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Témoignage

Cécile, 25 ans : « Je suis dans une situation précaire, et le resterai sûrement toute ma vie »

Vendredi dernier un étudiant de 22 ans s’est immolé par le feu pour dénoncer la précarité dans laquelle il vivait. Mais son cas n’est pas isolé. Cécile 25 ans, étudiante raconte « Je suis dans une situation précaire, et le resterai sûrement toute ma vie vu ce que l’état fait des universités et ce qu’il compte faire des régimes de retraite... »

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Je m’appelle Cécile et j’ai 25ans, j’ai fait une licence, puis une année à l’étranger, puis un premier master et je suis actuellement en train de faire un second master à l’université Paris Diderot, pour me préparer à entrer en doctorat. J’ai grandi en banlieue parisienne, et durant toute ma licence j’ai eu droit à 1h30 de trajet matin et soir (sans compter les problèmes quotidiens de RER), c’était épuisant. Beaucoup de changements donc impossibilité de travailler dans les transports. La bourse aidait mes parents chez qui je vivais, mais à la place, tous les devoirs facultatifs devenaient obligatoires car j’étais boursière. En L2 j’ai passé mon second semestre avec une moyenne de sommeil d’environ 5h par nuit. En L3 j’ai été malade et ai raté un partiel, j’ai justifié l’absence pour ne pas perdre la bourse et ai eu un 0 automatique que j’ai compensé avec de très bonnes notes dans d’autres matières. Un non boursier aurait pu passer directement en rattrapage, je n’ai pas eu cette chance. Même avec une bourse l’inégalité reste.

Lors de mon échange universitaire entre la licence et le master, mes parents ont déménagé. Je devais rester sur Paris pour continuer mes études et ai trouvé un petit studio en banlieue à maximum 30min en RER de ma fac (encore une fois sans compter les galères). Ça a été une libération d’être aussi "proche". Mais à la place, je paie un loyer de plus de 500€ pour un 17m² mal isolé et avec quelques cafards. Cela fait trois ans que j’y habite, depuis, mon loyer a augmenté d’environ 20€, et j’ai perdu 5€ d’apl.

Pour mettre la cerise sur le gâteau, je n’ai plus de bourse car je l’ai touchée le maximum d’années. Je n’ai pas droit au RSA (il faut travailler un minimum quand on est étudiant pour pouvoir le toucher), je n’ai plus droit à la bourse (qui de toute manière n’est pas suffisante pour vivre), et je ne peux plus faire des petits boulots style caissière ou serveuse (à cause de problèmes de dos liés à du stress, de la fatigue, et le transport quotidien d’un vieil ordinateur lourd et de livres pour travailler).

Je suis complètement dépendante de mes parents. Sans eux, j’aurais dû faire un prêt (mais on sait tous les galères que ça entraîne...) Ou abandonner mes études. D’un côté j’ai de la chance d’avoir ce financement, mais d’un autre je subis une pression de leur part pour arrêter le plus vite possible mes études et trouver un travail. Je souhaite devenir enseignant chercheur, donc ce n’est pas vraiment prêt d’arriver... Je suis dans une situation précaire, et le resterai sûrement toute ma vie vu ce que l’état fait des universités et ce qu’il compte faire des régimes de retraite...

On voudrait prétendre que seuls les mauvais étudiants, ou seuls ceux qui ne sont pas faits pour les études n’ont plus de bourse. C’est faux. En outre, j’ai fait le calcul, dans ma situation actuelle, avec la bourse au niveau maximum et mes dépenses limitées au strict minimum je serais à -30€ par mois. Les bourses ne sont pas adaptées à la situation économique actuelle.

Tu vis ces situations ? connais ces angoisses ? Endettement étudiant, problèmes de logement, boulots précaires, pression scolaire ? Envoie ton témoignage, à l’écrit, en vidéo, en dessin ou en musique à [email protected], pour ne plus passer ces situations sous silence et commencer à préparer une réponse collective !


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