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Répression

875 interpellations, RAID déployé : Darmanin lance une grande offensive répressive pour briser la révolte

Au cours de la troisième nuit de révolte suite au meurtre policier de Nahel, la colère s’est largement étendue sur le territoire. Face à celle-ci, la réponse répressive de l’État est d’une ampleur inédite : 875 personnes ont été interpellées par 40.000 forces de répression déployées sur le territoire, dont des unités du RAID, du GIGN ou de la BRI.

Seb Nanzhel

30 juin 2023

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875 interpellations, RAID déployé : Darmanin lance une grande offensive répressive pour briser la révolte

Crédits photo : Capture d’écran Remy Buisine

Jeudi soir, la colère des quartiers populaires qui a explosé suite au meurtre policier de Nahel s’est encore étendue à travers le territoire. Les révoltes parties de Nanterre ont ainsi gagné les rues de Paris, où les commissariats des 12e, 13e et 14e arrondissements ont été pris pour cible, comme le rapporte Le Monde.

Aux quartiers populaires des Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne, qui concentrent toujours la colère, s’ajoutent ainsi de nombreuses villes de province : affrontements dans le centre-ville de Rennes, révoltes dans les quartiers du Nord de Nantes, mobilisation de la jeunesse qui ne faiblit pas à Roubaix et Tourcoing, fief de Darmanin.

Alors qu’en 2005, les quartiers populaires marseillais étaient restés à l’écart de la mobilisation, des explosions de colère ont rythmé la nuit de jeudi à vendredi dans la cité phocéenne. Une colère contre les violences d’État et son racisme qui s’est propagée aux colonies comme en Martinique, en Guyane et à la Réunion et s’est étendue jusqu’à Bruxelles : à la suite d’un rassemblement en hommage à Nahel, des affrontements avec les forces de répression ont eu lieu dans la capitale belge.

A l’issue de cette troisième nuit de soulèvement des quartiers populaires contre les meurtres policiers et le racisme d’État, 1900 voitures auraient été incendiées soit plus qu’au plus fort des révoltes de 2005. De même, près de 500 bâtiments auraient été touchés par des incendies. Des chiffres qui témoignent de la profondeur de la colère qui continue à s’étendre.

Une colère face à laquelle le gouvernement répond par une répression massive. 40.000 unités de force de répression ont ainsi été déployées dans les quartiers populaires du territoire jeudi soir. Un quadruplement des forces jusqu’alors mobilisées, alors qu’à titre de comparaison, au plus fort de la mobilisation des retraites, ce sont 12.000 unités qui avaient été mobilisées pour réprimer les manifestants. Parmi les unités déployées, des forces du GIGN, de la BRI ou du RAID qui ont brutalement réprimé les jeunes. Des vidéos montrent ainsi des policiers de ces unités spéciales, mobilisées pour la lutte antiterroriste, patrouiller armées, semer la terreur et interpeller des jeunes.

A Nanterre vers minuit, la BRI a pénétré les barricades dressées devant le quartier Pablo Picasso à la voiture-bélier, épicentre de la contestation. A Lille, Mediapart rapporte que « Selon diverses images diffusées sur les réseaux sociaux, des policiers ont parcouru les rues fusils à la main et les membres du Raid ont procédé à des interpellations en mettant en joue eurs cibles. »

Une réponse par la terreur, qui illustre le régime d’exception qui frappe les quartiers populaires et la gestion répressive et coloniale qu’applique le gouvernement. Seulement en Seine-Saint-Denis, une source policière communique au Monde que 1 300 tirs de LBD et 1 200 grenades lacrymogènes ont été envoyés sur les mobilisations par les forces de répression.

Ce régime d’exception se retrouve également dans les couvre-feu déployés par l’État ainsi que les restrictions de transports. Mediapart rapporte ainsi que « Trois villes de la région parisienne ont instauré un couvre-feu nocturne jusqu’à lundi 3 juillet : Clamart (Hauts-de-Seine), […] Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) et Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne). Selon l’AFP, la mairie de Compiègne (Oise) a également imposé un couvre-feu pour les mineurs de moins de 16 ans non accompagnés, valable de 22 heures à 6 heures, pour tout le week-end. »

Les forces de répression ont interpellé massivement, Macron ayant fait état de 875 interpellations dont plus de 400 à paris et sa banlieue. Un nombre d’interpellations trois fois supérieure à celui de la veille, témoin d’une volonté du gouvernement d’écraser le mouvement en cours. Sur BFM jeudi, Darmanin martelait ainsi vouloir « procéder à des interpellations pour ramener l’ordre républicain » et « faire taire les professionnels du désordre ». Des interpellations massives dont Darmanin s’est par ailleurs félicité vendredi matin. Il a ainsi tweeté : « Conformément à mes instructions de fermeté, ils ont procédé à 667 interpellations. » (le bilan des interpellations a depuis été revu à la hausse).

Alors que la révolte des quartiers populaires continue de s’étendre et de s’approfondir, le gouvernement déploie un arsenal répressif inédit pour tenter de l’écraser. Dans ces coordonnées, l’ensemble du mouvement social, de la gauche politique et syndicale doivent se coordonner afin de ne pas laisser isolés les jeunes qui se soulèvent contre le racisme d’État et les meurtres policiers. Un combat qui commence par une dénonciation large de ces dispositifs répressifs d’exception qui frappent les quartiers populaires, et une mobilisation pour exiger la libération sans charge ni enquêtes de toutes les personnes interpellées, mais qui ne pourra se mener jusqu’au bout qu’en posant la question d’un retour de la grève face au durcissement policier et autoritaire de Macron. 


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