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Crise des pays émergents

Brésil. Petrobrás face à sa plus forte grève depuis 1995

Au Brésil, la fédération des travailleurs du pétrole (FUP) affirme qu´il n´y aura pas de pénurie de ses stocks d´essence et de gaz naturel. Mais c’est bien là la vision, très optimiste, d´une fédération historiquement liée au Parti des Travailleurs et au gouvernement de Dilma Roussef. Cependant la grève des travailleurs du pétrole, la plus forte depuis 1995, entre déjà dans son septième jour et montre que les travailleurs sont plus décidés que la FUP à s´opposer au plan de restructuration proposé par le gouvernement. {} Roland Darbant

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Privatisation, licenciements et baisse des salaires…

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La privatisation d´une partie de la production de Petrobrás, le licenciement massif des intérimaires ainsi que les baisses de salaires et des effectifs ne passe pas si bien que prévu chez les travailleurs du pétrole. Pour s´y opposer, ils se sont mis en grève depuis la semaine dernière et ont réussi à mobiliser même les services qui n´ont pas l´habitude de faire grève. Le centre national de contrôle opérationnel (CNCO), qui contrôle la logistique et la distribution du gaz naturel et qui n´avait jamais participé à une grève, s´est mis à l´arrêt ce lundi.

Même après le licenciement de quinze mille intérimaires et l´annonce de la vente d´une partie des actifs à l´entreprise japonaise Mitsui, la fédération liée au gouvernement résistait aux appels à la grève votés presque à l’unanimité dans tout le pays. Le plan du gouvernement est clair comme de l’eau de roche, mais la FUP a essayé jusqu´au dernier moment d´épargner à Dilma Roussef l’ouverture d’un nouveau front qui viendrait s’ajouter à la crise économique et politique dans laquelle elle est déjà empêtrée. Le 29 octobre, la fédération des syndicats d´opposition au gouvernement (FNP) a lancé un appel à la grève, suivi par plusieurs centres de production. La FUP n’a pas eu d’autre alternative que d’appeler également à la grève à partir du 1er novembre.

…en plein scandale de corruption

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Dans un contexte de crise économique, le gouvernement de Dilma Roussef n´épargne même pas le « chouchou » de son prédécesseur, Lula. L´entreprise nationale de pétrole est, depuis l’année dernière, au milieu d´un large scandale de corruption. Cette fois-ci, c´est à son tour d’être confrontée aux plans d´austérité. Mais, s’il y a de l’argent pour faire des gros cadeaux aux hauts fonctionnaires de la Petrobrás, les travailleurs du pétrole n´ont pas accepté que ce soit à eux de faire des économies et de voir leurs conditions de vie se dégrader.

La FUP a essayé depuis le mois de septembre de contourner ce qui semblait incontournable. Vu la taille du scandale et la crise politique à laquelle est confrontée Dilma, la FUP essaye de réduire les dégâts infligés au gouvernement par la mobilisation des travailleurs du pétrole. Au lieu de construire une vraie opposition au plan de restructuration, la FUP met en avant la vente d´une partie des actifs de Petrobrás à Mitsui. Il lui semble que les licenciements et la dégradation des conditions de vie des travailleurs sont « hors sujet ».

Un exemple à suivre pour tous les travailleurs du Brésil

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Cette grève a montré, en quelques jours, toute sa force : l´énorme majorité des centres de production sont à l´arrêt et les medias parlent déjà d´une possible pénurie. L´essence et le gaz naturel distribués depuis la semaine dernière proviennent d´un stock de production qui ne tardera pas à s’épuiser.

La fédération des travailleurs du pétrole est de fait un obstacle à cette mobilisation : elle néglige les décisions prises par les assemblés et essaye de détourner leurs revendications. Les travailleurs du pétrole ont montré qu´il est possible de dépasser les syndicalistes liés au gouvernement et aux scandales de corruption. Unifier les revendications, s´opposer au plan de restructuration dans son ensemble, lutter contre les licenciements qui ont déjà eu lieu sont les seuls moyens d’empêcher que le gouvernement ne fasse payer aux travailleurs du pétrole une crise qui n´est pas la leur. Dans un contexte marqué par l´austérité, les scandales de corruption et un tournant à droite du gouvernement, le fait que les travailleurs réussissent à imposer leurs intérêts est un bel exemple pour toute la classe ouvrière du pays.


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