Mardi matin, à Paris, la police a ouvert le feu sur une femme, la blessant grièvement. Après plusieurs signalements de voyageurs, la femme, qui porte le voile intégral, a été sortie du RER C par la police à la station bibliothèque François Mitterrand. Elle criait dans le RER des propos désordonnés à propos d’attentats. Le Parisien rapporte ainsi qu’elle criait « boum » ou encore « vous allez tous y passer, Allahou akbar ». Après l’évacuation de la station, la passagère a été isolée par les forces de police. Deux policiers, appartenant à la BAC 15 selon Le Parisien, lui ont alors tiré dessus à sept ou huit reprises pour avoir « refusé d’obtempérer » et menacé « de se faire exploser ».

Une fois au sol, la femme a été évacuée à l’hôpital dans un état grave. Il a alors été confirmé que la victime ne portait sur elle ni armes, ni explosifs. Bien que son identité ne soit pas encore confirmée, elle serait âgée de 38 ans et aurait déjà été hospitalisée en psychiatrie, après avoir menacé avec un tournevis des militaires de l’opération Sentinelle. A l’époque, « souffrant manifestement de troubles psychiatriques, elle avait été internée », a précisé le préfet de police de Paris.

Si le prétexte de « lutte anti-terroriste » est invoqué, la notion de « refus d’obtempérer » est une nouvelle fois en question. C’est ce que relate Le Parisien : « Il est 8h50, quand la brigade cynophile et le déminage arrivent sur place et commencent à examiner la situation. Mais à 9h18, la femme se lève et refuse d’obéir aux injonctions ». Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris, a précisé lors d’une conférence de presse que la femme « s’est dirigée vers les fonctionnaires de police ». Des déclarations qui, en raison de l’absence d’armes ou de bombes, et alors que le profil de la victime pointe des problèmes de santé mentale, tendent à mettre au premier plan le « refus d’obtempérer » pour justifier des tirs policiers.

Quelques mois après le meurtre de Nahel, et dans un contexte de « lutte anti-terroriste », ces tirs policiers viennent mettre une nouvelle fois au premier plan le « refus d’obtempérer », qui constitue un véritable permis de tuer. Ils s’inscrivent dans la surenchère gouvernementale et son offensive islamophobe, qui, en amalgamant les musulmans aux terroristes, attisent les tensions et ont des conséquences sur la vie des personnes musulmanes ou assimilées comme telles. Ainsi, il s’agit une fois encore d’exiger la justice et la vérité dans cette affaire, comme pour toutes les victimes de violences policières, ainsi que l’abrogation immédiate de toutes les lois racistes et sécuritaires.