×

INSEE : la « résistance » de l’économie française à la crise peut-elle vraiment durer ?

N’en déplaise au gouvernement, l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques finit l’année sur une note de conjoncture positive et relativement confiante pour 2016 : non seulement, l’INSEE table sur une légère amélioration du taux de croissance sur les deux prochains trimestres - soit 1.4% en 2016 contre 1.1% pour l’année 2015 - mais également sur une baisse du taux de chômage d’ici mi-2016. Réelle annonce ou nouvelle incantation en faveur « de l’inversion de la courbe du chômage » sur laquelle mise Hollande pour les prochaines élections présidentielles ? Yano Lesage

Facebook Twitter

Le père noël a pris quelques jours d’avance pour le gouvernement : l’Insee s’est chargé d’apporter les cadeaux en publiant une note de conjoncture s’intitulant la « résistance » pour décrire l’état de l’économie française face à la crise. Avec des prévisions de reprises au premier et au second semestre de l’année 2016, la croissance française en 2016 pourrait bien dépasser celle de 2015. Une progression somme toute relative – + 0.4 point – qui aurait pour conséquences des créations nettes d’emplois (+75 000). Sans constituer un rebondissement profond, elle suffirait cependant, sur le papier, à faire reculer les chiffres du chômage (-0.2 point sur le premier semestre), de quoi faire pousser un grand « ouf », à l’exécutif, qui déjà se gargarise de cette bonne nouvelle.

A analyser de plus près, il faut bien retenir les quelques ombres au tableau que relève l’Insee : d’abord celle d’une absence de reprise dans les pays émergents pour lesquels la crise s’approfondit. Ensuite l’élément largement conjoncturel d’un alignement de la parité euro-dollar, grâce à la remontée des taux directeurs américains. Enfin, les aléas géopolitiques et les risques d’attentat qui pourraient bien enrayer ce pronostic de reprise d’une croissance dont les bases reposent sur un maintien de la demande au sein de l’Union européenne. Tout cela entache largement le scénario d’une reprise durable et solide.

Il faut également soulever que cette croissance est à mettre sur le compte d’une restauration des taux de marges et de la compétitivité des entreprises françaises qui ont su profiter des exonérations de cotisations, notamment dans le cadre du Crédit Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi. Le CICE revient à faire peser davantage le financement de la Sécurité Sociale sur les salariés et a pour contrepartie un rabotage progressif des prestations sociales, à grand coup de réformes (retraite en 2013, puis retraite complémentaire en 2015) : bien évidemment, le délai d’application de ces réformes décalent à quelques années leur impact négatif sur la demande, invisible à court-terme. Une détérioration des revenus des ménages est cependant à prévoir à plus long-terme.

Enfin, autre ombre au tableau : l’INSEE s’intéresse de près au chiffre du chômage, sans pour autant relever l’évolution des taux d’activité. Or, en période de crise prolongée, il est généralement admis que le taux d’activité ( population occupant un emploi ou en recherche d’emploi) tend à décroître – les critères resserrés du BIT de recherche actif d’emploi, de disponibilité à prendre à emploi, ainsi que celui de n’avoir pas travaillé une heure durant la semaine de référence mettent de côté beaucoup de chômeurs découragés et/ou radiés des dispositifs de recherche d’emploi – ce qui fait irrémédiablement baisser le nombre de chômeurs (calculé sur la base de la population active). Pour autant, une légère reprise économique peut également conduire à un retour sur le marché du travail et de la recherche d’emploi de ces chômeurs sortis des compteurs en passant du côté de l’inactivité. Attirés par le regain des créations d’emploi, la conversion de ces « inactifs » en « chômeurs » pourrait également faire remonter le nombre de demandeurs d’emplois. L’optimisme de l’INSEE mérite donc d’être nuancé, surtout au regard de la dégradation continue des conditions d’emploi depuis 2008 : y compris si la conjoncture tient ses promesses, les chiffres restent somme toute bien modestes (- 0.2 point de pourcentage).


Facebook Twitter
Tribune. Stop à la criminalisation du soutien à la Palestine !

Tribune. Stop à la criminalisation du soutien à la Palestine !

Surveillance olympique : des centaines de milliers de parisiens seront contrôlés par QR Code

Surveillance olympique : des centaines de milliers de parisiens seront contrôlés par QR Code

Toulouse. 33 organisations appellent à se rassembler contre la criminalisation du soutien à la Palestine

Toulouse. 33 organisations appellent à se rassembler contre la criminalisation du soutien à la Palestine

Nouveaux dispositifs policiers et surveillance accrue : l'offensive sécuritaire se déploie à Brest

Nouveaux dispositifs policiers et surveillance accrue : l’offensive sécuritaire se déploie à Brest

« Sciences Po a le droit d'évacuer » : Glucksmann soutient la répression des étudiant·es pro-Palestine

« Sciences Po a le droit d’évacuer » : Glucksmann soutient la répression des étudiant·es pro-Palestine

Simplification administrative : des annonces creuses qui préparent des offensives d'ampleur

Simplification administrative : des annonces creuses qui préparent des offensives d’ampleur

Solidarité ! Un militant BDS convoqué à Montpellier après la plainte d'un sénateur PS

Solidarité ! Un militant BDS convoqué à Montpellier après la plainte d’un sénateur PS

Durée d'allocation, durcissement des règles : Attal précise son offensive contre l'assurance chômage

Durée d’allocation, durcissement des règles : Attal précise son offensive contre l’assurance chômage