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Billet

« Prends garde Macron, aucun château n’est imprenable »

« Les œufs et les casseroles, c’est pour faire la cuisine chez moi ». Face à la colère qui ponctue chacune des sorties du gouvernement, le chef de l’État surjoue la confiance pour resserrer les rangs. Alors que l’Elysée a théorisé cette « épreuve cathartique » comme la clé d’une sortie de crise, la « reprise en main » du président tourne au fiasco.

Nathan Deas

21 avril 2023

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« Prends garde Macron, aucun château n'est imprenable »

Crédits photo : Capture d’écran Twitter

Seul, sifflé, insulté, plongé dans le noir, couvert par le bruit des casseroles en Alsace. Beaucoup moins dans le Hérault, et pour cause : le préfet avait interdit l’usage des « dispositifs sonores portatifs »… Dernière trouvaille et seul moyen que le chef de l’État a dégoté, en outre d’un dispositif policier colossal plus conventionnel, pour faire barrage entre lui et la colère de ceux qu’il veut faire travailler jusqu’à la mort.

Pas sûr que le symbole lui soit plus profitable. A nouveau d’ailleurs, ce vendredi, le déplacement de Borne dans l’Indre aura tourné au fiasco, comme ceux de tous ses collègues du gouvernement cette semaine. La ministre avait fait pourtant fait promulguer un arrêté d’interdiction de manifestation … avant de tenter de le camoufler. Un signal de plus de la fébrilité d’un gouvernement qui ne semble plus savoir quoi faire pour masquer qu’il ne peut plus sortir dans la rue sans dispositif policier et judiciaire pour tenir à distance la détestation qu’il suscite.

Le président de la République s’efforce bien de donner le change. Comme il ne sait rien faire d’autre, il provoque. « Ce n’est pas les casseroles qui feront avancer la France » déclare-t-il mercredi. Vingt-quatre heure plus tard, rebelote. « Les œufs et les casseroles, c’est pour faire la cuisine » cingle-t-il. La tactique est vieille et éculée. Face à la crise politique, le chef de l’État rejoue à l’envie le triptyque « travail, ordre et progrès » (retenir ordre) annoncé par le porte-parole de son gouvernement pour tenter de resserrer les rangs. L’Élysée a fait de cette « épreuve cathartique » une clé pour sortir de la crise. Il faut tenir donc.

Problème, le discours sonne creux. Tout comme ses propositions politiques pour relancer la machine des contre-réformes. Sur le travail, le chef de l’État n’a rien d’autre à proposer que la remise à l’ordre du jour des dispositions censurées par le conseil Constitutionnel. Pour l’Éducation, pourtant présentée comme un chantier prioritaire de la « relance », il se limite à reprendre à son compte un vieux poncif néo-libéral : travailler plus pour gagner plus. Pour les services publics, il faudra se contenter de 150 nouvelles « maisons France Service » et de la réduction des délais pour obtenir des papiers d’identité. Pour l’ « apaisement » enfin, cela passera par de nouvelles attaques contre les plus précaires et les immigrés.

Reste que Macron n’a pas tord sur un point, « ce n’est pas les casseroles qui feront avancer la France ». Pour ce qui est de trouver un débouché (non pas à la France) mais à la formidable colère qui continue de s’exprimer, il faudra en effet plus que des « casseroles », plus que des manifestations d’ailleurs, mais une grève reconductible. Une perspective que l’intersyndicale voudrait définitivement enterrer après le 1er mai en reprenant le chemin de l’Elysée et du « dialogue social », mais les actions de ces derniers jours montrent qu’une autre voie est possible. En attendant, sur un château de Villers-Cotterêts, un tag résume assez bien la situation. « Prends garde Macron, aucun château n’est imprenable ».

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