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Toulouse

A l’université du Mirail l’UNEF et l’UEC soutiennent la suppression des rattrapages

Ce 7 mars, sera votée à la CFVU du Mirail, une modification du calendrier universitaire et du système de notation pour l’université du Mirail. Celle-ci implique la suppression de la session de rattrapages. La FAGE mais aussi l’UNEF et l’UEC se sont positionnées en faveur de la suppression des rattrapages, contre les droits des étudiant.es

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A l'université du Mirail l'UNEF et l'UEC soutiennent la suppression des rattrapages

Pas de chantage avec les droits des étudiant.es !

Lors de la CFVU (Commission Formation et Vie Universitaire) du jeudi 7 mars, le calendrier universitaire 2024-2025 va être mis au vote. La proposition faite par l’équipe de direction de la CFVU supprime la session de rattrapage du mois de juin en échange d’une modification du calcul des moyennes. A côté de ce recul pour les droits des étudiant.es, d’autres mesures, comme l’élargissement de Régimes Spéciaux d’Etude pour les étudiants travailleurs et/ou en situation spécifique sont des avancées, mais sont présentées en bloc dans ce calendrier.

Les organisations étudiantes qui soutiennent ce projet comme l’UNEF/UEC et la FAGE utilisent ces avancées pour justifier un recul. Ces organisations osent ainsi accuser celles qui refusent la suppression d’une réelle deuxième chance pour les étudiants comme des adversaires de l’amélioration des conditions d’étude !

Or, il n’y a absolument aucune raison de tout voter en bloc. C’est ce qu’affirment dans un communiqué Le Poing Levé, la CGT-Sela, l’Union Etudiante et la CGT FercSup, qui appellent à reporter le projet de suppression des rattrapages, tout en maintenant l’élargissement des Régimes Spéciaux d’Étude.

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Car, fondamentalement, cette modification du calendrier va supprimer la possibilité pour les étudiant.es d’avoir une seconde chance, c’est-à-dire de pouvoir recomposer un partiel. Or, le discours de la direction de la CFVU et des organisations étudiantes qui soutiennent cette suppression ne fait qu’ajouter de la confusion à la confusion.

Dans une « FAQ » envoyée à l’ensemble des étudiants de l’université le 28 février (ne laissant aucun temps au débat avant le 7 mars, jour du vote), il est affirmé que « le rattrapage est maintenu pour toutes les étudiantes […] En revanche, sa forme évolue pour le contrôle continu. […] L’épreuve finale du semestre, dite épreuve récapitulative, permet de rattraper toutes les absences et mauvaises notes obtenues au cours du semestre. »

Ce que n’ose pas dire clairement la communication officielle de la direction de la CFVU, c’est que la note de rattrapage n’en est pas une puisqu’elle compte de toute façon dans la moyenne. C’est un nouveau mode de calcul qui fait office de rattrapage, ce qui supprime la possibilité d’une réelle seconde chance.

Dans le nouveau système, toutes les UE devront délivrer au moins deux notes (aucune ne pouvant compter pour plus de 50% dans la moyenne), dont une note « récapitulative ». Dans le cas où cette note finale est supérieure à la moyenne (notes de TD + note finale), elle la remplace.

Ce système permettrait ainsi aux étudiant.es de se rattraper avec la note finale… ou pas ! Si la note obtenue à cet examen « final » est mauvaise, celle-ci tirera la moyenne vers le bas.

Cette « note récapitulative », qui est présentée comme un « rattrapage intégré » n’en n’est donc pas un ! Ce système ne saurait en aucun cas remplacer les rattrapages, c’est-à-dire la possibilité pour tous les étudiant.es d’avoir une seconde chance et de repasser une évaluation.

Une nécessité pour les étudiant.es qui, souvent à cause de leur emploi salarié, ont besoin des rattrapages pour étaler leurs révisions dans le temps et valider leur année. Selon les résultats de l’enquête que Le Poing Levé a lancé dans le court laps de temps laissé pour consulter les étudiants (en ne comptant que sur nos réseaux et sans pouvoir nous adresser aux 30.000 étudiants par mail comme le fait la direction), 52% des 1088 sondés disent en effet être dans une telle situation.

L’UNEF et l’UEC justifient la suppression des rattrapages

Cette suppression des rattrapages est permise par la loi ORE, la loi de 2018 par laquelle Macron a instauré Parcoursup et supprimé le cadrage national des licences. Cette loi permet notamment aux universités de déroger à l’organisation d’une session de rattrapage, en cas de passage généralisé au contrôle continu (c’est le cas dans la réforme actuelle du calendrier). C’est grâce à cette même loi, suivant une ligne d’application particulièrement brutale contre les étudiants, que l’université Paul Sabatier met en place ses « licences flexibles ».

A première vue, il peut donc paraître étonnant que des syndicats comme l’UNEF ou l’UEC qui se revendiquent de la défense des conditions d’étude soutiennent un tel projet. Une mesure d’ailleurs en radicale opposition avec ce que revendique l’UNEF sur son propre site affirmant demander le retour des rattrapages là où ils ont été supprimés depuis 2018, et non leur suppression là où ils existent encore !

L’UNEF et l’UEC (en fait les organisations dont fait partie le Vice-Président Etudiant) portent une argumentation fausse et tentent d’embrouiller les étudiant.es sur les mesures réellement proposées. Ainsi, dans un post Instagram, l’UEC est obligée de déformer la réalité pour défendre la mesure. « On compare la note obtenue lors des épreuves intermédiaires (première chance) et la note obtenue lors des épreuves récapitulatives (deuxième chance) puis la meilleure des deux est retenue » peut-on lire dans leur communiqué. Ce que présente l’UEC serait en effet un rattrapage. Mais ce n’est pas la mesure qui sera mise au vote. La « première chance » est la moyenne des épreuves intermédiaires ET de la note récapitulative. Encore une fois, il n’y aura pas de deuxième chance mais un calcul qui ne gardera que la note récapitulative si elle est favorable. Si elle tire la moyenne vers le bas, il n’y aura plus de rattrapages.

En plus de n’avoir pas compris la mesure (ou bien, comme la VP-CFVU de chercher à ajouter encore plus de confusion auprès des étudiant.es), l’UEC prétend que la mesure de suppression des rattrapages sert aux étudiant.es qui travaillent qui ne pourraient pas s’y rendre à cause de leur emploi. Or, comme nous l’avons souligné, de nombreux étudiant.es qui travaillent affirment avoir déjà rencontré des difficultés pour se rendre à un partiel (peu importe la session) à cause de leur emploi (36% des étudiants qui travaillent dans notre enquête). Les Régimes Spéciaux d’Etude qui peuvent permettre d’obtenir une épreuve de remplacement peuvent être une solution au problème, mais la suppression de la session de rattrapages en juin ne résout rien. Au contraire, comme nous l’avons souligné plus haut, la moitié des sondés dans notre enquête déclare même, notamment à cause de leur emploi ou de problèmes de santé, préférer pouvoir étaler ses révisions sur l’année grâce aux rattrapages.

Non à la suppression des rattrapages ! Il faut prendre le temps du débat !

Comme nous l’avons vu, la mesure n’a pas été très bien comprise, même par celles et ceux qui la défendent. L’UNEF Toulouse a préféré supprimer son poste qui affirmait que les rattrapages seraient maintenus. Ils savent en effet que ce n’est pas le cas.

La réalité est que la confusion règne partout dans l’université, parce que le débat n’a pas pu être mené pour que les différents secteurs (étudiant.es, enseignant.es, BIATSS) puissent se positionner en pleine conscience. Il s’avère que depuis le mois de septembre, plusieurs réunions d’information ont été organisées à destination des profs dans les UFR. Or, les discussions que nous avons eues ces derniers jours sur l’université avec des enseignant.es à propos de la mesure, montrent également qu’un certain nombre d’incompréhensions persiste, et notamment sur le maintien ou non d’une deuxième chance.

Pour rappel, si des documents de travail circulent et ont pu être présentés aux enseignant.es depuis la rentrée, la présentation du projet précis en CFVU n’a eu lieu que le 8 février. Le Poing Levé a rapidement communiqué aux étudiant.es par une vidéo, une enquête et un article. Cette enquête montre une large opposition des étudiant.es à la suppression des rattrapages, 79% se disant opposés.

Ce n’est que sous le coup de l’inquiétude de cette communication que la direction de la CFVU a communiqué (sa version, comme nous l’avons vu) à l’ensemble des étudiant.esle 28 février.

Le vote ayant lieu le 7 mars, nous voyons que de fait, ce projet est prévu sans consultation réelle des étudiant.es pour une mesure qui va les impacter en premier lieu !

Le Poing Levé ne cesse de critiquer l’anti-démocratie universitaire, le fait que les décisions qui intéressent toute l’université soient prises entre quatre murs dans les conseils. Nous sommes fiers d’avoir joué le rôle de lanceurs d’alerte en informant les étudiant.es. Constatons que les élu.es de la FAGE, l’UEC ou l’UNEF n’ont pris la peine de communiquer sur ce sujet (de manière erronée) qu’en réaction à la communication du Poing Levé pour faire le SAV de la direction de la CFVU, en nous accusant de mentir pour « créer un mouvement social ».

Ces organisations qui co-gèrent et accompagnent au quotidien la misère universitaire sont en effet prêtes à soutenir une mesure qui arrangera une partie des étudiants pour en sacrifier une autre, celles et ceux qui ont besoin d’une session de rattrapages en juin. Il est évident que l’organisation actuelle des rattrapages et des examens pose de nombreux problèmes : retirer le droit d’avoir une seconde chance aux étudiants ne risque pas de les régler. A l’heure de l’austérité universitaire et de la misère étudiante généralisée, à l’université, on observe que régler un problème, ne fait qu’en empirer d’autres. Empirer veut dire ici pousser des étudiants à l’échec !

C’est pour ces raisons que Le Poing Levé, la CGT-Sela, l’Union Etudiante et la CGT Ferc Sup demandent le report de la mesure de suppression des rattrapages, tout en se positionnant favorablement pour la création d’une semaine inter-semestre et l’élargissement des RSE.

En cas de passage à « marche forcée » du projet de suppression des rattrapages, Le Poing Levé se positionnera contre cette réduction des droits étudiants.

Pour poursuivre ces discussions, s’organiser entre étudiants, une réunion d’information aura lieu le mercredi 6 mars à 12h45 dans l’amphi A !


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