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Répression de la lutte anti-raciste

Soutien à l’UNEF face à la plainte des élus LR pour un prétendu « racisme anti-blanc » !

La droite et l'extrême droite s'en prennent à nouveau à l'UNEF. En cause cette fois-ci, l’existence de réunions non-mixtes organisées par le syndicat, prouvant un prétendu « racisme anti-blanc ». Une fois de plus, on voit à l'œuvre la volonté de faire taire toute voix contestataire : nous apportons notre soutien à l'UNEF.

Philomène Rozan

18 mars 2021

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Crédits photo : Capture d’écran Europe 1

Ce jeudi 18 mars, Julien Aubert, député Les Républicains, a annoncé porter plainte contre l’UNEF (Union Nationale des Étudiants Français) aux côtés notamment de Valérie Boyer, sénatrice LR, et de Guy Tessier, lui aussi député LR. Porter plainte pour quoi ? Pour discrimination contre les blancs..

En cause, des réunions non-mixtes évoquées par Mélanie Luce, présidente de l’UNEF, sur le plateau d’Europe 1 ce mercredi. « Mélanie Luce, la présidente de l’UNEF, admet l’existence de réunions interdites aux personnes blanches », « l’UNEF reconnaît l’existence de réunions interdites aux Blancs  » explique Cnews, laissant entendre que ce mode d’organisation revendiqué par une frange du mouvement anti-raciste, serait une pratique honteuse et répréhensible. Il s’agit en réalité, comme l’explique Mélanie Luce, de réunions organisées « pour permettre aux personnes touchées par le racisme de pouvoir exprimer ce qu’elles subissent ». Mais ils sont loin d’être les seuls à prendre l’UNEF pour cible ; aux élus LR qui ont porté plainte s’ajoute un grand nombre d’autres élus du parti, « Le président LR de la région Paca Renaud Muselier a pour sa part demandé "l’interdiction immédiate de cette pratique raciste". » quand Eric Ciotti et Bruno Retailleau appellent à la dissolution de l’UNEF. Le Rassemblement National n’est évidemment pas en reste, et son porte-parole Sébastien Chenu a lui aussi appelé à la dissolution, quand Jordan Bardella a dénoncé ce qu’il appelle l’ « islamo-gauchisme  ».

Derrière cette nouvelle offensive se cachent plusieurs enjeux. En effet, la plainte des élus LR s’attaque à ce qu’ils appellent le « racisme anti-blanc », thèse que l’extrême-droite affectionne. Or cette formule et cette rhétorique visent à faire des personnes blanches les « victimes » d’un racisme de la part des personnes racisées, en effaçant les rapports de domination et d’oppression raciale. Cette expression nie le caractère structurel et institutionnel du racisme, dont les incarnations les plus flagrantes sont par exemple les discrimination à l’embauche, au logement, les contrôles au faciès, ou encore la répression policière systématique dans les quartiers : autant de choses dont les blancs ne sont pas victimes en raison de leur identité présumée, mais que subissent bien les personnes racisées, souvent originaires des ex-colonies françaises.

La plainte et la déferlante d’attaques de ce jeudi, s’inscrivent dans le cadre de l’offensive islamophobe du gouvernement. Après que Frédérique Vidal ait relancé la cabale gouvernementale en s’en prenant à la recherche et aux universités en affirmant vouloir mener une enquête sur l’« islamo-gauchisme », des voix décomplexées se sont levées dans le monde universitaire. On a vu notamment un enseignant de l’IEP de Grenoble exiger que les étudiants syndiqués à Solidaire ne participent pas à son cours. C’est de ce même IEP qu’est partie la campagne de l’extrême droite contre l’UNEF, qui avait dénoncé les propos islamophobes d’un autre universitaire. Après cette dénonciation, le syndicat a été victime d’une première vague d’attaque et d’appel à la dissolution.

Cette fois-ci, derrière les réunions non-mixtes, ce qui effraie, c’est la possibilité de l’auto-organisation, de la structuration d’un mouvement anti-raciste qui prenne en puissance et qui dénonce l’ensemble du système raciste, impérialiste et capitaliste. Et les nouvelles attaques contre l’UNEF rappellent une fois de plus la volonté du gouvernement, soutenu par l’ensemble de la droite et de l’extrême droite, à faire taire les voix qui s’élèvent contre le racisme et l’islamophobie. À l’heure de la loi séparatisme, c’est à nouveau ce qui apparaît. En effet, après que Vidal ait cherché à faire le lien entre la critique de l’islamophobie et les attaques terroristes, en affirmant que « Traiter quelqu’un d’islamophobe peut le tuer », c’est au tour de Castaner d’expliquer, au sujet des réunions non-mixtes au sein de l’UNEF, qu’il y aurait une « forme de séparatisme ». Une fois de plus, on voit la volonté de faire de toutes les dénonciations du système raciste et capitaliste une question de « séparatiste » et de criminaliser les recherches, analyses et surtout luttes qui se montent et s’élèvent contre ; c’est dans ce sens que Castaner a lui aussi appelé à des poursuites pénales contre l’UNEF.

Face aux attaques d’une partie de la classe politique, nous apportons tout notre soutien aux militants et militantes de l’UNEF. Nous dénonçons l’ensemble de l’offensive menée par le gouvernement et exigeons le retrait total de ses lois liberticides et racistes.


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Philomène Rozan

Etudiante à l’Université Paris Cité , élue pour Le Poing Levé au Conseil d’Administration

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