Crédits photo : Ina Fassbender/AFP
Ce mardi, la figure écologiste Greta Thunberg a été interpellée par la police allemande à Lützerath, alors qu’elle manifestait contre l’expansion d’une gigantesque mine de charbon à ciel ouvert à dans ce petit hameau de l’Ouest de l’Allemagne. Des vidéos mises en ligne par différents médias montrent trois policiers porter violemment la militante de 20 ans, alors qu’elle avait déjà été réprimée à plusieurs reprises depuis qu’elle est présente sur le site. Mise en garde à vue avec d’autres militants, elle a depuis été relâchée.
NOW - Police remove Greta Thunberg from an anti-coal protest in Germany for the second time this week.pic.twitter.com/sWw0DDJCmG
— Disclose.tv (@disclosetv) January 17, 2023
« Pour eux comptent, seuls, le profit et les intérêts d’un petit nombre d’individus très riches ! » dénonçait samedi la militante lors d’une manifestation sur les lieux. Elle a également dénoncé les violences policières et la répression, les désignant de « scandaleuses »
L’interpellation de cette figure choque par sa violence tant physique que symbolique, et n’est que la pointe visible de la répression que l’État allemand a déchaîné depuis mercredi 11 janvier et le début de l’évacuation des occupants de Lützerath.
Située dans le bassin houiller de la Ruhr, le village est occupé depuis près de deux ans et demi par des militants et des riverains refusant d’abandonner leurs maisons et organisés en ZAD. Ils s’opposent à un projet minier qui menace de transformer le hameau en cratère pour les profits de RWE, une des entreprises les plus polluantes d’Europe.
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Plus d’un millier de policiers, avec des canons à eau, des unités canines et montées à cheval, mais aussi des grenades de désencerclement, des munitions en caoutchouc et du gaz lacrymogène ont été mobilisés dès la semaine dernière sur les lieux pour réprimer les opposants au projet et les chasser de l’occupation.
Ce samedi, lors d’une manifestation aux abords de Lützerath, les manifestants, très nombreux (35 000 personnes d’après les organisateurs, venues de toute l’Europe), ont tenté de converger vers la ZAD, alors que les forces de répression en expulsaient les occupants. Face aux militants, 8 000 policiers ont été mobilisés sur cette journée. Armés de matraques, gaz poivré et canons à eau. Ils ont une nouvelle fois réprimé les manifestants.
Peaceful protesters are trying to prevent the emissions of 280.000.000 Tons of CO2 in Lützerath.
German authorities respond with torture.#LuetziBleibt
@DanniPilger pic.twitter.com/22ZMHlA9Bg— ᴊᴏᴀɴɪᴇ ʟᴇᴍᴇʀᴄɪᴇʀ (@JoanieLemercier) January 10, 2023
Au moins plusieurs dizaines de militants ont été blessés par les forces de répression sur cette seule journée, et une vingtaine d’entre eux ont été hospitalisés, comme le rapporte Le Monde
Auprès de Klasse Gegen Klasse, une militante témoigne avoir été jetée et maintenue au sol par des policiers, pendant que d’autres la rouaient de coups, lui cassant les doigts et la laissant couverte d’ecchymoses. D’autres rapportent avoir été pressés par la police au bord des falaises qui constituent les bords de la mine à ciel ouvert, ou encore de coups à la tête et de morsures canines.
Selon les informations officielles, tous les occupants du dernier village à tenir face a cette mine à ciel ouvert auraient été expulsés dimanche. Lundi, deux militants qui s’étaient confinés dans un tunnel artisanal creusé sous le village afin d’empêcher la progression des excavatrices, en sont sortis.
Mais cette expulsion n’a pas sonné la fin de la mobilisation. Les militants tentent régulièrement de converger vers les zones menacées par le projet, et d’envahir des appareils ou secteurs afin d’en empêcher la progression. Certains seraient même parvenus à regagner les maisons dont ils ont été expulsés dans le weekend, selon Reporterre. Les militants espèrent en effet résister jusqu’au 1er mars, où une nouvelle loi devrait entrer en vigueur et pourrait en principe bloquer légalement l’expansion de la mine. Dans de nombreuses villes et universités d’Allemagne, des rassemblements sont organisés, en solidarité avec les manifestants et contre la répression policière.
La jeunesse allemande fait aujourd’hui face à une démonstration de la politique de la coalition « tricolore » composée du Parti social-démocrate, des Verts et des libéraux : un gouvernement au service des multinationales les plus polluantes, qui n’hésitera pas une seconde avant de réprimer sauvagement toute contestation des intérêts capitalistes.
Ce nouvel acharnement de la police contre les militants écologistes, qui ont toute notre solidarité et notre soutien, démontre que les forces de répression seront systématiquement du côté du patronat-pollueur et de ses intérêts.
De l’Allemagne à la France, sont les mêmes qui brutalisent Greta, s’acharnent sur Lützerath, tuent Rémi Fraisse, répriment Notre Dame Des Landes et Sainte Soline, et réquisitionnent les grévistes de la pétrochimie. Et ils voudraient aujourd’hui s’incruster dans nos cortèges lors de la réforme des retraites ?
