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Tensions sur les fronts sociaux

Algérie : le gouvernement rend « illégale » la grève des enseignants

Le gouvernement algérien traverse une crise d'autorité, notamment depuis les dernières élections où l'abstention d'opposition a dominé les scrutins. Les fronts sociaux sont mobilisés contre le gouvernement. Des médecins aux enseignants, la fonction publique enchaîne les grèves depuis quelques mois. Réponse du gouvernement : rendre la grève « illégale ».

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La contestation sociale en Algérie prend une ampleur sans précédent par rapport à ces dernières années. Engagé dans une politique d’austérité qui coupe les vivres à la fonction publique, le gouvernement s’attire la colère des médecins, des enseignants et retraités de l’armée dont le poids dans la société algérienne est important alors même que les rentiers profitent de la mansuétude du pouvoir. Face à de telles contradictions, les travailleurs algériens ont ces derniers mois répondu par la grève, souvent reconductible.

En décembre dernier-, c’est le secteur médical qui secouait le gouvernement avec la mobilisation des médecins résidents, l’équivalent des internes en médecine, protestant contre les conditions de leur service civil souvent très long et effectué dans des zones isolées et privées de tout moyens. En janvier dernier, leur grève a été déclarée « illégale » par la justice. Néanmoins, les médecins résidents n’ont pas hésité à poursuivre leur mobilisation contre le gouvernement.

Même son de cloche du côté des enseignants. Entre la dégradation des conditions de vie et des conditions de travail des enseignants, les raisons de la contestation se sont installées depuis l’autonome dernier dans le milieu de l’éducation. Parti de la collectivité publique territoriale de Blida, la contestation a progressivement gagné l’ensemble de la profession, désormais engagée dans une confrontation avec Nouria Benghabrit, la ministre de l’Éducation nationale en Algérie. Le Cnapest, syndicat autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique, a notamment appelé à une grève illimitée le 30 janvier dernier qui a été jugée illégale encore par la justice algérienne. 581 enseignants grévistes ont ainsi été radié de la fonction publique, ce qui n’a pourtant pas intimidé le syndicat qui appelle à poursuivre le mouvement.

Alors que le premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, a déclaré vendredi 16 février qu’« il est temps d’arrêter le train de l’anarchie ! » dans un véritable appel du pied à la fonction publique, notamment en direction des secteurs de la santé et de l’enseignement, on voit que la politique de criminalisation des mouvements sociaux ne prend pas. Les grèves reconductibles et la détermination des manifestants font toujours planer le spectre de la grève générale. Cette éventualité effraie le gouvernement d’autant plus que la jonction entre la santé et l’éducation nationale s’est déjà opérée par le passé. Le gouvernement Ouyahia a beau faire, il ne pourra jamais rendre « illégale » la contestation.

Photo : © Sidali Djarboub/AP/SIPA


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