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Nier la contestation, elle revient au galop

E3C. 43 % des lycées perturbés, mais tout va très bien pour M. Blanquer !

Alors même que le ministre de l’Education Nationale persiste à nier l’évidence, en déclarant ce matin que « les épreuves se passent bien dans 85 % des établissements », les chiffres relayés par les établissements en lutte contre les E3C révèlent une toute autre réalité. Dans presque la moitié des 1 513 lycées d'enseignement général et technologique français, les épreuves anticipées du baccalauréat se sont déroulées dans des conditions désastreuses, tandis qu’elles ont dû être reportées dans 170 établissements.

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Crédits photos : Blocage au lycée Maurice Ravel, à Paris. AFP / Jérôme Gilles/ Nur photos

Alors même que la mobilisation contre la réforme des retraites se poursuit chez les enseignant.e.s, le nouveau baccalauréat, lui aussi, ne passe toujours pas. Dans une tribune publiée hier dans le journal Libération, 250 professeurs de lycées ont à nouveau dénoncé le caractère inégalitaire du nouveau baccalauréat, ainsi que le mépris affiché du ministère, qui oscille entre « négation de la réalité et répression ». Pourtant, le même jour, lorsqu’une députée interroge Jean-Michel Blanquer lors des questions au gouvernement, et demande la suspension des E3C pour « rupture d’égalité », le ministre l’accuse encore de « caricaturer et de schématiser » tant la teneur des épreuves (dont les sujets et les corrigés ont déjà massivement fuité sur les réseaux sociaux…) que la nature de la contestation massive que lui opposent les enseignant.e.s depuis le début du mouvement social.

La « négation de la réalité » est donc bien là : l’état des lieux des actions passées contre le bac Blanquer mis en ligne par le collectif « Stop Bac Blanquer – Stop E3C » le dimanche 2 février est éloquent. Ce recensement révèle que, contrairement aux effets d’annonce du ministre qui avancent des sous-estimations délirantes depuis le début de la mobilisation dans l’Education Nationale, les épreuves ont dû être annulées dans 170 lycées (y compris au lycée français d’Haïti !), seule une partie des élèves a composé dans 56 lycées, des blocages et des perturbations ont eu lieu dans 148 lycées, tandis que des blocages et des actions ont eu lieu avant même la tenue des épreuves dans 150 lycées. Dans les Outre-Mer, 14 lycées sur 14 ont été bloqués en Martinique et 14 sur 15 en Guadeloupe ! Interrogé ce matin dans le journal Les Echos, Philippe Vincent, secrétaire général SNPDEN (principal syndicat de proviseurs), confirme ainsi que « 43 % des lycées ont dû faire face à des perturbations » liées au nouveau bac.

Le refus de voir la contestation, véritable leitmotiv du gouvernement Macron, s’accompagne d’une répression de plus en plus violente des lycéen.e.s et des enseignant.e.s en lutte, dans la continuité des méthodes mises en œuvre contre les Gilets Jaunes. Si, pour Jean-Michel Blanquer, des « violences ont lieu aujourd’hui dans une petite minorité d’établissements », cette violence est une fois de plus du côté des réprimés, et non des forces de police qui ont menacés, gazés, et enfermés des lycée.n.es et enseignant.e.s, avec la bénédiction du ministère. La carte des répressions des luttes dans l’Education fait état des actions coup de poing menées par la police dans une vingtaine d’établissements français, dont les exemples du lycée Montesquieu, à Bordeaux, ou Victor et Hélène Basch, à Rennes, sont emblématiques. Depuis jeudi, au moins 24 élèves (12 au Mans, 3 à Paris, 3 à Pantin et 6 à Gagny) ont été placés en garde à vue, pour des feux de poubelle, ou pour avoir tenté de murer leur établissement.

En choisissant d’ignorer la colère légitime des enseignant.e.s, des élèves et de leurs familles, en renforçant toujours plus la répression, en tentant une fois de plus la manipulation de l’opinion et en imposant un nouveau passage en force des réformes, le gouvernement Macron ne fait que renforcer la détermination de ceux qui luttent. Contre la stratégie du gouvernement, qui, en accumulant les réformes, comptait probablement sur l’épuisement de la détermination des enseignant.e.s face à la multiplication des fronts, la mobilisation dans l’Education Nationale semble ainsi avoir trouvé un nouveau souffle, qui, espérons-le, saura s’imposer dans la durée.


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