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Offensive patronale

Un médecin du travail interdit d’exercer pendant 6 mois : la chasse aux arrêts de travail s’accentue

Le 12 janvier dernier, le médecin du travail Jean-Louis Zylberberg a été condamné par l'Ordre des médecins pour de supposés arrêts d’inaptitude « litigieux ». Une mesure indissociable du projet de chasse aux arrêts maladie et d’attaque contre le monde du travail du gouvernement.

Lino Lussu

5 février

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Un médecin du travail interdit d'exercer pendant 6 mois : la chasse aux arrêts de travail s'accentue

Dans un communiqué du 26 janvier, la CGT dénonce la condamnation par l’Ordre des médecins du Dr Jean-Louis Zylberberg à un an d’interdiction d’exercer dont six mois avec sursis « C’est l’employeur, l’entreprise Valente, qui a décidé de saisir le conseil départemental de l’Ordre des médecins sous prétexte que le Docteur Zylberberg aurait rédigé des “avis d’inaptitude litigieux (...), de nature à léser de manière directe et certaine” Valente Sécurité. » lit-on dans le communiqué de la CGT.

Une mesure répressive indissociable du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) imposé par 49.3 par le gouvernement en octobre dernier, dont l’objectif est d’économiser 3,5 milliards d’euros en 2024 en durcissant la traque aux « arrêts maladie abusifs ». Dorénavant, les arrêts maladie de plus de trois jours par téléconsultation sont interdits, et les contrôles des indemnités sont renforcés avec la possibilité pour le patronat d’envoyer un « médecin contrôleur » avec, notamment, le droit de suspendre l’arrêt de travail. Là où auparavant, un nouveau contrôle médical devait être réalisé avec un médecin contrôleur de la Sécurité sociale dans les 48 heures après réception du rapport du médecin privé.

Depuis plusieurs mois, le gouvernement est ainsi à l’offensive pour s’attaquer aux travailleurs tout autant qu’aux médecins qui délivreraient trop d’arrêt maladie, autour d’une rhétorique stigmatisante visant à les faire passer pour des personnes irresponsables. Une offensive qui s’accompagne d’un contrôle accru par l’assurance maladie. En juin 2023 déjà, plus de 1000 praticiens avaient été placés sous contrôle statistique par l’Assurance maladie.

La suspension du docteur Zylberberg n’est par ailleurs pas une première. En effet, plusieurs médecins ont été sanctionnés par l’administration du Territoire de Belfort en juin dernier et dans le Tarn au mois de décembre.

La casse de la Sécurité sociale va donc de pair avec la politique anti-sociale du gouvernement et sert à masquer la dégradation des conditions de travail. Or, derrière les fantasmes agités par le patronat et le gouvernement, se cache en effet une autre réalité : la sous-déclaration des accidents du travail, l’impact de la disparition des CHSCT (Comité Hygiène Sécurité et Conditions de Travail, supprimés par la Loi Travail XXL de 2017) sur la sécurité au travail et celle des troubles psychologiques provoqués par les conditions de travail, qui sont la deuxième cause des arrêts maladie en 2022, ou encore le fait que 52 % des moins de 30 ans se disaient « stressés » et / ou « épuisés  » au travail la même année.

De la même manière, certains chercheurs mettent l’accent sur le problème du « présentéisme » de certains salariés, qui se rendent au travail alors qu’ils pourraient bénéficier d’un arrêt, craignant les jours de carence, le regard de leurs collègues, mais aussi et surtout les répercussions et les pressions qui pourraient en découler de la part de leurs supérieurs. Il est clair que les économies imposées au système de Sécurité sociale par le gouvernement se font au détriment de la santé et du revenu des travailleurs, pour le plus grand bonheur du patronat.

Cette offensive vise donc à effrayer les médecins qui délivrent des arrêts maladie. Dans la continuité des nombreuses offensives contre la sécurité sociale et contre les droits sociaux les plus élémentaires, cette mise à pied fait partie d’une offensive globale contre les travailleurs, au service du patronat.


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