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Être Gilet jaune, une faute grave ?

Refus de réintégrer un salarié : la traque des Gilets jaunes continue chez Amazon

Au cours d’une tentative de conciliation devant le conseil des prud’hommes, le géant américain de la vente en ligne a refusé la réintégration demandée par un des employés licenciés en décembre dernier, pour avoir appelé au blocage sur un groupe Facebook de gilets jaunes.

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Crédit photo : LP/OLIVIER ARANDEL

Le 18 novembre dernier, un employé du site d’Amazon à Saran, dans le Loiret avait publié sur la page publique Facebook « Nous Gilets Jaunes » un message appelant au blocage du site. Un mois plus tard Amazon le licenciait pour « faute grave » - à savoir, « une attitude déloyale grave à l’encontre d’Amazon France Logistique »- sans préavis ni indemnités. Amazon s’appuie sur une disposition du Code du Travail qui stipule que les propos tenus publiquement par les employés (insultes, diffamations…) peuvent être retenus comme motifs de licenciement. Amazon a jusqu’au mois de juin pour fournir des éléments de preuve complémentaires et une nouvelle audience est prévue en octobre pour fixer une date d’examen de fond de l’affaire.

L’affaire est loin d’être une première pour Amazon qui a déjà licencié au moins cinq autres personnes qui ont publiquement soutenu le mouvement des Gilets Jaunes sur les réseaux sociaux. La firme s’appuie toujours sur le même motif de « faute grave » pour justifier le licenciement du salarié.

Mais plus généralement, outre l’atteinte au respect du droit à la vie privée, le traitement ultra autoritaire réservé aux gilets jaunes est révélateur du caractère potentiellement explosif du mouvement. Et par là-même, de la menace qu’une mobilisation de masse pourrait constituer pour le géant de la vente en ligne – et l’ensemble des firmes transnationales qui possèdent des usines en France.
L’affaire s’inscrit donc dans le cadre d’une politique d’intimidation, censée dissuader quiconque serait tenté de participer à une tentative organisée de lutte contre Amazon, et ses intérêts.

Et pour cause. Amazon est depuis longtemps connue pour ses conditions de travail déplorables, avec l’usage abusif de contrats de courte durée (pendant plus de 7 ans pour certains), le refus d’allumer le chauffage en hiver ou encore le harcèlement des représentants syndicaux. Le règlement intérieur impose en outre une hausse constante de la productivité individuelle, donnant lieu à de nombreux cas de burn out.

Par ailleurs, le géant fait partie des champions de l’évasion fiscale. Alors que les bénéfices français atteignaient 889 millions d’euros en 2011, les filiales françaises faisaient l’objet la même année d’un redressement fiscal de 189 millions.

Amazon constitue l’un des symboles d’exploitation contre lesquels se battent les gilets jaunes, et le traitement infligé à leurs sympathisants confirme que l’entreprise compte à tout prix éviter une mobilisation de masse. Non sans raison ; durant l’acte 14 des Gilets Jaunes, une centaine d’entre eux ont bloqué les entrées et sorties du dépôt de Toulouse, empêchant les camions d’acheminer les colis de la filiale, et démontrant ainsi que la firme était déjà dans le collimateur des manifestants. Les occasions de lutte pour défendre les droits des employés semblent plus que jamais possibles et les gilets jaunes tireraient largement bénéfice d’une participation à des mobilisations plus ciblées contre des firmes comme Amazon.

Ne manqueraient plus à l’appel que les syndicats, dont le silence fait pâlir les carpes depuis le début des mobilisations. Une prise de position de leur part aurait un impact certain sur l’ampleur des mobilisations, et sur le rapport de force instauré contre le patronat.


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