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Education Nationale

Courrier aux syndicats de l’éducation : les personnels du lycée Utrillo appellent à construire la riposte !

Mobilisés et en grève à la rentrée pour dénoncer le manque de moyens et l’interdiction du port de la abaya, les personnels du lycée Utrillo de Stains ont adressé une lettre ouverte aux syndicats de l’Éducation nationale. Objectif : les appeler à jouer leur rôle pour organiser et coordonner les luttes, en construisant de véritables grèves et mobilisations.

Tristane Chalaise

27 septembre 2023

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Courrier aux syndicats de l'éducation : les personnels du lycée Utrillo appellent à construire la riposte !

Crédits photo : compte Twitter @Utrilloenlutte

Manque de moyens, d’enseignant-e-s et de personnels, sureffectifs, mise en place du Pacte et nouvelle offensive islamophobe du gouvernement avec l’interdiction du port de la abaya : la rentrée 2023 s’est ouverte sur un approfondissement de la crise dans l’Education nationale. Dès la rentrée, le lycée Utrillo de Stains (Seine-Saint-Denis) s’est fortement mobilisé. Dans une lettre ouverte publiée lundi 25 septembre, ses personnels en appellent aux syndicats pour les inviter à entrer - enfin - dans la bataille.

Interpeller les organisations syndicales pour un plan de bataille et des mots d’ordre offensif

Dans leur « Lettre ouverte à nos syndicats », les personnels du lycée Utrillo soulignent que « le potentiel de mobilisation est grand, mais nous n’avons pas les ressources depuis nos lycées pour orchestrer [l]e grand combat nécessaire ». C’est pourquoi ils en appellent aux syndicats pour mobiliser « derrière des mots d’ordre offensifs, afin de conquérir des conditions de travail dignes au service de l’émancipation de nos élèves ». Contre la division syndicale, la lettre précise la nécessité d’agir de façon unitaire, tout en soulignant qu’« il est impératif de coordonner des journées de grèves et d’actions d’envergure nationale ».

Sous le mot d’ordre « Plus de moyens pour nos élèves. Non à leur stigmatisation », les personnels mobilisés d’Utrillo appellent les organisations syndicales à construire un plan de bataille offensif, en portant des revendications à la fois économiques, sur les moyens et conditions de travail, mais aussi anti-racistes et anti-islamophobes, en demandant la fin de l’interdiction des abayas et des qamis. Des revendications d’autant plus liées que, comme le souligne la lettre ouverte, « l’interdiction du port de l’abaya et du qamis à l’école et la dégradation continue des conditions d’apprentissage des élèves des quartiers populaires sont les témoins d’une progression de l’idéologie néolibérale et de celle de l’extrême droite dans notre société et notamment à l’école ».

Des personnels en grève à la rentrée, à l’initiative d’un premier rassemblement

L’appel aux syndicats de l’Éducation nationale intervient suite à plusieurs journées de grèves et de mobilisation au sein du lycée. Dès la rentrée, 70 % des personnels du lycée Utrillo étaient ainsi en grève pour exiger des moyens pour l’école et contre l’interdiction du port de la abaya. Le lycée est ainsi l’un des rares établissement à s’être mobilisé à la fois contre les offensives sur le service public d’éducation et contre l’offensive islamophobe du gouvernement, dans un contexte où la répression se fait de plus en plus forte.

Les personnels grévistes d’Utrillo ont par ailleurs été à l’initiative d’un rassemblement inter-établissements et intersyndical devant le ministère de l’Éducation nationale. Tentant de faire entendre des revendications qui concernent l’ensemble du secteur – ce dont ont témoigné les différentes interventions – et de rompre l’isolement des écoles, collèges et lycées en lutte, le lycée Utrillo a montré la voie à suivre pour s’organiser contre les attaques d’Attal et de Macron.

Une démarche dans laquelle les organisations syndicales se sont impliquées à l’échelle de l’établissement, mais se sont montrées en retrait au niveau local et national, alors même que, comme le souligne la lettre ouverte, elles sont en capacité d’organiser la lutte. On peut ainsi souligner que Sud Éducation, mais aussi certains secteurs de la CGT Educ’Action et de la FSU, présents au rassemblement du 13 septembre, ont affiché des positions similaires à celles de grévistes d’Utrillo. Au-delà des démonstrations de soutien, la lettre ouverte leur demande ainsi de jouer leur rôle d’organisateur et de coordinateurs des luttes.

Face aux attaques du gouvernement Macron, appeler à un mouvement d’ensemble et à un véritable plan de bataille

Comme le souligne la lettre ouverte : « Nous ne pouvons que perdre et nous épuiser si nous continuons à nous battre en ordre dispersé ». Ainsi, il est nécessaire, comme les personnels mobilisés du lycée Utrillo y appellent, que les directions syndicales cessent de jouer le jeu du dialogue social pour jouer enfin leur rôle auprès du monde du travail, en portant nos revendications et en organisant, coordonnant et massifiant nos luttes. Appelée par les organisations syndicales à l’échelle européenne, la date du 13 octobre peut en cela être un point d’appui – si elle dépasse le cadre de la traditionnelle journée de mobilisation sans lendemain de la rentrée.

Pour cela, nous devons y imposer des mots d’ordre qui dépassent le flou artistique, que ce soit pour l’école, pour les services publics, mais aussi pour les salaires et contre les offensives racistes et réactionnaires en cours, et exiger un véritable plan de bataille. En effet, l’école reproduit ce qui se passe dans le reste de la société, où les politiques d’austérité renforcent la pauvreté et la précarisation, dans un contexte où l’inflation fait encore baisser les salaires réels – tout en n’empêchant pas les profits d’atteindre des records. En renforçant le racisme et l’islamophobie, par ses mesures et ses lois ciblant les musulman-e-s à l’école et les migrant-e-s vers la France, le gouvernement joue le jeu du diviser pour mieux régner et tente de leur faire porter la responsabilité des crises en cours.

Tout en demandant des moyens pour l’école, pour les services publics, il est ainsi nécessaire de construire un mouvement d’ensemble, qui porte des revendications touchant les secteurs. Exigeons des moyens pour les services publics, et pour tou-te-s l’augmentation des salaires, des pensions et des minima sociaux à hauteur de 400 € et leur indexation sur l’inflation. Et parce que politique néolibérales et réactionnaires vont main dans la main, exigeons l’abrogation de toutes les lois racistes et islamophobe, de l’interdiction de l’abaya à la loi immigration, l’ouverture des frontières et la régularisation de tout-e-s les sans-papiers.

Retrouvez la lettre ouverte complète ici :


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