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Un an après les ordonnances

Baisse de 15% des recours aux prud’hommes, les signes d’une fragilisation des travailleurs

C'était l'un des objectifs affichés des ordonnances travail voulu par Macron à la rentrée 2017, dans la foulée de son élection : plafonner les indemnités de licenciement pour les travailleurs. Le résultat est net, le tribunal des prud'hommes enregistre une baisse des recours. Cette nouvelle est une réussite pour le gouvernement Macron qui interprète publiquement cela comme un apaisement des relations entre le patronat, les corps intermédiaires et les salariés. Mais à quoi bon mener un combat quand il est perdu d'avance ? Loin de signaler un apaisement, des velléités de « discussion », cette baisse traduit plutôt un affaiblissement des travailleurs licenciés qui ne peuvent plus espérer des prud'hommes que ce que les plafonds déterminent à l'avance. De quoi en décourager plus d'un.

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Le mirage de la flexi-sécurité ultralibérale

Le concept libéral de flexi-sécurité, qui sous-tend l’ensemble de la série de réformes libérales conduites notamment depuis 2015 et la loi dite « loi Macron », suggère que davantage de souplesse pour licencier se traduira mécaniquement par une hausse des embauches, le problème étant que les patrons seraient tétanisés à l’idée d’embaucher sans pouvoir débaucher en cas de fluctuation de la conjoncture économique. La flexibilité engendrerait donc de la « sécurité » pour les travailleurs qui auront prétendument la possibilité de pouvoir se faire réembaucher par des patrons rassurés et confiants. La réalité cependant est tout autre. L’idée selon laquelle réformer lourdement en faveur du patronat permettra d’instaurer en France une situation comparable à celle de l’Allemagne voire des Etats-Unis est un mirage que les travailleurs payent. La France en effet n’a pas le tissu industriel de l’Allemagne qui a pour elle des voies d’exportations solides en dehors des frontières de l’Europe. Elle n’est pas non plus les Etats-Unis qui globalement résistent mieux à la crise que l’Europe. Le chômage reste fort en France (aux alentours des 9,1% en août 2018) 10 ans après la déflagration bancaire et financière de 2007-2008. Les très légères baisses enregistrées doivent plutôt à la reprise de la croissance au niveau mondial qu’aux réformes des gouvernements Hollande et Macron.

Les travailleurs : la variable d’ajustement du patronat

Il faut le rappeler : il n’y a pas de combat commun entre patrons et travailleurs contre le chômage de masse. Le patronat ne désire pas le plein-emploi, il désire la croissance ce qui représente une différence de taille. Certes l’un des effets d’une croissance solide sera la hausse des embauches, cependant il ne faut pas confondre le but et l’effet collatéral. D’une manière générale les périodes de plein-emploi sont défavorables aux patrons dans le rapport de force qui les oppose à leurs salariés pour les conditions de travail et les salaires notamment. Avoir sous la main une armée de réserve de travailleurs prêts à se faire embaucher au rabais est un instrument de profitabilité important. La flexibilité n’a donc pas du tout pour objectif d’en finir avec le chômage, mais seulement la hausse des marges de profit. De ce point de vue, la loi travail fonctionne donc bien. Le nombre de ruptures conventionnelles collectives (RCC), plans de licenciements déguisés, à atteint cette année le nombre de 66 tandis que les recours aux prud’hommes ont enregistré une baisse significative de 15% alors que le chômage se maintient à un taux important, et ce malgré tous les efforts effectués pour atténuer les chiffres. Tout cela est le signe très manifeste que les lois travail de 2016 et 2017 n’ont rien de plus à offrir aux travailleurs que le système dans son entier qu’il est plus que temps d’abattre.


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