Crédits Photo : [email protected]
Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, s’est rendu dans les Yvelines ce mercredi pour signer une convention pour faciliter la mise à disposition de salariés en tant que réservistes de l’armée. Le ministre espère convaincre les entreprises de mettre en œuvre des modalités pour libérer quelques jours par an à leurs salariés qui voudraient rejoindre la réserve opérationnelle.
Dès 2022, Macron annonçait sa volonté de doubler le nombre de réservistes, objectif 80.000 à l’horizon 2030, contre 41.000 à l’heure actuelle. Pour encourager cet enrôlement, dans la Loi de Programmation Militaire, le gouvernement a contraint les entreprises à mettre leurs salariés engagés dans la réserve à disposition au moins 10 jours par an, contre 5 antérieurement.
L’Etat-Major recense ainsi plus d’un millier d’accords avec des entreprises, comme Bouygues, Véolia ou Thalès, ou des collectivités pour inciter les salariés à s’engager. Cela peut passer par de plus grandes périodes de mise à disposition pour la réserve ou par le maintien de salaire lors des périodes de mise à disposition, qui se combine alors à la solde payée par l’armée (entre 50 et 130€ par jour).
« Ces conventions ont aussi pour objectif de toucher des métiers-clés et en tension, sur lesquels nous avons des besoins qui ne sont pas satisfaits », explique l’état-major qui espère bien attirer à l’armée des salariés avec un haut niveau de qualification.
C’est dans ce but que Sébastien Lecornu avait présidé le 5 juillet 2023 la prise d’armes dans la Cour d’honneur de l’Hôtel national des Invalides d’un] devant entreprises, banques et collectivités (Bouygues, SNCF, Allianz, BNP Paribas et le conseil départemental de l’Essonne). Militariser la société, apprendre aux salariés à marcher à la baguette et à obéir à la hiérarchie est un effort collectif auquel se prêtent également les collectivités locales, les grandes écoles et les universités.
Les déclarations de Lecornu invitant les entreprises à « une forme de patriotisme du capitalisme français » ne sont bien entendu que des histoires pour enfants. La réalité est que, comme tout ce qu’entreprennent les capitalistes, il s’agit d’un investissement sur l’avenir.
Préparer les travailleurs à la guerre, c’est s’assurer qu’ils aillent ensuite se battre pour le compte de Thalès, pour que Veolia puisse piller l’eau de nouveaux pays, pour protéger les gisements de Total ou s’assurer que les entreprises françaises de télécom et de transports s’arrogent de nouveaux marchés et que les banques françaises mettent à genoux encore davantage de peuples par les prêts et les dettes. Hier comme aujourd’hui, on croit s’engager, mourir et tuer pour la patrie, on le fait pour les industriels.