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Xénophobie

Albanie : la construction de camps pour enfermer les migrants arrivés en Italie a débuté

En application de l’accord d’externalisation des frontières passé avec l’Italie, l’Albanie a commencé à construire des camps de détention pour enfermer les migrants que le pays y enverra. L'UE va toujours plus loin dans ses politiques xénophobes.

Léo Stella

9 avril

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Albanie : la construction de camps pour enfermer les migrants arrivés en Italie a débuté

Illustration : Centre de rétention administrative de Eloy aux Etats-Unis - Peg Hunter, Flickr

L’Albanie a lancé fin mars la construction des camps de détention de migrants en application de l’accord passé avec l’Italie de Giorgia Meloni, finalisé fin novembre 2023. Ces camps seront construits avec des fonds alloués par l’Italie, sur le territoire albanais, et seront administrés sous juridiction italienne.

Les migrants qui seront interceptés depuis les côtes italiennes pourront désormais être arrêtés par la police italienne avant d’être « conduits » par la police italienne vers le port albanais de Shëngjin dans le nord du pays. Au port, un premier centre de détention effectuera un tri des migrants avant de les répartir, dans un second temps, dans des fourgons policiers albanais qui les amèneront dans deux camps de détention à Gjader, ville située à 20 kilomètres du port.

A Gjader, le premier centre de rétention sera dédié à l’hébergement des demandeurs d’asile en attente du traitement de leur dossier tandis que le second, construit sur le même terrain, servira de centre de rétention pour les exilés amenés à être expulsés en charters. Ces prisons pour étrangers, dotées des murs de 7 mètres de haut afin d’empêcher les migrants de s’enfuir, seront gardées par la police albanaise.

Dans un contexte où les critères pour la reconnaissance de l’asile en Europe seront fortement restreintes par le Pacte Asile et Immigration, l’objectif est de faciliter les expulsions et de durcir encore un peu plus le traitement déjà scandaleux des exilés à travers un nouveau processus répressif. Une politique qui poursuit la logique d’externalisation des frontières entamée avec l’accord UE-Turquie de 2016 et qui ne cesse de s’accentuer ces derniers mois.

Ces centres, financés par le gouvernement de Meloni et dont le coût de construction et de fonctionnement serait évalué entre 650 et 750 millions d’euros sur cinq ans, auraient des capacités d’accueil de 3 000 personnes chacun, avec pour objectif le « traitement » de 39 000 demandes par an.

Une nouvelle pratique concentrationnaire aux frontières de l’UE, dénoncée par des ONG telles qu’Amnesty International qui pointe des pratiques « déshumanisantes » qui approfondiront « les périls en mer ». Une politique validée par l’UE comme le révèle Infomigrants.

L’accord entre l’extrême-droite italienne de Giorgia Meloni et le premier ministre albanais Edi Rama, n’a rien d’anecdotique. Il s’inscrit en réalité dans une offensive xénophobe et dans une militarisation des frontières à l’échelle européenne. Que ce soit au niveau national, avec le renforcement des frontières au niveau de chaque État membre et l’adoption de lois particulièrement réactionnaires comme la loi Immigration en France, ou au niveau de l’UE, avec le passage du Pacte Européen sur les migrations et sa batterie de mesures répressives.

Alors que les discours anti-migrants prolifèrent en Europe avec le soutien de gouvernements allant de la gauche à l’extrême-droite, lutter contre ces politiques doit être un enjeu central pour notre classe. La fermeture des frontières vise avant tout à affaiblir et précariser encore un peu plus la main d’œuvre sans-papier, qui demeure essentielle pour le patronat. Alors que les élections européennes sont une surenchère de discours militaristes et xénophobes, il faut opposer une campagne qui s’attaque aux frontières, à l’impérialisme et à la guerre, et qui exige la régularisation de toutes et tous.


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