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« Holm s’en va ? Nous restons ici ! »

A Berlin, les étudiants se mobilisent contre le licenciement d’un professeur et la politique urbaine néolibérale

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Hermine Bianca

Depuis cinq jours, l’Institut de Sciences Politiques de l’Université de Humboldt est occupé par des étudiants. Ces derniers protestent contre le licenciement de Andrej Holm par la présidente de l’université, professeure appréciée des étudiants pour son engagement, car il n’hésite pas à dénoncer les abus de la politique du logement à Berlin.

« Holm s’en va ? Nous restons ici ! ». Tel est le mot d’ordre sous lequel les étudiants ont commencé l’occupation de l’amphithéâtre depuis maintenant plus d’une semaine. Pour eux, le licenciement de ce professeur est une décision politique qui va à l’encontre de leur volonté. Ils exigent que leur professeur retrouve son poste.

Au delà des revendications qui concernent Holm, les AG réclament une politique de logement dans l’intérêt des habitants, la fin des coupes budgétaires à l’université, la démocratisation des structures de l’université, des salles permettant l’auto-organisation étudiante, plus d’enseignement critique et la fin des contrats précaires à l’université. En cela, leur combat représente aussi un affrontement contre le gouvernement « de gauche » au pouvoir à Berlin.

Une véritable auto-organisation s’est mise en place. Les étudiants organisent des projections de films, débats, cours alternatifs, publient régulièrement des communiqués de presse, réfléchissent à l’abolition des hiérarchies et des discriminations. Dès le deuxième jour de l’occupation, ils ont appelé « tous les étudiants intéressés par le mouvement les professeurs, membres du personnel, associations de locataires, organisations sociales, syndicats et militants isolés » à soutenir le mouvement.

Depuis la vague de grèves pour l’éducation en 2009, c’est la première fois que des étudiants engagent un combat aussi radical. Le cas de Andrey Holm a une résonance politique particulière, car il est aujourd’hui très courant que des professeurs d’université de gauche soient démis de leurs fonctions pour des motifs politiques.

Après cinq jours d’occupation, les étudiants ont tenu une conférence de presse où ils ont présenté leur manifeste. Celui-ci stipule qu’ils s’auto-organisent au sein d’un espace qui est le leur, que le cas de Holm est directement lié aux politiques néolibérales du logement et aux conditions de travail précaires et non-démocratiques de l’enseignement supérieur et appellent à une manifestation samedi prochain, en lien avec les lycéens, chômeurs, travailleurs et associations en lutte contre la précarité en matière de logement.

Les étudiants de l’Université Humboldt ont reçu des messages de solidarité d’étudiants de toute l’Allemagne et le mouvement s’étend peu à peu dans d’autres universités de Berlin. Mardi, des étudiants de la Freie-Universität ont interrompu plusieurs cours de sciences politiques et sociales pour attirer l’attention la lutte en soutien à Andrej Holm. Jeudi, ils ont tenu une réunion pour relier les luttes de la HU à celles de leur université, étant eux-mêmes également concernés par les loyers trop élevés, les amphis surchargés et les contrats sous-payés.

Après plus d’une semaine, le mouvement pourrait prendre de l’ampleur, en particulier s’il converge avec d’autres secteurs du côté des travailleurs. Si Holm retrouvait son poste, ce serait un symbole politique important qui aurait des conséquences sur l’ensemble des universités à Berlin.


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