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La Izquierda Diario
7 de décembre de 2022 Twitter Faceboock

Transphobie
Une conférence transphobe de plus. Caroline Eliacheff invitée par la mairie d’Issy-Les-Moulineaux
Matthias Lecourbe

Après une série de conférences transphobes, annulées ou fortement compromises grâce aux mobilisations, c’est à présent la mairie d’Issy-Les-Moulineaux qui veut accueillir la psychanalyste réactionnaire Caroline Eliacheff dans un centre municipal le 13 décembre prochain.

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Le centre Parent-Enfant d’Issy-Les-Moulineaux organise ce 13 décembre une conférence de Caroline Eliacheff, autour de son pamphlet transphobe La Fabrique de l’Enfant Transgenre. Les tentatives de conférences transphobes se multiplient, mais une majorité a été annulée grâce aux mobilisations de personnes trans et de leurs alliées, en particulier à Lille et à Paris. Le risque d’un nouveau bad buzz n’a pas effrayé la mairie d’Issy, prête à soutenir Caroline Eliacheff qu’ils connaissent bien pour avoir été à la tête du CMP de la ville. Interpellée par une habitante, la mairie a nié le caractère transphobe de la conférence avant de louer les compétences de la pédopsychiatre. Contacté à plusieurs reprises suite à une série de dénonciations sur les réseaux sociaux, l’espace André Chedid tient ferme sa volonté de maintenir la conférence.

Pourtant, les positions de Caroline Eliacheff sont tout sauf neutres et scientifiques. On lui connaît déjà plusieurs prises de positions sur des « sujets de société » : elle s’est exprimée contre le PACS en 1999, a écrit un livre pour dénoncer le droit de porter le voile des salariées de crèches - au nom des enfants - à la suite de l’affaire Baby-Loup. Depuis quelques temps, elle s’intéresse particulièrement aux mineurs trans.

Elle a en particulier co-fondé « l’Observatoire de la Petite Sirène », un collectif transphobe, avec l’aide de figures de la Manif Pour Tous telles que Aude Mirkovic, Olivia Sarton, ou Anne-Laure Bloch. L’appel fondateur de l’Observatoire de la Petite Sirène a été massivement relayé dans les sphères pour le « combat des pères » ou encore dans les cercles royalistes, dans la plus pure continuité sociologique de ce qu’a été la Manif Pour Tous.

Dans leur ouvrage La Fabrique de l’Enfant Transgenre, Caroline Eliacheff et Céline Masson reprennent les préconisations de l’Observatoire de la Petite Sirène pour réagir face à la transidentité des enfants : « une approche psychothérapeutique qui soutient la personne dans l’acceptation de son sexe biologique comme le traitement de première intention le plus adapté aux jeunes qui présentent des souffrances liées au genre ». Une façon polie de revendiquer des pratiques maltraitantes qui étaient la norme pour la prise en charge des personnes trans il y a encore une dizaine d’années, et qu’on peut qualifier de thérapies de conversion. Une thérapie de conversion désigne toute pratique – qu’elle soit religieuse ou revêtue d’un habit « psychothérapeutique » – visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre de quelqu’un.

Ces thérapies, auxquelles appelle Caroline Eliacheff, renforcent les sentiments de honte, de dégoût de soi auxquels doivent faire face beaucoup de personnes LGBTI et qui augmentent leurs risques de souffrir de dépression ou d’essayer de se suicider par rapport aux personnes cisgenres et hétérosexuelles. Et alors que les personnes trans ont dix fois plus de chances d’attenter à leurs jours que des personnes cisgenres et hétérosexuelles, le fait d’avoir subi une thérapie de conversion par le passé double encore ce risque suicidaire.

Le consensus scientifique va aujourd’hui dans le sens de dire que réduire la stigmatisation autour des transidentités est le meilleur moyen d’améliorer la santé des personnes trans, et que les thérapies de conversion sont dangereuses et inefficaces. Pourtant, en 2021, au cours des discussions du projet de loi visant à interdire les thérapies de conversion en France, l’Observatoire de la Petite Sirène, dirigé par Caroline Eliacheff, a fait du lobbying auprès de parlementaires pour faire retirer la protection de l’identité de genre du projet de loi !

On comprend bien dès lors la force et la réactivité des mobilisations contre la tenue des conférences transphobes, et d’autant plus lorsque l’on constate que la banalisation des thèses transphobes aux États Unis a énormément renforcé l’extrême-droite et produit des phénomènes de terrorisme d’extrême-droite visant les personnes LGBTI comme on l’a vu avec l’attaque du club Q dans le Colorado il y a quelques semaines. À présent, près de la moitié des manifestations de droite aux États-Unis portent des mots d’ordre anti-LGBT !

Face à ces offensives, nous apportons tout notre soutien aux militants qui s’organisent pour saboter ces événements, dans la tradition du FHAR (Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire) ou du GAT (Groupe Activiste Trans) qui ont fait reculer les psychiatres réactionnaires et l’oppression patriarcale. Mais il est aussi urgent de construire à plus long terme des alliances larges et à chercher à faire porter la lutte contre la transphobie par l’ensemble de notre camp social que la bourgeoisie cherche à diviser en s’appuyant sur les oppressions.

Les jeunes trans n’ont pas besoin de thérapies pour leur faire « accepter leur sexe biologique », iels ont besoin de places d’hébergement, d’une allocation d’autonomie, de soins de transition gratuits, d’un accès libre aux études et d’un avenir débarrassé de la misère.

 
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