Crédits photo : JULIEN DE ROSA / AFP
Ce samedi, Macron présentait ses vœux pour la nouvelle année. Un discours placé sous le signe des attaques xénophobes, sécuritaires et antisociales, au cours duquel le président a surtout réaffirmé sa volonté de porter jusqu’au bout sa réforme des retraites.
Entre deux promesses d’attaques, Macron a également abordé la question climatique. Il ainsi déclaré : « Qui aurait pu prédire la vague d’inflation, ainsi déclenchée ? Ou la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays ? ».
« Ceux qui ont pu prédire » la crise climatique face à l’hypocrisie de Macron
Cette petite phrase a entraîné un tollé, alors qu’encore récemment le président jouait les champions du climat à la COP27. Des scientifiques spécialisés dans l’étude du changement climatique et des militants écologistes se sont en effet légitimement indignés des propos du président, rappelant que la réalité du changement climatique et de ses conséquences est un fait établi scientifiquement depuis des décennies.
Christophe Cassou, climatologue directeur de recherche au CNRS et auteur principal du sixième rapport du GIEC, a ainsi interpellé Macron sur Twitter : « Allô Jupiter, ici la Terre : il fait 22°C a 22h, un 1er Janvier 2023 [...] Le #GIEC avait prévenu depuis 30ans. »
La paléoclimatologue Valérie Masson Delmotte, coprésidente du groupe de travail n°1 du GIEC, a quant à elle repartagé dans un tweet lapidaire des fiches récapitulatives sur les impacts et risques liés au changement climatique qu’elle avait présenté à Macron en mai 2022 ...
Auprès de France Info, le climatologue Jean Jouzel évoque une réunion de présentation du cinquième rapport du GIEC a l’Élysée en 2013 auprès de François Hollande, et de son secrétaire général adjoint de l’époque - le même Emmanuel Macron. « Cela fait dix ans quand même, je ne comprends pas qu’il ait pu dire ça », témoigne le climatologue, dépité.
Toujours auprès de France Info, Magali Reghezza-Zitt, géographe et membre du Haut Conseil pour le climat, fustige le président : « Il reprend un des arguments de l’inaction [le "on ne savait pas"], comme s’il anticipait que c’était perdu et qu’il commençait à se dédouaner avant même d’avoir essayé ». Elle conclue : « Dire en 2022 qu’on ne savait pas, c’est simplement une fake news. »
Une petite phrase révélatrice du cynisme de Macron sur le terrain de l’écologie
Cette petite phrase n’a évidemment pas été placée là par hasard : elle participe de l’objectif de dédouaner Macron de sa gestion chaotique et criminelle des derniers épisodes climatiques extrêmes.
Entre la canicule meurtrière de cet été, qui a tué plus de 10 000 personnes rien qu’en France ou les incendies qui ont révélé le manque de moyens pour y faire face alors qu’ils vont se multiplier avec la montée des températures, le gouvernement a en effet marqué dans la dernière période son incapacité à maintenir un semblant de gestion face aux premières conséquences de la crise climatique. Une situation qui se poursuit avec la crise énergétique.
Dans le même temps, les mensonges de son écologie pro-patronale sont de plus en plus flagrants : malgré les fanfaronnades de Macron et ses multiples mensonges, les émissions de CO2 en France n’ont pas réellement baissé en 2022 (-0,3%), alors qu’elles devraient être réduites d’au moins 5% par an, ne serait-ce que pour se conformer aux objectifs européens.
Mais si cette petite phrase a entraîné un tel tollé, c’est également qu’elle illustre tout le cynisme de la politique écologique de Macron. Contrairement à ce qu’il voudrait laisser penser, il n’est pas tombé des nues face aux ravages de la crise climatique. Les présentations de Jean Jouzel ou de Valérie Masson Delmotte ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd, seulement Macron s’en est servi pour sa communication et pour défendre sa promesse illusoire d’une écologie entre les mains du patronat.
En effet, Macron est très au fait des enjeux climatiques lorsqu’il s’agit de draguer la jeunesse sur youtube, de faire le beau à la COP27, d’offrir de l’argent magique aux multinationales sous couvert de « transition », ou encore de lancer des grandes phrases à la « Make our planet great again » ou « There is no planet B ».
Entre les mains de l’Etat, l’écologie n’est qu’un levier de communication pour promouvoir des politiques antisociales et pro-patronales. Une logique qui nous entraîne droit dans le mur, alors que les conséquences de la crise écologique se font de plus en plus violentes à l’échelle internationale.
Par ses vœux, le président nous rappelle que sur le terrain de l’écologie comme sur les autres, il n’y a rien à attendre de l’État. Avec la nouvelle année son annoncées des offensives inédites, entre la réforme des retraites, la loi immigration et la poursuite de l’écologie pro-patronale et antisociale du gouvernement.
C’est une lutte d’ensemble qu’il faut dès maintenant préparer, dans laquelle les militants écologistes doivent tisser des alliances avec les secteurs du monde du travail. Seule une lutte de ce type, qui mettra au centre le blocage de l’économie par la grève et agrègera différents secteurs du mouvement social et de la jeunesse, sera à même de battre en brèche les politiques cyniques et antisociales de Macron et de son monde, aussi bien sur les terrains des retraites, des salaires, des frontières et de l’écologie. | 
