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Femmes précaires, femmes en grève

Après un mois de grève, les travailleuses de Verbaudet restent déterminées face au mépris et au sexisme

Depuis plus d’un mois, les travailleuses de l’entreprise Vertbaudet sont en grève pour des augmentations de salaires. Une grève de femmes dont la détermination reste entière face au mépris patronal, aux multiples attaques pour tenter de briser la mobilisation mais également au sexisme de la direction.

Lisa Mage

21 avril 2023

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Après un mois de grève, les travailleuses de Verbaudet restent déterminées face au mépris et au sexisme

Crédits photo : CGT Tourcoing

Depuis le 20 mars, les travailleuses de l’entreprise Vertbaudet à Marquette-lez-Lille sont en grève pour des augmentations de salaires et contre leurs conditions de travail. Elles revendiquent 20 % d’augmentation de salaire pour lutter contre l’inflation.

Après un mois de conflit, avec 84 salariées en reconductible, l’impact de cette grève sur l’entreprise est conséquent : « ça travaille au ralenti, les colis n’arrivent pas » précise Manon Ovion, déléguée syndicale CGT du site. Ainsi, la mobilisation tient dans la durée malgré la violence de la direction et ses tentatives pour casser la grève, à l’image du recours à l’emploi illégal d’intérimaires. Les travailleuses tiennent bon et sont déterminées à aller jusqu’au bout. À chaque assemblée générale, la grève est systématiquement reconduite. « C’est les salariées qui choisissent de reconduire ou non » nous explique la représentante CGT. De plus, la mise en place d’une caisse de grève permet aux grévistes de limiter les pertes de salaire.

Le 11 avril, accompagnées de soutiens, les salariées de Vertbaudet avaient envahit l’entreprise pour protester contre le mépris de la direction qui, après plus de trois semaines de conflit, ne proposait toujours aucune augmentation de salaires. Une occasion pour cette dernière de criminaliser les travailleuses mobilisées en portant plainte contre elles pour « violence ». Alors même que, comme le précise Manon Ovion, « cette action était clairement pacifique, ils dénoncent une soi-disant violence, mais les violences elles viennent de leur côté, c’est eux qui nous maltraitent, qui ont des propos déplacés et qui nous sous payent ».

Les salariées du site dénoncent ainsi des conditions de travail désastreuses, avec pour l’illustrer, le fait que ces dernières marchent entre 15 et 25 kilomètres chaque jours dans l’usine. Aussi, le mépris de la direction est poussé encore plus loin lors de réunions lors desquelles direction a proposé aux grévistes de faire 20 heures de travail supplémentaires pour seulement 220 euros. « Les négociations ne mènent à rien, ils font des réunions de fin de conflit sans parler d’augmentation des salaires. On est pas dehors pour des heures supplémentaires, mais pour le changement du taux horaire » s’indigne la déléguée syndicale.

Plus grave encore, les travailleuses de Vertbaudet, dénoncent les propos sexistes tenus par le directeur logistique l’entreprise. Ce dernier avait tranquillement déclaré en parlant des grévistes : « qu’elles restent dehors, qu’elles crèvent » ou encore que « les salariés c’est comme la sodomie, si tu ne mets pas de vaseline ça coince ». Des propos insoutenables pour ces travailleuses, qui se sont plaintes de ce comportement à de multiples reprises sans que la direction ne prenne aucune mesure. « La direction le sait très bien, ils font les aveugles sur ces agissements, mais ils savent » fustige Manon avant d’ajouter : « on est des salariées, on est des êtres humains, ils nous parlent comme à des animaux et même pour des animaux j’ai plus de respect ».

Ainsi, le caractère extrêmement féminisé des salariées donne une tonalité particulière à la lutte : « On a beaucoup de femmes à temps partiel seules avec des enfants et quand tu gagnes un SMIC, avec l’inflation grandissante, ce n’est pas possible ». En effet, certaines salariées ont des contrats CVS (contrat vacance scolaire) car, trop précaire pour faire garder leurs enfants, elles doivent arrêter de travailler pendant les vacances scolaires. Manon dénonce ainsi : « On travaille déjà pour rien alors si on doit faire des crédits pour faire garder ses enfants, ce n’est vraiment plus gérable ».

Dans le contexte économique actuel, il devient vital pour ces travailleuses précaires d’obtenir des augmentations de salaires. Alors que l’inflation atteignait 6,6% en mars 2023 et que de futures offensives contre le monde du travail se préparent, telle que la loi travail, Manon précise se battre « pour que le taux horaire change, à la fois pour mieux vivre mais aussi pour les retraites ». La crise politique ouverte par la mobilisation contre la reforme des retraites combinée au contexte inflationniste laisse entrevoir une situation politique qui va continuer à être explosive. Le développement de nombreuses grèves pour les salaires en sont l’expression.

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