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« Chaque mois je dois demander un acompte » : la grève pour les salaires reconduite à la STEF

En grève depuis lundi pour une augmentation de 100 euros, les travailleurs de STEF à Vitry reconduisent le mouvement face à une direction qui fait la sourde oreille. Solidarité !

Ivan Ferrero

14 novembre 2023

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« Chaque mois je dois demander un acompte » : la grève pour les salaires reconduite à la STEF

Crédit photo : Révolution Permanente

Chaque matin, dès 6 heures, ce sont eux qui livrent les boulangeries parisiennes et les magasins Picard. Mais depuis ce lundi les travailleurs de STEF à Vitry-sur-Seine (94) sont en grève pour une augmentation de salaire de 100€.

« Il y a eu un premier débrayage le 31 octobre pour exiger une hausse de salaire de 100€, et en réponse la direction nous a juste proposé une prime de 100€ alors on a décidé de se mettre en grève » explique Assane*. Les grévistes exigent également le paiement de leurs jours de grève « Si on est dehors c’est à cause de la direction donc c’est à eux de prendre en charge le mouvement ».

75% des salariés obligés de demander un acompte chaque mois

Alors qu’il n’y avait pas eu de grève sur le site depuis 2014, la précarité liée à la hausse des prix a été le déclencheur de ce mouvement. « On est en grève parce qu’on peut plus joindre les deux bouts avec l’inflation. 100€ en plus c’est le minimum et même avec ça tu peux presque rien acheter aujourd’hui » poursuit Assane.

En effet, dans cette entreprise où les CDI, même ceux présents depuis une dizaine d’année, touchent 1380€ par mois, 75% des salariés sont obligés de demander un acompte pour pouvoir se nourrir. « Je suis dans un HLM avec ma femme et mes enfants, après avoir payé les 780€ de loyer, les charges, les abonnements, il ne reste plus rien. Chaque mois, parfois dès le 5, je suis obligé de demander un acompte sur mon salaire » témoigne un gréviste.

Des conditions de travail difficiles qui usent les corps

« On doit porter des charges lourdes dans des chambres froides à -28°C, un carton de baguettes surgelés c’est plus de 12kg » explique-t-il. « On a beaucoup de collègues qui ont le dos brisé, moi je me suis fait une discopathie [usure des disques de la colonne vertébrale]. On a des règles de sécurité mais avec les quotas de productivité c’est impossible de les respecter »

Un discours repris par Mariama, préparatrice de commande depuis 4 ans « Je vis seule avec mes 3 enfants et je les vois très peu, je me lève à 4 heures le matin pour commencer à 6 heures et quand je rentre je suis épuisée. Si tu aimes pas ton boulot tu ne peux pas travailler ici ».

« Sans nous ils ne peuvent pas faire une seule livraison, ils méprisent les gens qui font la richesse. On a vu les grilles de salaires, notre directeur il touche 10 000 euros par mois, tandis que nous les ouvriers on est à 1380 euros » renchérit un gréviste.

En effet, de l’agent il y en a, le groupe a annoncé un chiffre d’affaire de 4,3 milliards € en 2022 et plus de 1 milliard de bénéfices. Une situation qui permet au groupe de multiplier les investissements : « Ils ouvrent de nouveaux sites avec notre argent en Hollande et en Belgique, ici ils agrandissent mais rajouter 100 euros à nos salaires c’est impossible » constatent amèrement les grévistes.

Face à une direction méprisante, la nécessité du bras de fer

Cet après-midi, après un blocage du site pendant 30 minutes, la direction a accordé un nouveau rendez-vous aux représentants syndicaux. Leur proposition est d’ouvrir de nouvelles négociations, dans le cadre des NAO (Négociations Annuelles Obligatoires) 2024. En clair, imposer l’arrêt de la grève pour le retour aux négociations, sans aucune garantie d’une augmentation conséquente, tout en fermant la porte à de futures augmentations pour l’année 2024. Cette proposition, ou plutôt une arnaque avec une grosse ficelle, est soutenue par la CFDT et FO qui se sont positionnés contre la grève. Les grévistes, eux, ont affirmé clairement leurs revendications : 100 euros d’augmentation immédiates. Ainsi, les grévistes, réunis en Assemblée générale ont refusé cette proposition et voté, à l’unanimité, la poursuite de la grève.

Les discussions stratégiques sur l’organisation de la grève se multiplient avec une idée au centre : durcir le mouvement. « On n’a plus rien a perdre s’il faut rester ici plusieurs semaines, on restera ! » affirme Mariama.

Une chose est sûre, c’est un véritable bras de fer qui vient de s’engager et il faut organiser la solidarité pour aider ceux qui relèvent la tête face à une inflation qui persiste. Rendez-vous chaque matin à 8 heures au 47 rue Charles Heller à Vitry-sur-Seine pour les soutenir !

* Les prénoms ont été modifiés.


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