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Offensive anti-grève

La métropole de Marseille brise la mobilisation des éboueurs : face à l’offensive anti-grève, solidarité !

Alors que les éboueurs marseillais étaient en grève reconductible depuis le 30 avril pour leurs salaires et pour de meilleures conditions de travail, la métropole de Marseille n'a pas hésité à demander leur réquisition pour briser la grève. Face à cette offensive, il faut faire front et dénoncer l'attaque anti-grève.

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La métropole de Marseille brise la mobilisation des éboueurs : face à l'offensive anti-grève, solidarité !

Crédit photo : Capture d’écran, BFMTV

Depuis le 30 avril, les éboueurs à Marseille et Martigues s’étaient mis en grève reconductible pour de meilleures conditions de travail et de rémunération. La grève, qui a été mise en lumière dans les médias nationaux avec le passage de la flamme olympique dans la ville cette semaine, est d’abord partie des 4ème et 5ème arrondissement de l’est-marseillais puis s’est étendue progressivement aux autres arrondissements de la ville dans lesquels est prévu le passage de la flamme ce 8 mai. Malgré les pressions et une déferlante anti-syndicale en boucle sur les plateaux télé, les grévistes tiennent bon.

Mais le 5 mai, alors que les grévistes décident à l’unanimité de reconduire la grève, la métropole Aix-Marseille demande leur réquisition à la préfecture. Une violente menace qui finit par briser la grève, revendiquée par la présidente de la métropole Martine Vassal (droite, ex-LR), mais aussi par le maire PS Benoît Payan, qui dit avoir « demandé à ce que toutes les dispositions soient prises ».

Une grève pour les conditions de travail et la revalorisation des salaires

L’un des déclencheurs de la grève a été la mise en place par la métropole d’une réorganisation du travail des éboueurs en mars, alourdissant des conditions de travail déjà extrêmement difficiles. Les conditions de travail des éboueurs de la métropole sont par ailleurs extrêmement inégales, comme le souligne Abdel auprès de La Provence : « Avec le même employeur on a moins d’avantages qu’à Aubagne, Istres ou Martigues ». Dans le même sens, la coordinatrice des collectes et propreté à la CGT Véronique Dolot explique : « Certains rippeurs marseillais peuvent toucher 300 euros de moins que leur homologue aubagnais, pour le même emploi et avec le même employeur ».

« Les agents sont à bout, et là en ce moment la métropole est en train de lancer le rouleau compresseur de la destruction du service. Ici les mecs se croisent pas, ou rarement au centre de transfert, il y a un niveau zéro de solidarité entre nous, et comme la métropole l’a bien compris elle éteint les acquis dans un secteur puis l’autre. Il y en a un c’est les heures sup’, l’autre c’est le renouvellement des machines, etc. Et du coup les gars leurs conditions de travail, de rémunérations etc c’est drastique. Ils en peuvent plus […] Il y a des ripeurs qui touchent 745 balles de primes par mois, d’autres 380. » explique Véronique Dolot, représentante CGT des sections de collecte des déchets. Face à ces conditions, une quarantaine d’employés, syndiqués et non-syndiqués, organisent une AG pour voter la grève, puis décident de faire la tournée des dépôts pour organiser les autres qui se joignent à leur tour à la mobilisation.

Le préavis de grève déposé par la CGT le 4 avril listait les revendications des grévistes : augmentation du taux de pénibilité de 15 à 30% (permettant une réduction du temps de travail d’une heure par jour nécessaire après des heures dangereuses passé à l’arrière d’une benne à se tenir à une barre en fer à travers le trafic marseillais), une hausse de l’indemnité pour l’ensemble des agents, l’implication des personnels dans la réorganisation, la mise en œuvre de l’accord de fin de conflit du 15 décembre 2021 sur la réduction du temps de travail et la titularisation de tous les contractuels. Ce que demandent les grévistes, c’est la prise en compte de la pénibilité et l’harmonisation par le haut des conditions de travail des agents de la métropole. Comme l’explique Véronique Dolot : « Les mecs ils sont 6h à la benne, c’est pas possible, ils tombent comme des mouches, donc ils demandent de relever le taux de pénibilité pour faire en gros une heure de moins ».

De son côté, et quand bien même la métropole avait coupé court aux discussion sur ces revendications, Force-Ouvrière, majoritaire à la métropole de Marseille, a quant à lui déclaré à BFM Marseille être sur la « voie du dialogue ».

Dès le début, les grévistes font face à des méthodes de plus en plus agressives pour tenter de briser la grève : d’abord, l’emploi de boîtes privées, puis l’envoi de CRS pour empêcher le blocage d’un centre de transfert, avec des appels téléphoniques aux individus en grève pour leur mettre la pression… Mais la métropole agite encore la menace de la réquisition et fait appel à la préfecture le dimanche 5 mai.Le 6 mai les grévistes obtiennent le soutien de l’union départementale CGT des Bouches-du-Rhône qui dénonce les menaces de réquisition. Le soir, dans le cadre d’une assemblée générale, les grévistes décident à l’unanimité de reconduire la grève, selon la CGT Métropole Aix-Marseille-Provence qui souligne « À l’approche des Jeux Olympiques, les revendications demeurent. Elles étaient valables avant, elles le seront après et elles le restent pendant ! ». Le syndicat de la CGT Métropole Aix Marseille Provence met également en avant que : « La grève dans ces secteurs se vote à main levée, tous les jours ! Les agents grévistes se soutiennent, viennent convaincre leurs collègues encore réticents, débattent ! »

Mais, alors que l’acharnement anti-syndicale se poursuit, les éboueurs arrêtent la grève le lendemain soir. Le 8, jour du passage de la flamme olympique, ils se rassemblent aux Réformés pour dénoncer la métropole. Aujourd’hui, la grève est terminée, mais la colère, elle, reste palpable, et les éboueurs restent motivés pour la suite.

Les réquisitions, une attaque de la métropole marseillaise qui s’inscrit dans une offensive plus large contre le droit de grève

En effet, dans un contexte où le Sénat a adopté il y a un mois un projet de loi « anti-grève dans les transports » qui pave la voie toujours plus de restriction de ce droit, la métropole n’a pas hésité à appeler le préfet à réquisitionner les grévistes et briser la grève.

La métropole se justifie par des mensonges et du mépris, comme le dénonce la CGT de la Métropole dans un communiqué 5 mai : « Si seule une poignée d’agents de la CGT est en grève : pourquoi réquisitionner ? Si des actes de blocages ont lieux en présence des forces de l’ordre et des RG : pourquoi la police n’est-elle pas intervenue ? Si la direction administrative de la métropole a tendu la main à de multiples reprises, pourquoi reste-t-il plus de 60% de grévistes ? Enfin si seule Marseille est concernée, pourquoi les agents de collecte de Martigues sont également en grève ? ».

Jean-Yves Sayag, conseiller métropolitain à la propreté, était sur BFMTV le lendemain pour multiplier les provocations méprisantes contre la CGT et contre les grévistes : « On a mis toutes nos forces sur le centre-ville, parce que la flamme olympique doit briller, moins [sic] que la CGT qui profite de cette aubaine pour essayer d’avoir un peu de lumière […] Pour faire court, ils veulent gagner 300 euros de plus par mois en travaillant une heure par jour. C’est inacceptable ». Avant de se vanter des moyens exorbitants mis en oeuvre pour briser la grève : « On a même lancé un “Plan flamme”, allez je vais vous l’annoncer : il y a 110 collaborateurs qui seront présents sur le Vieux-Port et les alentours, des balayeuses, des arroseuses, trois camion-bennes pour collecter les ordures ménagères ».

Un discours repris également par la mairie de Marseille (PS, divers gauches). Le mardi 7 mai sur BFMTV, la maire adjointe de Marseille Samia Ghali lui emboitait le pas : « Tout le monde a le droit de faire grève mais on peut pas gâcher la fête, on peut pas prendre l’événement en otage et tout le monde en otage. ». Mêmes éléments de langage du côté de Payan, qui revendique son rôle actif dans la mise en place des atteintes au droit de grève : « J’ai demandé à la métropole de faire son travail, de faire en sorte qu’il n’y ait pas cette grève des poubelles parce que c’est insupportable […] J’ai demandé à ce que toutes les dispositions soient prises parce que vraiment c’est navrant de voir ça  ».

A l’heure où le gouvernement poursuit son offensive anti-syndicale, la question d’un plan de bataille, à quelques encablures des JO, est toujours en suspens. Face à la passivité des directions syndicales qui s’est dernièrement illustrée par une journée du 1er mai, très en décalage avec les dangers de la situation, et au moment même où le gouvernement fait un saut dans la répression dans la criminalisation du mouvement en soutien à la Palestine, interpellant 88 étudiants de la Sorbonne, il y a urgence à rompre avec les illusions que le « dialogue sociale » et à construire les bases d’une mobilisation d’ensemble, seul à même de faire reculer Macron.


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