Avec l’interdiction des abayas, c’est sous le poids d’une offensive islamophobe que le gouvernement a placé la rentrée scolaire. Loin d’une « diversion », cette mesure marque un nouveau saut islamophobe, stigmatisant nos élèves musulmanes ou assimilées comme telles. Sa mise en application dans les établissements témoigne bien de sa dimension profondément patriarcale, raciste et répressive, les élèves racisées se voyant soumises à une véritable police du vêtement. Aux humiliations, renvois de cours et/ou des établissements, s’ajoute une intervention accrue de la police, parfois présente aux abords des établissements ou via la MPCE (« Mission de Prévention, de Contact et d’Écoute » de la police nationale).
Cette attaque islamophobe s’inscrit par ailleurs dans le contexte de répression des quartiers populaires suite aux révoltes du début de l’été ; Macron ayant notamment fait de l’école et plus précisément du « retour de l’autorité » à l’école l’un des volets de sa politique de répression et de mise au pas de la jeunesse.
Si la mesure divise au sein des travailleurs et travailleuses de l’éducation, nombreux sont celles et ceux à s’opposer à l’interdiction des abayas et au profilage raciste des élèves. Pour autant, les réactions sont restées limitées à l’exception notable de la mobilisation des collègues du lycée Maurice Utrillo (Stains), qui étaient en grève cette semaine pour dénoncer l’interdiction des abayas et le manque de moyens. Un constat qui s’explique notamment par le refus des directions syndicales du secteur de s’en saisir, se contentant de dénoncer une « diversion » masquant les « vrais » problèmes, c’est-à-dire la casse du service public, voire même de soutenir cette mesure répressive et raciste, à l’image de Sophie Binet.
Pourtant, dans l’éducation et ailleurs, les attaques autoritaires vont de pair avec les offensives néolibérales contre le service public. Ainsi, cette offensive autoritaire et raciste intervient au moment même où la casse du statut à travers le pacte enseignant et la casse de l’éducation publique s’accélèrent. La rentrée scolaire a ainsi vu s’approfondir le niveau de crise que traverse le secteur, fruit des attaques gouvernementales successives.
Dans ce sens, à Révolution Permanente, nous considérons à l’inverse, comme nous l’écrivions dans notre communiqué, qu’il est non seulement nécessaire que « les travailleuses et travailleurs de l’éducation [soient] en première ligne pour combattre la stigmatisation raciste de leurs élèves », en alliance avec nos élèves, leurs parents, par la grève et la mobilisation. Mais qu’il est aussi central d’articuler ces deux luttes, l’offensive autoritaire et raciste et l’offensive néolibérale faisant partie intégrante d’un même projet pour l’école.
Pour faire front face à cette attaque, discuter de cette rentrée et de la situation politique, venez rencontrer les militant.e.s de l’éducation de Révolution Permanente ce jeudi 14 septembre, dès 19 heures à l’Ageca, à Paris ! Le CAJ co-animera la réunion et proposera notamment des conseils et outils juridiques pour s’opposer aux exclusions, avec des courriers types et la proposition de dépôt de plaintes collectives. Venez nombreuses et nombreux.
