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La lutte paie

Grève victorieuse pour les salaires chez Yara : les salariés obtiennent 7% d’augmentation

Mi-septembre, les salariés de l’entreprise havraise de production d’engrais Yara International ont mené une grève victorieuse pour l’augmentation des salaires face à l’inflation et à la crise énergétique.

Augustin Tagèl

17 octobre 2022

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Chez Yara International, géant norvégien des engrais, l’année 2022 a été, comme chez de nombreuses multinationales, une année faste. Alors que les bénéfices triplaient pour atteindre le milliard de dollars, la direction se refusait à réévaluer les salaires face à l’inflation. Lors des négociations annuelles obligatoires (NAO) de février, les négociations avaient abouti à une augmentation générale des salaires de 3%. Prévoyant une inflation qui ne pourrait être qu’à la hausse, et face aux premières alertes sur les questions énergétiques avec le début de la guerre en Ukraine, il avait été convenu d’organiser des NAO bis à la rentrée, pour aviser à ce moment du niveau d’inflation et exiger de nouvelles augmentations en conséquence.
 
« Nous nous sommes donc remobilisés en septembre, pour exiger une nouvelle augmentation générale, pour ne pas de laisser distancer par une inflation de plus en plus élevée », nous explique Guillaume Decaen, travailleur chez Yara et élu CGT. Les négociations se sont donc rouvertes avec la direction en septembre, mais celle-ci s’est montré très fermée sur les questions d’augmentation générales. « Elle campait sur la position des 3%, et proposait une prime selon les salaires que nous refusions. Nous exigions une augmentation générale des salaires qui profite équitablement à l’ensemble des salariés », détail l’élu.
 
Face aux refus de la direction de céder, les salariés de quart présent sur le site se sont réunit pour débattre des propositions de la direction et ont décidé spontanément et très majoritairement de se mettre en grève. « Les chargements ont tout de suite été mis en stand-by sur l’usine, la spontanéité a surpris la direction », rapporte Guillaume, qui explique que tout début de grève peut rapidement coûter cher à l’entreprise. « Si nous commencions à couper les fours de production, c’est une étape longue, qui coute cher à l’entreprise, et ils nécessitent aussi du temps pour être remis en marche ».
 
Après trois heures de grève, la direction cède et accepte une nouvelle augmentation générale des salaires de 4%, rétroactive depuis les premières NAO de février, soit une augmentation cumulée à l’année de 7%. La proposition, soumise par les élus au vote des grévistes a été acceptée à la majorité. Cette augmentation, les salariés la trouvent normale, car « il y a eu beaucoup de bénéfices, beaucoup de dividendes reversés aux actionnaires », confie Guillaume. L’entreprise a vu ses bénéfices tripler en 2022, passant de 322 millions de dollars un an plus tôt à 1,039 milliards de dollars. C’est ce qui a convaincu les travailleurs à se mobiliser dans la grève, « parce que les richesses doivent être partagées entre tous les salariés, qui sont la force de travail », avance le syndicaliste.
 
Alors que les grèves se généralisent après les tentatives de répression et les réquisitions ont touché les travailleurs des raffineries qui mènent la lutte depuis plusieurs semaines, les salariés de Yara International rappellent une chose primordiale, c’est que la grève paie. Alors que le patronat et le gouvernement se refusent à toute augmentation des salaires, les salariés de Yara montrent qu’aujourd’hui, la seule manière de faire entendre le patronat est bien de le toucher au portefeuille. C’est de cela que le patron de Yara a eu peut lorsque la menace d’éteindre les fours a été brandie par les grévistes : perdre, en quelques jours, des dizaines de milliers d’euros. Si, évidemment, on fait face aujourd’hui à un patronat français qui, chez Exxon comme chez Total, est déterminé à ne rien lâcher, la multiplication d’exemples contraires dans d’autres entreprises, ne peut que renforcer la détermination des grévistes, et défaire la solidarité de classe qui s’exprime dans la bourgeoisie.


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