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La culture en lutte

Grève au musée d’Orsay. Pas question de travailler 7 jours sur 7

Léo Serge Le musée d'Orsay a été entièrement fermé en raison d’une grève les mardi 22 et mercredi 23 septembre, suite à une décision de l'assemblée générale des salariés appelée par la CGT-Culture. Les salariés et syndicats du musée réagissent à une injonction présidentielle d’apparence progressiste en matière d’accès à la culture : ouvrir le musée sept jours sur sept. Une décision qui ne tient aucun compte de la réalité du musée.

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Orsay est l’un des plus grands musées d’Europe, une véritable ruche avec en moyenne plus de 3,4 millions d’entrées l’an dernier, soit plus de 10 000 visiteurs chaque jour. La décision d’ouvrir le lundi, jour où jusqu’ici pouvait s’effectuer la maintenance, l’accrochage et le décrochage des tableaux est donc particulièrement dangereuse. Surtout quand on sait que l’ordre présidentiel est d’ouvrir désormais le lundi pour les scolaires. On imagine la scène : des dizaines de groupes de collégiens parcourant le musée et cherchant à esquiver les machines d’entretien et les équipes décrochant les tableaux. Visiblement la réalité n’est pas un obstacle aux décisions venues d’en haut.
Bien sûr il ne s’agit pas seulement de créer des conditions de travail ubuesques un jour sur 7, mais il s’agit également de faire travailler plus pour le même salaire. Bizarrement sur ce sujet rien ne filtre dans la presse. On peut pourtant estimer la perte salariale que représente potentiellement cette décision. Si les équipes restent les mêmes cela signifie tout simplement 1/7ème de travail en plus, soit l’équivalent d’une perte de salaire de 14 %. Cela signifie aussi la possibilité de voir son planning constamment modifié. Le communiqué de la CGT-culture est clair : « L’organisation du travail, des services, ajoute de nombreuses contraintes pour des équipes déjà en sous-effectif chronique et dégrade fortement les conditions de travail des personnels déjà confrontés à une fréquentation saturée ».
Après deux jours de grève l’assemblée générale a voté la reprise du travail après avoir obtenu des garanties de la direction. « L’expérimentation » commencera cet hiver et non dès cet automne, et uniquement lorsque des renforts d’emplois seront effectifs – il s’agirait de 70 emplois ! Le personnel a également obtenu la promesse que le lundi sera bien réservé aux scolaires et non aux autres publics.
Les médias de la bourgeoisie se gardent bien d’évoquer les objectifs ciblés de fréquentation – c’est-à-dire les objectifs de vente et de bénéfices à atteindre – qui vont avec ce projet. Ils se gardent bien de dire comment les conditions optimales de conservation des œuvres et du bâtiment pourront avoir lieu sans jour de relâche. Ils se gardent bien d’évoquer la hausse continue du nombre d’emplois précaires et mal payés, au détriment de l’embauche de titulaires.
Un refrain connu résonne depuis plus de 30 ans de contre-réformes libérales. « Les Français ne travaillent pas assez, les fonctionnaires ne travaillent pas du tout ». Il faut travailler le dimanche, il faut travailler plus que 35 heures… Bref le mouvement de l’histoire, celui qui permettrait d’être compétitif, c’est l’épuisement toujours plus grand dans un travail qui n’en finit plus de nous asservir à des horaires toujours plus extensifs. Horaires de nuit, travail après le travail grâce aux instruments numériques, surveillance sur le lieu de travail, planning changeant en permanence, etc. Tout cela peut se résumer simplement : offensive patronale et gouvernementale sur le terrain de la lutte des classes. Mais la bourgeoisie et ses contremaîtres savent par expérience qu’il faut mieux dissimuler la réalité et présenter leur projet autrement. Il ne s’agit pas de faire plus d’argent grâce au travail accru des salariés mais de « satisfaire la demande du peuple ». Formidable, surtout quand on sait l’argent qui est dépensé pour modeler la « demande du peuple ». Qui pourrait s’élever sur le fait qu’une journée soit réservée dans les musées aux visites scolaires ? Mais pourquoi le faire aux dépens des personnels et du patrimoine ? Pourquoi ne pas au contraire le faire en améliorant les conditions de travail ?
Au musée d’Orsay comme ailleurs, le toujours plus du capitalisme se fait au détriment des êtres humains et ce qui reste le véritable acquis de la culture : pouvoir se désaliéner des tâches archaïques et accroître le temps disponible pour l’accomplissement individuel et collectif. Il faut soutenir activement ceux qui résistent et luttent contre cet asservissement au travail forcé.


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