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Guinée. Deux jeunes tués : le mouvement de grève générale réprimé par la junte

Face à la junte issue du coup d'État militaire de 2021, la Guinée est traversée par une grève massive, que le régime cherche à réprimer. On compte au moins deux jeunes tués par balle, et une dizaine de blessés.

Elea Novak

27 février

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Guinée. Deux jeunes tués : le mouvement de grève générale réprimé par la junte

Crédit photo : Aboubacar Khoraa, Wikimedia Commons

Lors de la première journée de grève générale appelée par les centrales syndicales des secteurs publics, privés et informels de Guinée ce lundi 26 février, deux jeunes ont été tués par la police à Conakry, la capitale. D’après les sources de l’AFP, l’un des deux, Mamadi Keïta, qui n’avait que 18 ans, aurait été touché au thorax par un tir à balle réelle, tandis que l’autre jeune, Abdoulaye Touré, aurait succombé des mêmes blessures une fois transféré à l’hôpital. Au moins une dizaine d’autres personnes auraient été blessées suite à cette première journée de grève, selon l’AFP.

La lutte contre le répression policière et le climat autoritaire sont en effet au cœur des revendications du mouvement. En mai 2022, la junte guinéenne de Mamadi Doumbouya, issue du coup d’Etat militaire de 2021, avait interdit les manifestations dans le pays, réprimé l’opposition et attaqué la liberté de la presse en interdisant la diffusion de certaines chaînes de télé, de radio, et en interdisant certains journaux. Finalement, le président de la junte a annoncé la dissolution du gouvernement la semaine dernière, la saisie des passeports de ses membres et le gel de leurs comptes bancaires sans en expliquer la raison, et déclaré son intention de rendre le pouvoir à un gouvernement civil dans les prochaines semaines. Déclenchée alors que la population guinéenne subit une forte inflation alimentaire et une pénurie d’hydrocarbures, le mouvement de grève intervient ainsi dans un moment de forte instabilité politique, avec de nombreuses inconnues quant à l’attitude de la junte.

Les grévistes revendiquent en effet la baisse du prix des produits de première nécessité, mais aussi le rétablissement de la liberté de la presse et de la liberté de manifester, ainsi que la libération de Sékou Jamal Pendessa, journaliste et syndicaliste détenu en tant que prisonnier politique depuis le 24 février dernier pour avoir appelé au rétablissement de la liberté de la presse. Ces revendications donnent un caractère politique marqué au mouvement.

Le degré de paralysie de l’économie guinéenne observée lors du premier jour de la grève en fait d’ores et déjà un des mouvements les plus massif de ces dernières années dans le pays. Amadou Diallo, Secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) se « félicite du climat d’observation de cette grève sur toute l’étendue du territoire national », l’ensemble des syndicats du pays ayant participé à l’appel, puis proclame que « le gouvernement en face et le patronat ont compris qu’ils ont des camarades en face qui peuvent aller dans le sens contraire de leur sollicitude ». En effet, lundi a été une journée morte pour la Guinée, avec écoles, commerces et administrations fermées, et un service minimum en hôpital et station-service. Mardi, la grève illimitée s’est poursuivie un deuxième jour, laissant les rues des villes guinéennes vides en raison de l’interdiction des manifestations.

Si de nombreuses inconnues demeurent, la profondeur du mouvement de grève montre toute la force et la combativité des travailleurs et des jeunes guinéens, prêts à mettre le pays à l’arrêt pour leurs conditions de vie et leurs droits démocratiques. Face à l’impérialisme, aux gouvernements autoritaires comme aux juntes militaires qui gangrènent la région, nous apportons tout notre soutien internationaliste aux travailleurs et à la jeunesse guinéenne en lutte contre le régime de Doumbouya.


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