http://www.revolutionpermanente.fr/ / Voir en ligne
La Izquierda Diario
18 de janvier de 2023 Twitter Faceboock

Lycées
« Je vais me mobiliser pour mes parents » : les lycéens fortement mobilisés contre la réforme des retraites ?
Alexis Taïeb

Ces derniers jours, à plusieurs reprises les médias ont tenté de disqualifier d’avance une mobilisation de la jeunesse lycéenne contre la réforme des retraites craignant une jonction avec le mouvement ouvrier. Entretien avec Dora, 17 ans, en classe de terminale à Paris, qui se mobilisera le 19 janvier.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Je-vais-me-mobiliser-pour-mes-parents-les-lyceens-fortement-mobilises-contre-la-reforme-des

Crédit photo : AFP

Révolution permanente : Les médias et le gouvernement répètent que la question des retraites n’est pas une affaire de jeune. Qu’as-tu à leur répondre ?

Dora : Que cette réforme nous concerne sur pleins d’aspects. Le gouvernement veut nous exploiter au moins deux années supplémentaires. C’est sûr que, pour nous, comparé aux travailleurs qui vont directement subir la réforme, on ne sera pas touché tout de suite. Mais, pour autant, on a largement de quoi être concerné.

Déjà, ne serait-ce que pour nos parents. Personnellement, ma mère travaille dans un pressing, elle est au contact de produits chimiques pour laver les vêtements, avec des bruits de machines toute la journée, debout. Récemment, elle a eu un accident au travail, elle s’est cassée les deux mains et est en arrêt depuis plusieurs mois. Elle a même dû subir une opération. Elle sera handicapée pour toujours. Mon père aussi a un métier pénible : il travaille dans un magasin de fruits et légumes et porte des charges lourdes toute la journée. Aujourd’hui, il a 57 ans et il ne rêve pas forcément de faire ça jusqu’à la fin de sa vie. Il se lève à 3 heures du matin et il travaille en horaires décalées. Rien que pour mes parents, je me mobiliserai car je ne veux pas qu’ils partent encore plus tard à la retraite.

Et puis c’est notre avenir à nous qui est en jeu. Nous aussi on va devoir rentrer dans le monde du travail plus ou moins rapidement. Y compris idéologiquement, on s’oppose à cette réforme. Concrètement, on nous demande de travailler plus longtemps dans un système qui détruit chaque jour un peu plus notre planète.

RP : On a vu les lycéens se mobiliser à de nombreuses reprises ces derniers mois pour dénoncer la sélection, la détresse psychologique, les conditions d’études dégradées. Selon-toi, ces revendications vont-elles être présentes à nouveaux dans les mobilisations lycéennes ?

D. : Oui, ça sera toujours nos revendications. On reste fermement opposé à Parcoursup et à la sélection. Depuis plusieurs années, on voit des lycéens stressés par la sélection. On nous vend la méritocratie, mais, en réalité, on nous met en concurrence les uns contre les autres. Après je ne peux pas prédire, j’imagine que ces revendications seront encore présentes, mais on verra, ça dépendra des lycées mobilisés.

RP : Dans un contexte de crises multiples (retour de la guerre, crise climatique et économique), Macron a annoncé récemment vouloir rendre obligatoire le Service Nationale Universel. Comment vois-tu cette annonce du président ?

D. : Pour moi c’est une aberration. Le gouvernement veut nous endoctriner dans une idéologie militariste. En plus, on a vu ce qu’il s’est passé lors des derniers stages de SNU, lorsque les participants ont été punis collectivement en faisant des pompes la nuit, ou encore quand des dizaines d’élèves ont dû partir aux urgences après être restés au garde-à-vous en plein soleil plusieurs heures durant. Ça en dit long sur le mode de fonctionnement de ces stages et leurs objectifs. Au-delà de ça, ça me révolte qu’autant d’argent soit dépensé dans le SNU (140 millions d’euros en 2023), alors qu’il pourrait servir dans l’éducation par exemple.

RP : Qu’aurais-tu à dire aux lycéens qui hésitent à se mobiliser ?

D. : Si on ne le fait pas, personne ne le fera pour nous. Je comprends que ça puisse faire peur de se lancer, au vu de toute la répression qu’on peut subir. Mais il faut qu’on soit plus nombreux, plus fort. Si le gouvernement nous réprime, c’est parce que ça lui fait peur de voir les lycéens se mobiliser. Pour finir, je pense qu’on ne doit pas attendre d’être formaté ou d’avoir à tout subir dans quelques années pour commencer à se battre contre l’avenir qu’on nous promet. On doit commencer maintenant. On doit créer une génération qui s’insurge, qui est assez solide pour remettre ce système en question.

 
Revolution Permanente
Suivez nous sur les réseaux
/ Révolution Permanente
@RevPermanente
[email protected]
www.revolutionpermanente.com