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« L’esclavage c’est fini ! »

Emmaüs Grande-Synthe : « Compagnons d’Emmaüs sans-papiers en grève jusqu’à nouvel ordre. Régularisation ! »

Après Saint-André-lez-Lille dans le Nord, c’est au tour du Emmaüs de Grande-Synthe d’entrer en grève. Une vingtaine de compagnons sans-papiers bloquent le site depuis 9 jours pour réclamer leur dû et leur régularisation face à une direction avec laquelle tout dialogue est désormais impossible. Solidarité avec les sans-papiers en grève pour la dignité !

Boris Lefebvre

30 août 2023

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Emmaüs Grande-Synthe : « Compagnons d'Emmaüs sans-papiers en grève jusqu'à nouvel ordre. Régularisation ! »

Neuvième jour de grève pour les travailleurs sans-papiers d’Emmaüs Grande-Synthe à côté de Dunkerque. Alors que leurs camarades de Saint-André-lez-Lille sont également en grève depuis plus de 60 jours pour dénoncer les conditions de travail indignes et les fausses promesses de régularisation, la détermination ne faiblit pas, bien au contraire. Mêmes causes, mêmes effets : une vingtaine de compagnons d’ Emmaüs à Grande-Synthe sont entrés en grève pour réclamer leur dû et pour que leur situation soit régularisée. Comme le souligne Amara Lamine Soumah, compagnon depuis 2 ans : « Tout est venu le jour où on est parti pour réclamer notre allocation. La direction nous a dit que non, elle ne peut pas payer et elle nous a dit qu’elle pouvait nous payer que le 29 [août]. On a répondu qu’on a besoin de notre argent, qu’il faut nous payer maintenant sinon il n’y aura pas de boulot. Elle a pris tout cela à la légère ».

Les grévistes dénoncent une direction oppressante et insultante. Traités de « moins que rien » qui n’ont « rien à foutre ici », la direction n’a pas hésiter à leur dire : « Retourner d’où vous venez ». Un discours qui tranche avec l’image de solidarité que les communautés Emmaüs affichent d’ordinaire. « On a trouvé ça insultant, dégradant pour les compagnons qui travaillent ici pour leur salaire », affirme Amara Lamine Soumah, qui déplore qu’on parle de ses compagnons en disant « ces gens-là » et qu’on raconte des mensonges sur ses camarades : « Paraît-il ils sont allés nous chercher dans la brousse pour nous amener ici, ce qui n’est pas vrai ». Sur les grilles du site d’Emmaüs, les compagnons ont inscrit : « Emmaüs y’en a marre, l’esclavage c’est fini ! ».

Toute négociation avec la direction du site a été interrompue. La confiance ne règne plus et aucun dialogue n’est désormais possible avec elle. « On ne se sent plus protégé par cette direction. On a donc décidé de les faire partir pour qu’ils soient remplacés par des personnes qui peuvent s’occuper de la situation et aider les compagnons par rapport à leur situation » explique toujours Amara Lamine Soumah. Le point de non retour a été atteint : « Si on reconduit cette direction, je pense que c’est fini pour nous. On va nous faire partir. C’est pour ça qu’on bloque le magasin jusqu’à ce qu’ils partent ». Lors d’une réunion qui s’est tenu mercredi soir dernier Ibrahima Yattara, également compagnons sans-papiers en grève synthétisant ainsi la situation : « Nous savons ce qui nous attend si ne nous réussissons pas notre grève. On nous l’a assez dit. On va retourner sur la jungle. C’est la victoire ou la mort ».

La direction aurait tenu des propos discriminants à l’encontre de certains compagnons. A un compagnon qui demande où on est sa situation, il se voit répondre : « Tu ne mérites pas d’être accompagné à la préfecture ». « Ce n’est pas normal » affirme Amara Lamine Soumah qui, en tant qu’élu au CA de Emmaüs Grande-Synthe, a essayer d’intervenir en soutient aux compagnons : « Je représente la voix des sans-voix. Je suis intervenu pour les compagnons mais on ne m’a pas écouté ». La direction a même enfoncé le clou : le président du site aurait dit que « seuls les salariés ont des droits ici » contrairement aux compagnons sans-papiers qui eux n’ont « pas de droits parce qu’ils n’ont pas de papiers et des situations soit-disant irrégulières. A cause de ça, nos voix ne compte pas » s’indigne Amara Lamine Soumah.

Le site d’Emmaüs Grande-Synthe a toutes ses entrées bloquées. Les grévistes font signer des pétitions de soutien aux automobilistes qui passent devant le site. Les camions roulant sur l’A16 à quelques mètres klaxonnent en signe de soutien. La CGT organise un piquet et apporte un soutien actif aux grévistes en lutte. Une caisse de grève a été lancée pour soutenir les grévistes. Soyons nombreux en soutien au Emmaüs situé 62 Rue de la Gare à Grande-Synthe pour exiger la régularisation de tous les sans-papiers !


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