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La Izquierda Diario
9 de janvier de 2023 Twitter Faceboock

« Plan chasse » du gouvernement : 14 mesures taillées pour satisfaire le lobby des chasseurs
Maurice Junius

Ce lundi, le gouvernement a présenté son plan chasse. Malgré le scandale suscité ces dernières années par différents accidents de chasse mortels pour des riverains, le gouvernement a assumé sans détour son orientation pro-chasse et clientéliste.

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Ce lundi, Bérangère Couillard, secrétaire d’État chargée de l’écologie, annonçait le nouveau « plan sécurité de la chasse » du gouvernement. Ce dernier était très attendu par les associations de victimes de la chasse ainsi que par les organisations de préservation de la biodiversité et du bien-être animal.

Des annonces attendues par les associations écologistes et de victimes

En effet, sur la saison 2021/2022 ce sont 90 accidents de chasse qui ont été recensés par l’OFB (Office français de la biodiversité), dont 8 mortels. Même si on peut noter une baisse tendancielle des accidents par rapport aux années 2000, cette saison a été marquée par 10 accidents supplémentaires par rapport à la précédente, et la part de non-chasseurs parmi les victimes a augmenté.

Ces derniers représentaient 9% des blessés et des morts en 2010, contre 26 % en 2021. Vététistes, joggeurs et promeneurs qui tentent de profiter de la forêt sont ainsi chaque année tués par des chasseurs, de même que des riverains.

Or, sans surprise et comme après chaque annonce qui traite de ces questions, ces mêmes organisations ne cachent pas leur déception. En effet, entre le refus d’instaurer des mesures qu’elles réclamaient de vive voix et celles adoptées, totalement cosmétiques, les annonces du gouvernement ne reflètent rien d’autre que la volonté de ménager les chasseurs par un plan profondément pro-lobby de la chasse.

Un plan pro-lobby de la chasse

Notamment, c’est le refus d’instaurer une interdiction de la chasse le dimanche qui a cristallisé la colère. Alors que cette proposition est revendiquée par de nombreuses associations et habitants de communes rurales, le gouvernement a choisi de s’aligner entièrement avec le lobby de la chasse opposé à la moindre restriction sur ce terrain.

A l’écoute du lobby de la chasse, le gouvernement a préféré une série de mesures qui serviront d’abord à étayer son plan de communication. Sur la question de la sécurité des promeneurs, le gouvernement a par exemple annoncé, la mise en place d’un gadget : une application permettant de signaler les chasses en cours. Au-delà du caractère ultra-minimal de la proposition, et ce alors que de telles applications existent déjà, celle-ci risque de permettre de rejeter la faute de futurs accidents sur les futures victimes, à qui l’on pourra reprocher de ne pas s’être renseigné avant de se rendre sur une zone de chasse.

Autre mesure, la mise en place d’un plan de sensibilisation et de formation des chasseurs. Parmi les rares contraintes qui seront imposées à ces derniers dans ce cadre… la création d’un délit d’alcoolémie avec une possibilité de sanction au-delà de 0,5 grammes d’alcool par litre de sang. Une mesure dont on est surpris d’apprendre qu’elle n’existait pas encore, et dont il est du coup difficile de se féliciter…

Parmi les autres mesures on peut citer le renforcement des « formations décennales à la sécurité », l’imposition d’une formation obligatoire pour les organisateurs de battues ou la réalisation systématique d’audits sur des sites où ont eu lieu des accidents. Au total ce sont 14 mesures que le gouvernement a présenté, et pas une ne changera profondément la situation dénoncée par nombre d’associations et de riverains.

Les chasseurs le reconnaissent d’ailleurs sans problème. Dans Midi Libre, Max Alliès, président de la Fédération départementale des chasseurs de l’Hérault (FDC34), a ainsi réagi aux annonces en expliquant sans détour : «  La formation décennale des chasseurs, des chefs de battue, cela existe. Cela fait 10 ans que c’est instauré sur notre département. Le gouvernement a repris dans les propositions des mesures préconisées par certaines fédérations. Autre exemple, un audit en cas d’accident. Nous faisons des audits d’observation par une équipe indépendante qui va, pendant une journée, suivre une équipe de chasse avec un bilan sur ce qu’il faut améliorer. Que ce soit le rapport sénatorial ou les annonces de la ministre, beaucoup de choses se pratiquent déjà. (…) Ce qui aurait mis le feu aux campagnes, l’interdiction d’une journée de chasse inscrite dans la loi. »

Macron, ami des chasseurs

Loin des enjeux de protection des riverains et de la biodiversité, ce nouveau plan n’est donc qu’un énième cadeau de la part d’Emmanuel Macron au lobby de la chasse. En effet, depuis le début de son premier quinquennat, le Président est dans une grande opération séduction à destination de ce secteur : coût des permis divisé par deux, augmentation des subventions accordées à la Fédération nationale de la chasse (FNC) de 42 000% depuis 2017, pas d’interdiction de la chasse à courre, dérogations pour la chasse de certaines espèces protégées, réhabilitation de méthodes dites traditionnelles de piégeages particulièrement cruels pour chasser les oiseaux, nomination au ministère de l’agriculture d’un chasseur, etc.

Tout cela n’est pas vain pour le pouvoir en place, puisqu’à quelques jours des élections présidentielles de 2022, Willy Schraen, président de la FNC annonçait qu’il allait voter pour Emmanuel Macron « dès le premier tour » Une déclaration en forme d’appel au vote, pour la tête d’une organisation de poids, particulièrement politique : Willy Schraen est connu pour ses prises de positions réactionnaires, sécuritaires et climatosceptiques.

Car oui, l’électorat des chasseurs a de l’importance. On compte plus de 1.2 millions possesseurs de permis répartis dans 70 000 associations locales. Une étude de l’IFOP datant de 2017 montrait que les chasseurs avaient voté plus que la moyenne nationale pour des candidat-es de droite ou d’extrême droite au premier tour de l’élection présidentielle (+1,5% pour François Fillon et +12% pour Marine Le Pen) avecun total de 38% de votes pour Le Pen et 21% pour Fillon.

Loin des grands discours et des conventions citoyennes, cette nouvelle manœuvre électoraliste montre bien qu’aucune illusion n’est à se faire quant à la protection de l’environnement par le gouvernement. Cette ligne de soutien clientéliste du président à l’égard du lobby de la chasse s’inscrit quant à elle, dans la continuité de la tentative de captation de l’électorat de droite par des politiques sécuritaires et réactionnaires.

 
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