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Génocide

Rafah : un nouveau cap franchi dans le nettoyage ethnique de Gaza

En demandant à Tsahal de préparer un plan visant à expulser le million de Gazaouis réfugiés à Rafah, Benjamin Netanyahu acte une nouvelle étape dans la concrétisation du projet génocidaire israélien dans l’enclave palestinienne.

Nathan Deas

10 février

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Rafah : un nouveau cap franchi dans le nettoyage ethnique de Gaza

Plus de quatre mois se sont écoulés depuis le début de la guerre génocidaire d’Israël à Gaza. Quatre mois durant lesquels Tsahal a largué sur la Bande l’équivalent en explosifs de deux bombes atomiques du type de celle que les Etats-Unis avaient lâché sur Hiroshima en 1945. Quatre mois durant lesquels ce bombardement massif a entraîné la destruction d’environ 70% des habitations de l’ensemble de l’enclave et 85% de ceux de sa moitié nord. Quatre mois durant lesquels, l’armée israélienne se sera acharnée à réduire en cendre l’ensemble des infrastructures de services tels que l’eau, l’électricité, le service de santé, y compris les hôpitaux, mais aussi le réseau éducatif (écoles et universités), les sites culturels et religieux et les bâtiments historiques. Quatre mois durant lesquels près de 28 000 personnes, dont plus de 5000 enfants, ont perdu la vie.

Cela est semblable à la suppression de la plupart des traces de vie palestinienne et l’offensive devrait désormais concerner la totalité de la Bande. Jeudi, B. Netanyahou avait annoncé le « siège » de Rafah, ville frontalière de l’Egypte devenue en quelques mois le plus grand camp de réfugiés du monde. Vendredi, il a ordonné le transfert des quelques 1,3 million de Palestiniens qui s’y trouvent et demandé à Tsahal de fournir un « plan d’évacuation » dans cette perspective. Ce serait le troisième depuis le début de la guerre qu’Israël mène à Gaza, après le nord de l’enclave et Khan Younès. A la différence des deux précédents cependant, difficile d’imaginer une « zone de repli » dans les frontières de l’enclave. Si le bureau de Netanyahou n’a donné pour l’heure aucune indication concrète en ce sens, on sait déjà en réalité où les Palestiniens de Rafah ne pourront pas se rendre.

Ils seront vraisemblablement empêchés par Tsahal de retourner au Nord le temps de l’offensive. Et quand bien même ils pourraient, le Nord n’est désormais plus grand-chose d’autre qu’un amas de cendres et de ruines. Tout indique également pour des raisons similaires qu’ils pourront difficilement se rendre ailleurs dans le Sud. Reste donc l’Egypte et le Sinaï. Le 30 octobre dernier, le magazine israélien 972+, publiait un document du ministère du renseignement israélien prévoyant notamment le transfert forcé et durable des 2,2 millions d’habitants de la Bande au-delà de la frontière égyptienne et édictait une « méthode » dans cette perspective. D’abord évacuer la population vers le Sud pour multiplier les frappes au Nord ; ensuite, étendre le périmètre des interventions ; enfin, occuper toute la bande de Gaza. A la ligne près, ce « plan » semble être aujourd’hui d’une macabre actualité.

Pour faire « bonne figure », et notamment donner quelques gages à son allié états-unien, l’état-major israélien pourrait finir par définir une « zone de repli » dans le Sud. Tout cela, et notamment les critiques de Washington face à l’annonce d’une opération militaire à Rafah, est d’une hypocrisie sans nom. Chaque jour actualise la pression à la frontière égyptienne et le risque d’une nouvelle Nakba, pire encore que celle de 1948, c’est-à-dire, cette fois, en dehors des frontières édictées par les accords d’Oslo. Le projet colonial d’Israël est dans sa phase terminale. En Cisjordanie, les colonies israéliennes se déploient à un rythme sans précédent depuis le 7 octobre dernier. A Gaza, l’enclave pourrait bientôt être « évacuée » par une bonne partie des Gazaouis. Tout cela a un nom : ce qui se joue dans la Bande, plus que jamais, c’est un nettoyage ethnique d’une ampleur inégalée ces dernières décennies.


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