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Mobilisation

Deux semaines de grève : les moniteurs de la BU de l’Université Paris Cité durcissent le mouvement

Face à des contrats précaires et au mépris de l'université, les moniteurs et monitrices de la bibliothèque universitaire de l'université Paris Cité frappent plus fort : deux semaines de grève, pour de meilleurs contrats et de meilleurs salaires, paralysant totalement la bibliothèque.

Philo Tristan

14 novembre 2023

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Deux semaines de grève : les moniteurs de la BU de l'Université Paris Cité durcissent le mouvement

Alors que les moniteurs et monitrices de la bibliothèque universitaire des Grands Moulins font déjà face à une situation extrêmement précaire, les conditions de leurs contrats et le mépris de la présidence ont amplifié leur colère.

Retard de signature de leurs contrats, retards de salaires allant jusqu’à 3 mois, non paiement des titres de transport : un ensemble de conditions salariales et de travail scandaleuses, dénoncé dans une pétition, signée à l’heure actuelle par plus de 2300 étudiant.e.s et personnel de l’université.

De plus, Jeanne*, une monitrice-étudiante de la BU, rappelle qu’il s’agit d’une situation connue et assumée par l’université : « avant l’été, lorsqu’on a passé les entretiens [pour devenir moniteurs], on nous avait prévenu sur les retards de salaires, qu’on allait être payés avec deux, trois mois de retard.  »

À cela, il faut ajouter une présidence hypocrite et fermée aux revendications des moniteurs, provoquant la première journée de grève le 24 octobre dernier avant deux journées de grève consécutive les 3 et 4 novembre. Pendant ces journées, les moniteurs et monitrices ont diffusé leur pétition et leurs caisses de grève, visibilisant leur mobilisation via des pancartes ou encore des prises de paroles.

Deux semaines de grève reconductible : la mobilisation monte d’un cran

Face au mutisme de la présidence, le lundi 6 novembre, les moniteurs ont décidé, en assemblée générale devant la BU, de partir pour une semaine reconductible : « On a décidé d’y aller un peu plus fort », explique Jeanne. Une réaction provoquée par une énième décision de la présidence qui n’a pas versé les salaires d’octobre, alors que certains moniteurs attendent toujours le paiement des heures d’été.

En effet, sans considération pour le personnel, elle a annoncé au dernier moment que leurs salaires seraient versés fin décembre, prétextant une « erreur ». Une indécence, qui prouve une fois de plus que la direction de l’université Paris Cité voit les moniteurs comme une main d’œuvre facile, traitée avec une négligence totale.

De plus, lors du renouvellement des contrats pour l’année 2023-2024, le responsable indique que cette année, leur mission s’arrêtera en mai, soit une perte de deux mois de salaires. Finalement, on les fera signer un contrat du 11 septembre au 31 août. Pour Adèle*, une autre monitrice interrogée : « Nous sommes donc une variable d’ajustement pour eux, ils nous "gardent sous le coude", si besoin ».

Cette situation est d’autant plus aberrante que le président de Paris Cité lui-même s’est dit favorable à un revenu étudiant dans une tribune contre la précarité étudiante parue dans le journal Le Monde. Une prise de position hypocrite, tant Edouard Kaminski a méprisé les moniteurs et monitrices étudiantes et leurs revendications.

Dernièrement, dans un mail envoyé à tous les étudiant.e.s, il va critiquer la mobilisation la rendant responsable, auprès des étudiant.e.s, de la paralysie de la bibliothèque, parlant d’« une situation de blocage [qui] s’est installée depuis une semaine à la bibliothèque des Grands Moulins, en lien avec celle subie par les monitrices et moniteurs qui y sont affecté·es ». Se plaçant en sauveur des moniteurs, il met aussi en avant des éléments de négociations qui ne répondent toujours pas aux attentes. Ainsi, il propose de payer 80% des salaires dus « dans les prochains jours » et les 20% restants en décembre, sans répondre précisément aux modalités contractuelles et au paiement des titres de transport. C’est face à ces perspectives dérisoires et l’indécence du mail que les moniteurs.rices ont décidé, ce lundi 13 novembre, de reconduire leur grève encore une semaine de plus.

Une grève symbole de la précarité étudiante et des coupes budgétaires

En début d’année scolaire, la présidence a annoncé une réduction de budget à hauteur de 30 millions d’euros. Aujourd’hui, elle utilise aussi ce prétexte sur le dos des moniteurs, parlant de « risque financier pour l’établissement » lorsqu’il s’agit de payer les étudiant.e.s à l’heure. « Il a été nécessaire de lui préciser que non, nous ne voulons pas rajouter des problèmes financiers à l’université. Dire que la fac est endettée semble devenir la réponse un peu "facile" pour refuser d’entendre toute revendication de la part des étudiants et des salariés en difficulté » rétorque Adèle*.

Au contraire, face à cette tentative de destruction de l’université, la grève des moniteurs étudiants démontre une nouvelle fois les ambitions austéritaires de la présidence : « On souhaite évidemment faire remonter à la présidence l’impact et l’importance de notre mouvement. Une absence de moniteurs conduit forcément à un service dégradé : les horaires sont perturbés (fermeture à 18h au lieu de 20h), manque de personnel aux étages, les livres s’accumulent dans les bacs de rangement » résume Adèle. Une dénonciation rendue possible à la fois par la pétition, mais aussi par une motion de soutien, rédigée par les grévistes, proposée par Le Poing Levé au conseil de Sciences Humanités, votée ce lundi 13 novembre après-midi.

Cependant, la mobilisation des moniteurs et monitrices peut aussi compter sur le soutien des organisations étudiantes et syndicales et des étudiant.e.s mobilisé.e.s en lutte contre ces annonces budgétaires depuis le début de la rentrée, faisant déjà reculer les coupes budgétaires d’au moins de moitié. Loin de contenter les étudiants et le personnel, des assemblées générales et des journées de mobilisation sont prévues dans les prochaines semaines, sur trois des campus de l’université Paris-Cité (Grands Moulins, Saint Pères, Boulogne).

Alors que les différentes mobilisations s’intensifient contre les politiques destructrices et méprisantes de l’université vis-à-vis du personnel et des étudiant.e.s, le combat pour une université gratuite et la mise en place d’un revenu étudiant payé par le patronat pourraient être des revendications du mouvement en vue de son élargissement.

*Les prénoms ont été modifiés


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