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Répression

« Jet de confettis » sur un député Renaissance : un militant risque 1 an de prison

Après une casserolade pendant la bataille des retraites, un député Renaissance a eu le droit à 15 jours d'ITT pour « jet de confettis » et porté plainte. Le manifestant accusé risque 1 an de prison et témoigne pour RP.

Arsène Justo

25 mars

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« Jet de confettis » sur un député Renaissance : un militant risque 1 an de prison

Crédit photo : Alexandre Beddock - Le député Jean-Marc Zulesi, entouré de manifestants

Alexandre Beddock a été interrogé par la police il y a quelques jours et sera jugé le 16 avril pour « usurpation d’identité ». Cette accusation fait suite à une précédente plainte du député Jean-Marc Zulesi, qui accusait à l’époque le manifestant de « violences » après qu’il lui ait « jeté des confettis » lors d’une casserolade pendant le mouvement contre la réforme des retraites. Ces deux accusations, toutes les deux particulièrement fantasques, s’inscrivent dans une tentative de répression judiciaire des opposants à la réforme des retraites.

L’instrumentalisation répressive d’une prétendue usurpation d’identité

Toute l’affaire commence, raconte Alexandre, lors d’une casserolade à l’encontre du député de la 8e circonscription des Bouches-du-Rhônes qui se rendait à la fête de la fraise de Salon-de-Provence en avril 2023. Alors mobilisé contre la réforme des retraites, le manifestant apprend l’emploi du temps du député en appelant son cabinet sous le faux nom d’ « Alexandre Taquin », en se présentant comme journaliste et en affirmant vouloir interviewer l’élu. Un « gag téléphonique » qui avait permis au militant et à ses camarades de surprendre le député lors de son déplacement.

Personne ne doute du fait que le nom de famille fictif « Taquin » avait évidemment un objectif comique, comme l’explique d’ailleurs le principal intéressé : « Alexandre Taquin pour taquiner, parce que c’était sans intention de nuire, c’était ironique ». Pourtant, cet évènement a servi de point de départ à l’élu pour partir en croisade contre le militant. Au bout de trois mois de recherches, l’équipe du député est parvenue à trouver un journaliste prénommé « Alexandre Tandin » habitant à l’autre bout de la France. Lui faisant croire que le militant avait spécifiquement voulu usurper son identité, le député et son équipe sont parvenus à le pousser à porter plainte contre Alexandre Beddock.

Une plainte dont Alexandre dénonce des délais de procédure étrangement courts : « mon jugement devait avoir lieu en août pour des faits ayant eu lieu en avril, on a évidemment demandé à ce qu’il soit repoussé, mais la rapidité de la procédure nous interroge, surtout que je devais comparaître lors d’une session dédiée aux délits routiers, alors que normalement on comparait avec des personnes poursuivies pour des accusations similaires au nôtres. Avec mon avocat, on a tout de suite pensé qu’il a pu y avoir des pressions en interne, que Jean-Marc Zulesi a peut-être essayé de choisir le jour, et donc le juge de ma comparution ».

15 jours d’ITT pour… un jet de confettis

Mais l’offensive de Zulesi contre le militant ne s’arrête pas là. Le député avait en effet dans un premier temps porté plainte pour « violences ». En cause ? Le jet « d’une poignée de confettis » - d’après la plainte déposée par l’homme politique, que Révolution Permanente a pu se procurer - qui a permis au député de recevoir une interruption totale de travail (ITT) de 15 jours de la part de son médecin de famille. Une ITT qu’il n’a d’ailleurs par respecté, puisqu’il s’est rendu à l’Assemblée nationale et a participé à un tournoi de football au cours de la période de l’ITT.

Comme nous l’explique Alexandre Beddock, cette plainte aurait été, en cours de procédure, « transformée en plainte pour ‘usurpation d’identité ayant dérangé la tranquillité d’autrui’, puisque le motif initial ne tenait pas la route », une plainte « accompagnée de très importants dommages et intérêts ». Cette dernière aurait par ailleurs mené à une tentative de perquisition du domicile d’Alexandre Beddock il y a quelques jours - sûrement dans l’optique de retrouver chez lui de dangereuses armes telles que des casseroles ou des canons à confettis - ainsi qu’à un interrogatoire de plusieurs heures au commissariat.

Le militant dénonce par ailleurs « des appels de la police sur de faux motifs » et explique qu’une autre manifestante « a été dissuadée par la police de déposer une main courante » à l’encontre du député. Des manœuvres qu’il aurait également subies, d’après lui ses camarades témoins de la scène : « quand on s’est retrouvés dans le parking, loin des caméras, le député a collé sa tête contre la mienne pour tenter de m’intimider. Lorsque j’ai voulu déposer une main courante pour le dénoncer, la police a tout fait pour m’en décourager, j’ai dû y passer des heures pour qu’elle soit enfin déposée et pour obtenir mon récépissé. »

Le député, qui nie totalement cet épisode, s’était fait remarquer il y a moins de 3 semaines en essayant de falsifier le résultat d’un vote avec lequel il était en désaccord au sein de la commission développement durable à l’Assemblée nationale, qu’il préside.

Si l’affaire a, par bien des aspects, de quoi faire sourire, elle n’en constitue pas moins une importante campagne de répression, menée par un élu macroniste pour museler les opposants à la politique gouvernementale et intimider ceux qui osent se mobiliser contre. Un cas qui n’est d’ailleurs pas isolé. Comme nous l’a déclaré Alexandre : « ça touche pas mal de gens, mon cas n’est clairement pas le pire, c’est simplement assez dingue qu’un député mette en jeu comme ça son crédit et celui de son parti, ça montre qu’ils sont prêts à aller loin pour intimider les personnes qui se mobilisent et pour décourager d’autres personnes d’oser le faire ».

Le militant, qui sera jugé le 16 avril et risque 1 an de prison ferme, 15 000 euros d’amende et plusieurs milliers d’euros de dommages et intérêts n’entend en tout cas pas se laisser intimider par l’offensive du député. Lui et plusieurs de ses camarades ont mis en ligne une pétition de soutien, et ils comptent bien continuer à se mobiliser contre la politique de Jean-Marc Zulesi, que ça lui plaise ou non.


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