Ce lundi 7 mai, les six syndicats de France Inter (CGT, CFDT, FO SNJ, SUD, Unsa) ont posé un préavis de grève pour le dimanche 12 mai. Cette grève fait suite à la mise à pied de Guillaume Meurice le 2 mai dernier pour avoir réitéré sa blague sur le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.
Lors d’une chronique fin octobre, l’humoriste avait décrit Netanyahou comme « une sorte de nazi sans prépuce », ce qui avait valu une mise en garde de l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle) à Radio France. Une plainte avait même été déposée par l’Organisation Juive Européenne et Avocats sans frontières qui a finalement été classée sans suite le 22 avril par le parquet de Nanterre. Bien qu’il ait été blanchi par la justice, Meurice est tout de même menacé de sanctions disciplinaires pouvant aller jusqu’au licenciement. C’est une attaque évidente de la direction de Radio France et derrière elle du gouvernement sur la liberté d’expression et de critique sur les ondes publiques.
L’intersyndicale de France Inter dénonce cette tentative de censure et demande « la défense du personnel contre toute forme de pression ou de dénigrement extérieur », « la préservation de l’identité et de la singularité de ses chaînes » et « la résorption de la précarité sur ses antennes. » L’humoriste a aussi reçu le soutien du reste de l’équipe de l’émission de Charline Vanhoenacker, le Grand dimanche soir, où il avait présenté la chronique qui lui est reprochée. Dimanche dernier, ses collègues ont réaffirmé leur soutien à Meurice et l’humoriste Djamil le shlag a annoncé sa démission en direct dénonçant le double discours de la direction de France Inter : « La justice a classé sans suite la blague de Guillaume. Mais la direction l’a quand même puni. C’est le contraire d’Eric Zemmour. Lui, il est multirécidiviste condamné, mais sa chaîne le soutenait en fait. Ok, en fait, il y a plus de liberté d’expression sur CNEWS que sur France Inter ! Non mais les gars, je vais envoyer mon CV à Pascal Praud. » Et de poursuivre : « La direction, ils sont là : « Oui, nous, tu comprends, c’est l’esprit Charlie, on va titiller les interdits ». Mais on va rien titiller du tout, même quand c’est autorisé. Tu fais une vanne, on veut te virer. »
Les syndicats appellent aussi à la mobilisation contre la « casse sociale » de la station, la direction prévoyant de supprimer certaines émissions et reportages sur l’écologie estimés trop « anxiogènes ». Ils posent la question du pluralisme dans les nouveaux aménagements de grille, déplorant les coupes budgétaires sur tout ce qui est « estampillé de gauche ». Cela s’accompagne d’une réforme de l’audiovisuel public proposée par la ministre de la Culture Rachida Dati, qui prévoit une fusion de France Radio et France Télévision. Les syndicats appellent d’ores et déjà à une grève le 23 et 24 mai, date du passage de la proposition de loi de la ministre de la Culture devant l’Assemblée nationale. Les attaques austéritaires du gouvernement vont de pair avec la mise au pas des humoristes et la répression qui a cours actuellement dans le pays.
Pour tous ceux qui se sont vus attaqués, qui ont été mis en garde à vue, licenciés ou condamnés pour avoir dénoncé le génocide, ceux qui ont refusé de faire « silence radio » face au génocide, nous devons faire front. Et cela doit passer par une réaction des organisations du mouvement ouvrier pour mettre un stop, par la grève, à l’offensive autoritaire en cours.