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La Izquierda Diario
9 de février de 2017 Twitter Faceboock

A ne pas manquer en mars au cirque Romanès
« Les jours qui ébranlèrent le monde ». La révolution russe en théâtre, un spectacle incontournable
Flora Carpentier
Dam Morrison

A l’occasion du centenaire de la Révolution Russe, ce vendredi 3 février se jouait à La Parole Errante l’avant-première de la pièce de théâtre « Les jours qui ébranlèrent le monde », création collective de la compagnie La Bourlingue, mise en scène par Pascal Turbé à partir de l’ouvrage du même nom écrit par le journaliste et socialiste américain John Reed en 1920. Avec un talent et une créativité défiant l’échelle du temps, les sept comédiens entraînent le public sur les pas de la Révolution Russe dans les moments précédents la prise du pouvoir par les Bolchéviques, décrits avec brio par John Reed, témoin direct des évènements qui ont littéralement ébranlé le monde en 1917. Par une interprétation qui redonne toute sa vitalité et une actualité saisissante à la révolution d’octobre, le metteur en scène a souhaité raconter cette révolution effacée des livres scolaires, où l’ « on ne parle que du stalinisme mais pas de la révolution russe ». Sa volonté était d’y revenir « sans se focaliser sur les grandes figures mais plutôt sur le quotidien de ces jours-là », en se plongeant au cœur des débats de l’époque entre les acteurs de ce chamboulement historique, les masses ouvrières et paysannes. Et il faut reconnaître que le pari est particulièrement réussi.

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La narration est structurée en plusieurs scénettes qui s’alternent au fil de la chronologie des évènements, entre la révolution de Février et la prise du pouvoir par les Bolcheviks en Octobre 17. Ainsi, nous suivons un groupe de prolétaires qui se retrouvent à l’occasion de la queue pour acheter le pain, et commentent l’actualité révolutionnaire de leur point de vue d’une vie difficile, entre le froid sibérien et le manque d’approvisionnement, qui peu à peu vont se politiser jusqu’à devenir une cellule militante prenant part à la révolution. Ces scènes sont l’occasion très intéressante de voir les questionnements et contradictions qu’il existait au sein du prolétariat subissant de plein fouet les conséquences des séismes politiques de l’époque, mais aussi son « éveil », la soif de culture et de connaissances que lui a apporté la lutte pour le socialisme. Parmi les débats, reviennent les réflexions sur le rôle des femmes dans la révolution, les stratégies de prise du pouvoir, mais aussi la question de l’homosexualité.

Les différents acteurs politiques de la révolution sont présentés lors d’un jeu télévisé moderne et anachronique, donnant chacun leur vision des stratégies et orientations politiques : tour à tour, la présentatrice interroge la Bourgeoisie, l’aristocratie, les paysans et le prolétariat, s’affrontant parfois violemment pour s’imposer sur la scène politique. A l’approche de la révolution d’Octobre, on voit entrer en scène les Socialistes Révolutionnaires, les Menchéviks, les Cadets et les Bolchéviks, avant que ces derniers remportent le jeu.

A travers ces deux trames narratives, nous assistons à une véritable chronologie des évènements qui mènent à la révolution d’Octobre, à la fois du point de vue des prolétaires que de la minorité qui détenait le pouvoir jusqu’ici. L’enseignement historique est donc très important. Et pourtant, grâce à la fraicheur de la mise en scène, au jeu énergique des acteurs et à l’humour omniprésent, on ne s’ennuie pas une seconde. D’ailleurs, la fin de la pièce arrive un peu par surprise, au lendemain de la prise du pouvoir. S’arrêter au moment de la prise du pouvoir par les Bolcheviks était cependant un choix du metteur en scène, qui à voulu se concentrer sur l’histoire qui a mené à la révolution plus que sur ses résultats et conséquences.

Les débats abordés sont d’une étonnante actualité dans cette période de crise mondiale, où les luttes sociales reviennent ici et là sur le devant de la scène, comme en France au printemps dernier avec la mobilisation remettant en cause la Loi El Khomri, mais plus largement « son monde », le Capitalisme. Ainsi, la pièce fait tout à fait écho à notre situation actuelle, et apporte des clefs de réflexion pour les luttes d’aujourd’hui et de demain, à travers le devoir de mémoire de l’histoire du mouvement ouvrier.

A l’issue du spectacle, nous avons interviewé le metteur en scène Pascal Turbé et deux des comédiennes.

Comment vous est venue l’idée de jouer une pièce sur la révolution russe ?

Pascal Turbé :Ça faisait longtemps que j’avais envie de faire quelque chose sur la révolution russe et que je guettais 2017 pour le centenaire. J’avais adoré le livre de John Reed, et je me sens proche des idées des Bolchéviques, donc il y avait l’envie de partager ça avec des personnes qui ne connaîtraient pas forcément. On s’est retrouvés sur l’envie d’un théâtre politique,qui ne soit pas de dénonciation mais qui soit tourné vers l’avenir, vers le changement, le fait de se mettre debout. La période est assez dure, allons chercher un peu d’optimisme.

La pièce est une création collective. Comment a-t-elle vu le jour ?

Christine :Pascal cherchait une nouvelle équipe pour ce projet. La première étape ça a été de lire le livre de Reed, et de la documentation sur la vie à cette époque.

Alexandra :Toutes les scènes qu’on présente ont été nourries d’improvisation, et peu à peu ça s’est affiné même si la moitié du spectacle reste improvisé sur des axes très précis. A la base certains d’entre nous ne connaissaient pas bien la révolution russe, d’autres connaissaient des choses et avaient envie de les explorer. On s’est nourri du travail des uns et des autres.

Il y en a des choses à explorer dans le processus de la révolution russe. Vous vous étiez donné un axe particulier ?

Christine :Ce qui nous intéressait c’était de montrer la révolution vécue de l’intérieur, de savoir ce qui avait motivé les gens à faire la révolution. Tout notre travail ça a été cette recherche-là, pourquoi ils ont fait bouger autant les choses.

Alexandra :La révolution russe on n’en parle pas dans les livres d’histoire, on parle plus de l’après. Donc on a essayé de retranscrire l’instant présent, ce qu’il se passait dans la tête de chacun, comment les idées bouillonnaient. On s’est rendu compte qu’il y avait des parallèles qu’on pouvait faire avec notre époque, c’est peut-être pour ça justement qu’on essaye d’amener du moderne dans les scènes, la plupart du temps on n’essaye pas de faire une reconstitution historique.


Pour vous les enseignements de la révolution russe sont porteurs d’espoir ?

Pascal Turbé : Oui parce qu’on voit les gens s’interroger, la soif de connaissance, de lecture, de comprendre, de discussions… C’est fou de se dire que les préoccupations des gens étaient autant comment on va organiser la société que ce qu’on va mettre dans l’assiette le soir. Et c’est impressionnant de voir comment ça peut basculer très vite. C’est ce que je trouve intéressant dans ce genre de période, et ça c’est une source d’espoir.

A voir les 6, 7, 13 et 14 mars 2017 à 20h30 au cirque Romanès, Square Parodi, boulevard de l’Amiral Bruix, 75016 Paris (métro Porte Maillot).

 
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