Crédits photo : Left Voice
Depuis plus de deux semaines, les universités américaines font face à un mouvement d’ampleur chez les étudiants. À New York, Columbia et la City University of New York (CUNY), ont été occupées par des campements étudiants. Les étudiants se mobilisent pour dénoncer le soutien actif des Etats-Unis dans le génocide à Gaza et le liens de leurs universités avec des entreprises qui participent à la colonisation. Mais dans le mouvement naissent aussi des revendications pour une université populaire, avec la gratuité des frais d’inscription, la gratuité des transports pour les étudiants et de meilleures conditions de travail pour les personnels de l’université.
Dès le 29 avril, au City College de Harlem, la direction de l’université a envoyé un mail menaçant ordonnant aux étudiants de quitter les lieux. La direction prétendait que le campement mettait en danger la sécurité des personnes sur le campus et a décidé d’y fermer la banque alimentaire, espérant ainsi rendre le mouvement impopulaire. Malgré les menaces, l’assemblée générale a voté [massivement pour rester et poursuivre le campement-https://www.leftvoice.org/police-arrest-and-pepper-spray-protesters-at-ccny-after-cuny-encampment-votes-to-stay/], assurant que la seule menace qui pesait sur la sécurité des usagers du campus était la police.
Dans la nuit du 30 avril, une centaine de policiers ont été envoyés sur les campus de CUNY et de Columbia et ont violemment réprimé les personnes mobilisées. Dans les deux universités, une centaine d’étudiants ont été interpellés, ainsi que des enseignants.
Face à la répression subie par les étudiants, de nombreux travailleurs de l’université ont rejoint la mobilisation. Des travailleurs syndiqués de CUNY, en lien avec le syndicat Professional Staff Congress (PSC-CUNY, AFT Local 2334), ont tenu une assemblée générale pour rejoindre plus activement le mouvement aux côtés des étudiants et soutenir la Palestine. En dépit de la loi Taylor de New York, interdisant aux travailleurs du secteur public de se mettre en grève, l’assemblée a décidé d’organiser « une grève » sous la forme d’arrêt de travail pour le 1er mai.
PRESS RELEASE : 300 Rank-and-File Members of PSC-CUNY Stage May Day Sick Out for Palestine pic.twitter.com/8wZzrv6cdL
— CUNY On Strike Campaign (@cunyonstrike) May 2, 2024
Cet appel répond à celui de [la Fédération palestinienne des syndicats d’organiser une grève nationale pour la Palestine le 1er mai et le 15 mai, journée de la Nakba.
Ce sont plus de 300 personnels qui ont rejoint le mouvement des étudiants en posant des arrêts de travail. Ils appellent les autres sections du PSC à se joindre à eux et organisent des piquets de grève pour protéger les étudiants qui se font réprimer. Ils ajoutent aussi qu’ils participent au boycott académique d’Israël.
Il s’agit d’une action historique dans un syndicat n’ayant fait aucun appel à la grève depuis 52 ans. Une action qui a donc du se construire contre la bureaucratie du syndicat. La mobilisation de ces syndicalistes a été dénoncée par le président du syndicat, James Davis, qui a publiquement appelé à cesser la grève. Une tentative infructueuse destinée à décourager les grévistes qui a été largement critiquée sous la publication Instagram du syndicat.
Pour le moment, l’université n’a pas annoncé de sanction disciplinaire à l’encontre de travailleurs qui ont participé. Mais cette mobilisation des personnels de l’université est un exemple pour la suite de la lutte pour dénoncer le génocide et la complicité des États-Unis.
Alors qu’une répression particulièrement violente se déchaîne sur les campus dans l’ensemble du pays, la mobilisation continue de s’amplifier et de s’étendre dans tout le pays et à échelle internationale. Le mouvement ouvrier, dans tous les secteurs, doit s’inspirer de l’exemple donné par ces collectifs de travailleurs des universités américaines qui, de la côte Est à la côte Ouest, se mobilisent aux côtés des étudiants contre le génocide en cours.