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Santé

Grève de la pédiatrie au CHU de Bordeaux : « on ne gère pas la santé comme une entreprise »

Triple épidémie, conditions de travail toujours plus dégradées... Face « au ras-le-bol, »le service de réanimation pédiatrique du CHU de Bordeaux ne lâche pas la grève entamée le 26 décembre.

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Crédits photo : Révolution Permanente

La grève au service de réanimation pédiatrique de l’Hôpital Pellegrin se poursuit à Bordeaux. Depuis le 26 décembre, le personnel revendique son droit à travailler dignement. Alors que le manque de moyens et d’effectifs se fait sentir depuis plusieurs années, l’épidémie de bronchiolite précoce cet hiver n’a fait que mettre en lumière la situation dans le service d’urgences pédiatriques. « Les épidémies consécutives ont augmenté la charge de travail et la fatigue ambiante. Cette lutte est le résultat d’un ras le bol : on ne peut plus assurer les soins aussi bien qu’on voudrait les faire », nous explique Stéphanie, infirmière.

Le 10 janvier, un rassemblement était organisé devant l’Hôpital regroupant une vingtaine de personnes, action soutenue par le syndicat Sud Santé Sociaux. D’après une infirmière « entre 60% et 80% des salariés du service » étaient en grève. Ces derniers revendiquent des ouvertures de postes notamment à l’accueil : « à chaque fois nous sommes obligés de sortir du soin en cas de nouvel arrivant » raconte Stéphanie. Aussi, ils demandent à ce que les transmissions (les comptes-rendus des informations médicales du patient) soient comptées dans le temps de travail soit « 15 à 30 min de travail supplémentaire non rémunéré par jour ». De plus, il demandent plus de souplesse sur les horaires de travail. En effet, « le régime mixte est maintenant imposé. Nous sommes obligés de faire six mois de jour et six mois de nuit. Ce n’est pas supportable physiquement pour tout le monde ».

La grève hospitalière est d’autant plus difficile en raison des assignations mises en place par la direction, qui obligent le personnel soignant à assurer un service minimum. Même en grève, les soignants doivent continuer à travailler. La direction n’a pas donné de réponse positive aux revendications, et des négociations sont toujours en cours.

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Alors que le 6 janvier Emmanuel Macron présentait son plan santé, l’hôpital s’enfonce toujours plus dans une crise profonde. Le plan du gouvernement n’a annoncé aucune mesures sérieuses quant à l’amélioration des conditions de travail, mais seulement quelques maigres embauches promises d’ici 2024 et une attaque contre les 35 heures. Quant aux salaires, aucune augmentation n’a été évoquée, le chef de l’État ne proposant seulement des logements réservés au personnel de l’hôpital avec des loyers abaissés.

En somme, ces solutions ne répondent pas aux problèmes. Une énième déception pour les soignants qui se retrouvent à nouveau seuls face à la gravité de la situation : «  On nous a promis beaucoup de choses, mais nous n’en voyons pas la couleur. Nous demandons du personnel, on nous répond avec des chiffres. Mais on ne gère pas un hôpital comme une entreprise ».

Depuis des années, les réponses apportées par le gouvernement apparaissent davantage comme des caches-misères plutôt que comme de réelles solutions face à la colère du personnel hospitalier qui enchaîne les grèves partout en France et dans tous les services. À cela, s’ajoute l’attaque du gouvernement pour nous faire travailler toujours plus, occasionnant un rejet massif incarné dans la première journée de grève du 19 janvier. Cette dernière peut être un point de départ pour imposer un rapport de force au gouvernement et le faire reculer sur sa réforme, mais aussi obtenir des moyens pour les services publics, l’augmentation des salaires et l’amélioration des conditions de travail.


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