×

Grève

CHU de Montpellier : les grévistes d’Onet reconduisent le mouvement pour la huitième fois !

Ce mercredi, les salariés d'ONET du CHU de Montpellier mobilisés depuis 8 jours ont décidé de reconduire la grève, après une réunion avec la direction régionale de l'entreprise qui ne les a rencontrés que pour les mépriser et ne pas céder à leurs revendications.

Lucas Darin

20 septembre 2023

Facebook Twitter
CHU de Montpellier : les grévistes d'Onet reconduisent le mouvement pour la huitième fois !

Des grévistes en colère, une détermination à toute épreuve

Après deux débrayages mercredi et jeudi derniers, les salariés de l’entreprise ONET qui assure la sous-traitance du nettoyage de certaines zones du CHU de Montpellier se sont mis en grève, contre le flicage de leur employeur qui leur impose pointeuse, cadences infernales et sanctions arbitraires, et pour l’obtention d’un 13ème mois.

Depuis, les grévistes tiennent tous les jours à partir de 5h du matin un piquet de grève devant l’hôpital, sur lequel ils expriment toute leur détermination à travers une ambiance électrique. Chaque jour, ils animent leur piquet jusqu’en fin d’après-midi, en mangeant ensemble, discutant, et chantant slogans et revendications sous les fenêtres de la direction du CHU complice d’ONET.

Une direction qui reste sourde et joue l’épuisement

Pour ce 8ème jour de lutte, la direction d’ONET est même passée sur le piquet de grève à l’hôpital avant les négociations, pour mettre la pression aux grévistes et leur conseiller de reprendre le travail, prétextant qu’elle ne pourrait pas satisfaire les revendications. Après l’arrivée de la direction régionale mardi 19 pour renforcer l’équipe locale et peser sur les grévistes, ce passage sur le piquet est une nouvelle attaque de la multinationale spécialisée dans l’exploitation toujours plus dure de salariés précaires. Sans surprise, l’entreprise n’a pas encore cédé aux revendications des grévistes, affichant ainsi son profond mépris pour des femmes et des hommes qui exercent des métiers particulièrement pénibles et qui luttent avant tout pour leur santé et leur dignité.

En effet, ONET est bien au fait de la réalité des conditions de travail, dont témoignent les grévistes très remontés dans les discussions sur le piquet de grève : « en une journée de 7h, je fais entre 70 et 100 pièces ! » témoigne une gréviste. Un autre nous explique qu’il a passé 8 ans en CDD. Au-delà même des conditions de travail, les travailleuses et travailleurs mobilisés racontent l’impact sur leurs conditions de vie. Avec un temps partiel imposé, et des journées de travail entre 5h et 8h du matin, une d’entre elle ne peut jamais voir ses enfants le matin et les accompagner à l’école. Certains nous expliquent aussi la dimension raciste du travail : « ils se servent du fait que les étrangers peuvent être dans des situations difficiles pour imposer des temps partiels, et ne pas te payer beaucoup d’heures.

Si la direction reste sourde à la colère des grévistes, ce n’est pas par manque de lucidité sur ces conditions de vie et de travail insupportables : c’est bien parce que son intérêt est de continuer à exploiter ses salariés, et que seul un rapport de force conséquent pourra la faire plier.

Face à ce mépris, et bien déterminés à obtenir satisfaction, les grévistes ont reconduit leur mobilisation et tiendront à nouveau un piquet de grève demain matin.

Le défi d’une grève qui dure, la faiblesse d’ONET

Leur employeur espérant l’épuisement du conflit, les grévistes font face au défi de s’organiser collectivement pour durcir leur grève, et développer un rapport de force qui fera céder ONET. Alors que les premiers jours sont passés, la grève rentre maintenant dans une seconde phase, dans laquelle il est essentiel de maintenir et même d’augmenter la pression sur une direction qui est loin d’être en position de force.

En effet, l’entreprise paraît aujourd’hui être inquiétée par ce conflit : ce n’est pas pour rien que la direction régionale est venue épauler la direction locale et apporter tout son poids pour peser sur les grévistes durant les négociations, ou qu’elle vient sur le piquet pour tenter de démoraliser les salariés mobilisés. Au contraire, le CHU représentant un énorme contrat pour l’entreprise, cette grève a sûrement déjà un impact financier considérable pour ONET.

La principale force des grévistes réside aujourd’hui dans leur détermination impressionnante, et leur collectif dynamique. En plus d’être des dizaines à tenir le piquet tous les jours, l’idée de faire des tracts revient dans les discussions, ils organisent les repas ensemble, et ont lancé une caisse de grève ce lundi 18 septembre.

Bien résolus à lutter jusqu’à la victoire, les grévistes ont comme challenge de s’organiser en assemblées générales pour trouver collectivement des réponses aux questions qui leur permettront de développer un rapport de force suffisant pour faire céder ONET, pour décider des suites de la grève et qui sait, peut-être élargir leurs revendications face à une direction qui risque d’être prête à tout pour arrêter la grève si le conflit dure.

Parmi les axes pour développer le rapport de force, deux interrogations paraissent centrales :

D’abord, comment s’entourer et trouver du soutien ?
La constitution d’un large front de soutiens, qui aident autant à apporter du moral sur le piquet de grève qu’à tenir financièrement en donnant à la caisse de grève, mais aussi à apporter leur poids politique dans la bataille, est essentiel.
En ce sens, les grévistes ont déjà trouvé plusieurs alliés : les militants de Révolution Permanente et les militants du collectif étudiant Le Poing Levé présents sur le piquet tous les jours, la visite de militantes de la Coordination Contre les Violences de Genre et de Nathalie Oziol, députée de La France Insoumise, mais aussi et surtout de militants de la CGT du CHU qui apportent un soutien actif à la mobilisation.

Ensuite, comment percer médiatiquement ?
Les grévistes sont très conscients du poids de la médiatisation dans un rapport de force. Plusieurs d’entre eux expliquaient sur le piquet que si les pertes financières pour ONET sont leur principal atout dans cette lutte, la médiatisation de leurs conditions de travail et de leur lutte est une arme très importante pour faire pression sur le CHU et sur leur employeur. Transformer ce conflit en "scandale" pour le CHU et ONET est une des clefs de leur grève, qui pourrait prendre une ampleur nationale comme la grève d’Onet SNCF en 2017, la grève à Ibis Batignolles ou encore la grève actuelle à Emmaüs.

Si les grévistes sont les principaux acteurs de cette lutte qui constitue une véritable leçon de combativité, nous avons toutes et tous un rôle à jouer pour les aider à obtenir une victoire contre la multinationale ONET.

En venant les soutenir sur le piquet de grève ou juste les saluer, en donnant à la caisse de grève, en répondant présent s’ils appellent à un rassemblement, et en partageant les informations sur la grève, nous pouvons chacun et chacune jouer un rôle décisif dans cette lutte.


Facebook Twitter
Scandale : l'inspection du travail refuse le licenciement de Christian Porta, InVivo tente de passer en force

Scandale : l’inspection du travail refuse le licenciement de Christian Porta, InVivo tente de passer en force

Répression syndicale : 300 personnes aux côtés de Christian Porta face aux patrons voyous d'InVivo

Répression syndicale : 300 personnes aux côtés de Christian Porta face aux patrons voyous d’InVivo


Pour un 1er mai contre leurs guerres et l'austérité : rejoins les cortèges de Révolution Permanente !

Pour un 1er mai contre leurs guerres et l’austérité : rejoins les cortèges de Révolution Permanente !

La précarité tue : une étude de l'Inserm pointe la surmortalité liée au chômage

La précarité tue : une étude de l’Inserm pointe la surmortalité liée au chômage

Belgique. Les postiers en grève massive face à la menace de suppression de 4 500 emplois

Belgique. Les postiers en grève massive face à la menace de suppression de 4 500 emplois

Casse sociale chez Casino : plus de 3000 postes supprimés !

Casse sociale chez Casino : plus de 3000 postes supprimés !

Contre la répression de Siham Touazi, la CGT 95 appel à un rassemblement le 7 mai à Pontoise

Contre la répression de Siham Touazi, la CGT 95 appel à un rassemblement le 7 mai à Pontoise

Grève massive des conducteurs de bus de Montesson et Argenteuil pour les salaires

Grève massive des conducteurs de bus de Montesson et Argenteuil pour les salaires