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Où en est le coup d’Etat ?

Burkina. Les militaires ne désarment pas, la rue non plus.

Après le coup d'Etat du 16 septembre, c'est bien la rue qui s'est réveillée une fois de plus au Burkina Faso, pour faire respecter la première victoire engrangée en octobre dernier avec le renversement de Blaise Compaoré et d’une partie de sa clique. Avec, en filigrane, l'idée portée par les mouvements de jeunes, notamment, qu'il serait peut-être temps d'en finir avec tous ces gens qui pactisent et s'enrichissent sur le dos des travailleurs et des classes populaires burkinabés.

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Sarah Macna

Cette victoire, la Cédéao, Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest, mise en place au début des indépendances pour notamment permettre à la France de garder une emprise économique et géopolitique sur cette partie du globe, n’a pas toléré de laisser aux burkinabés. Alors que le putsch du général Gilbert Diendéré contre l’autorité de transition est décrié par le mouvement syndical et par la majorité de la population, mobilisée depuis le 16 septembre pour crier sa colère, la Cédéao a en effet proposé, « en vue de la paix », un « projet d’accord politique » favorable à la clique déchue.

Le projet de la Cédéao propose d’accorder l’amnistie à l’ensemble des militaires du RSP, la garde rapprochée de l’ancien dictateur, à l’origine du coup d’Etat, ainsi que le droit à l’éligibilité pour les proches de Compaoré. Par ailleurs, le projet propose de repousser encore un peu plus les prochaines élections, comme s’il s’agissait de laisser le temps aux partis de la classe dominante de se refaire une santé après les manifestations qui reprennent dans tout le pays. La France, par la voix de François Hollande, soutient bien évidemment ce projet, à l’opposé des revendications des travailleurs et classes populaires burkinabés.

« A bas la Cédéao », ont crié les manifestants ce week-end. Dans la sous-région, cela sonne comme un désaveu profond des promesses d’une intégration régionale « démocratique » et « sur la voie de l’émergence », dont Blaise Compaoré était d’ailleurs l’un des symboles. Ce slogan fait enfin tomber le masque de cette communauté d’Etat n’ayant permis qu’à servir de façade démocratique et à retranscrire dans les faits la politique des impérialistes.

A 19h30, lundi soir, selon RFI, l’armée des forces loyales au régime de transition et celles du RSP se faisaient face dans les rues de Ouagadougou. Le général Diendéré a beau avoir promis dans la soirée son acceptation du projet d’accord politique et sa volonté de libérer le premier ministre, Isaac Zida, toujours retenu en otage, et de remettre le pouvoir aux autorités civiles de transition, il semblerait que l’on s’avance vers un affrontement armé au cœur même de la capitale.

Ces affrontements pourraient être en partie poussés par les manifestations populaires qui désavouent la Cédéao au profit de l’armée, cette dernière bénéficiant depuis les années Sankara d’une forte aura symbolique. A une centaine de kilomètre de la capitale, à Koudougou, les militaires loyalistes ont été accueillis par une foule en liesse. Le fantôme du révolutionnaire en treillis, Thomas Sankara, veille encore. On aurait pourtant bien l’impression que les classes populaires burkinabées semblent prêtes à en découdre d’elles mêmes, comme en témoigne le pillage du domicile de Diendéré à Yako, ou bien ce communiqué du syndicat étudiant UGEB (Union Générale des Etudiants Burkinabés) qui lance un appel « aux étudiants stagiaires en médecine et en pharmacie (...) d’aider à la prise en charge des blessés de la répression du RSP », alors que, formellement, l’appel à la grève générale lancé par le mouvement syndical burkinabé cour toujours. La rue reste donc en éveil, et les jours qui viennent témoigneront certainement de la volonté radicale des classes populaires burkinabées à prendre en main leur destin, contre l’impérialisme et ses relais locaux.


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