume-Uni. C’est la première fois que la justice s’appuie sur une récente loi (le Police, Crime, Sentencing and Courts Act ou PCSC 2022) qui renforce l’arsenal juridique et policier visant explicitement les mouvements écologistes et leurs tactiques : « les actions récentes des organisations comme Just Stop Oil et Insulate Britain montrent que le gouvernement doit réagir pour empêcher un profond désordre », peut-on lire sur le site du gouvernement.

Désormais, s’accrocher à un objet fixe, bloquer la circulation ou empêcher le fonctionnement d’une infrastructure stratégique (aéroport, voie ferrée, entreprise de presse ou infrastructure pétrolière et gazière) est passible de six mois à un an d’emprisonnement et d’une amende d’un montant illimité. Lors du procès de Jan Goodey, les juges n’ont pas caché l’objectif de cette sanction inédite en assumant la volonté de faire de ce cas un exemple pour « dissuader » toute nouvelle action de désobéissance civile. Même l’entreprise publique qui gère le réseau routier du pays s’est doté d’une nouvelle législation ciblée : toute personne perturbant le traffic du M-25 encourt une peine d’emprisonnement, une amende illimitée, la saisie de biens ou une combinaison de ces peines.

Ce tournant ultra-répressif à l’encontre des militants écologistes suit la ligne autoritaire imposée par le nouveau Premier ministre du Royaume-Uni, Rishi Sunak, et la ministre de l’Intérieur, Suella Braverman. Selon le Guardian, Rishi Sunak aurait demandé à sa ministre d’user de tous les pouvoirs à sa disposition, notamment le PCSC 2022, afin de « réprimer ces groupes [écologistes] et ramener l’ordre et la loi dans les rues et sur les routes. »

« Bien que la police fait un excellent travail, a déclaré cette dernière lors de la conférence annuelle de la police britannique, on assiste récemment à une inquiétude dans sa capacité à prendre des mesures contre les radicaux, les bloqueurs de circulation, les vandales, les militants et les extrémistes (…) Je veux vous assurer de mon profond soutien, ainsi que de celui du gouvernement, dans votre engagement vers plus de fermeté pour maintenir l’ordre public ». Jeudi 1er décembre, la ministre de l’Intérieur poursuivait son obsession en recevant les chefs de la police afin de mettre en œuvre la machine répressive. Alors que de nouvelles actions de désobéissance civile sont annoncées dans les semaines à venir, l’appareil répressif attend ainsi de pied ferme les militants.

La criminalisation du mouvement écolo, un phénomène européen

La réponse répressive de l’Etat britannique face à la nouvelle vague de contestation du mouvement écolo trouve des échos ailleurs en Europe. Au Pays-Bas, des militants de Just Stop Oil ont été condamné à deux mois de prison ferme pour s’être collé à un tableau.

En matière de criminalisation de la lutte contre la destruction de la planète, le Royaume-Uni n’a rien à envier à la France. Ici, les militants sont qualifiés d’ « éco-terroristes » quand ils ne sont pas des « éco-séparatistes » ou des « black bloc verts ». Des termes habituellement réservés à d’autres groupes qui servent à légitimer la répression des militants. Lundi 29 novembre, cinq opposants au projet de méga-bassine à Sainte-Soline ont été condamnés à deux et trois mois de prison avec sursis et une limitation de leur déplacement pour le simple fait d’avoir participé à la manifestation interdite par la préfecture des Deux-Sèvres.

Mardi 15 novembre, Mediapart a révélé une circulaire du ministère de la Justice appelant à durcir la répression juridique à l’encontre des militants manifestant contre des « projets d’aménagement du territoire ». Prétextant des « troubles graves à l’ordre public et des atteintes aux forces de sécurité », Eric Dupont-Moretti en appelle à « une réponse pénale systématique et réactive ». De ce côté-ci de la Manche aussi, la réponse de l’Etat face au mouvement écologiste est à comprendre dans une politique plus large de répression de toute contestation. C’est le sens de la loi Lopmi, qui vise à renforcer l’arsenal répressif de la police et favoriser l’impunité policière.

Une offensive généralisée à l’encontre des militants écologiste, et des secteurs pratiquant la désobéissance civile, qui appelle à une réponse large. Les dynamiques répressives mises en place à l’encontre du mouvement climat en Grande bretagne pourront en effet être aisément utilisée par l’Etat contre l’intégralité du mouvement social. Il en va de même en France.

 
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